Il n’existe pas de réglementation mondiale en termes de cosmétiques. Toutefois, depuis le 1er mai, la Suisse s’aligne sur le Règlement 123/2009 de l’Union européenne, «soit la législation la plus stricte du monde, souligne Mildred, fondatrice de la marque valaisanne Belle Luce. C’est pour le bien du client, et cela va faire de l’ordre dans des produits qui pourraient ne pas être conformes, potentiellement dangereux… Mais c’est exigeant.» En effet, un Dossier d’Information Produit (DIP) est désormais requis, avec description de l’objet, méthode de fabrication, déclaration de conformité, rapport de sécurité.
«Entre la complexité des tests et les documents à fournir pour monter le dossier, c’est un véritable défi pour une micro-entreprise», explique Lucienne de Sélène Cosmétique. La marque genevoise, elle, continue «malgré un aspect financier rédhibitoire. A cause de cela, beaucoup mettent la clé sous la porte.» On raconte qu’il faut sortir jusqu’à 3200 fr. pour un produit complexe. Pour grappiller quelques francs, certains lorgnent ainsi du côté de la France, à l’image de Belle Luce – alors même qu’elle sacrifie déjà une partie de sa gamme, faute de budget.
Payer moins cher le DIP, voire la marchandise, à l’étranger, augmenter les prix des articles, oublier le sur-mesure: des conséquences que Noura, de Vrac Boulevard, épicerie durable de Villars-sur-Glâne (FR) aux nombreux cosmétiques faits maison, voit poindre. A contrecoeur, Mildred s’imagine d’ailleurs abandonner plusieurs partenaires locaux, «comme l’apiculteur bio vaudois et sa cire d’abeille utilisée en guise d’opercule qui, malheureusement, n’a pas les moyens d’avoir les fiches de sécurité requises.» Un coup au moral et au local.