Cosmétiques
Non, les shampoings «réparateurs» ne réparent pas
Ce type de produit ne soigne pas la fibre capillaire. Au mieux, il maquille les outrages qu’on lui fait subir. Comparaison: douze shampoings en test.
Archive · 30 avril 2019

Lionel Cretegny
Responsable Tests comparatifs
Brossages, lavages, colorations, décolorations, permanentes, lissages, séchages, ultraviolets… Les cheveux malmenés ont de quoi faire grise mine: trois quarts des femmes auraient une chevelure en mauvais état. Alors, un shampoing à la formule dédiée peut-il vraiment les réparer? Peut-on se fier à des promesses telles que «réparation précise de la structure capillaire» (Schwarzkopf) ou «vita-ciment+sève de résurrection» (Kérastase)? C’est ce que nous avons cherché à savoir pour ce test effectué avec nos confrères français d’UFC-Que Choisir.
Ne coupons pas les cheveux en quatre, la réponse est non. Christine Lafforgue, dermo-pharmacologue et maître de conférences à l’Université de Paris-Sud, l’explique: «La seule chose qu’un shampoing puisse faire, c’est de gainer le cheveu. Il ajoute donc une couche pour obtenir un aspect brillant et un toucher lisse.» Et pour cause: le cheveu est en réalité une structure morte que rien ne peut réparer. «Ces produits vont apporter des protéines – souvent d’origine animale provenant notamment de la laine – et des tensioactifs, qui vont permettre aux protéines de s’accrocher au cheveu.» En clair, il s’agit davantage d’un maquillage de surface que d’une action «au coeur de la fibre pour reconstruire en profondeur sa matière» comme on le lit pourtant sur l’étiquette du shampoing Phyto, dernier du classement. Aussi, parce que ces douze shampoings induisent l’utilisateur en erreur, nous les avons tous pénalisés dans la rubrique «Etiquetage».
Les coiffeurs les aiment
Au-delà des belles phrases élaborées par des services de marketing – et non des laboratoires scientifiques! –, que valent ces shampoings d’un point de vue cosmétique? Les tests de lavage, effectués sur des mèches salies à l’aide d’une boue artificielle (sébum et pigments colorés) s’avèrent concluants. Chaque produit élimine radicalement la crasse, c’est déjà ça!
Et qu’en pensent les coiffeurs et leurs clientes? Pour le déterminer, nous avons fait appel à des professionnels ainsi qu’à 188 femmes dont la chevelure est abîmée. Ils avaient à évaluer l’utilisation et l’efficacité des shampoings à l’aveugle. Les coiffeurs ont donné leur avis sur les effets du soin, c’est-à-dire le démêlage, le brossage et la souplesse du cheveu, la brillance et l’effet anti-électrostatique. Cette tâche donne vraiment satisfaction aux professionnels: les cheveux se démêlent et se coiffent facilement, ils reviennent en place si on les ébouriffe.
Les utilisatrices un peu moins
Par ailleurs, chaque produit a été utilisé et jugé par 30 femmes. Après trois applications en une semaine, elles ont répondu à un questionnaire sur la texture, la mousse, le parfum, la sensation de propreté, l’aspect des cheveux, la facilité de coiffage et l’effet antiélectrostatique. Le verdict de ces dames est plus sévère que celui des coiffeurs, même si elles jugent qu’une grande majorité des shampoings semblent améliorer l’état de leur chevelure abîmée. A trois exceptions près: les références Lavera, Phyto et Weleda ont moyennement, voire pas convaincu.
Au niveau des dangers sanitaires, la présence de perturbateurs endocriniens dans la moitié des produits et d’allergènes est problématique et a un effet limitant sur la note finale. Mais s’agissant de produits qui se rincent, le risque pour la santé en est du coup diminué. Si l’on excepte les allergènes, les compositions des produits Shwarzkopf, Klorane et Weleda sortent du lot. Dommage que ce dernier soit pénalisé par son emballage trop volumieux (ci-contre) et sa texture peu convaincante.
Cet article est paru dans le magazine FRC Mieux choisir sous le titre: «Allégations tirées par les cheveux»
Durabilité: pas ultradoux pour l’environnement
Les produits rincés finissent dans les eaux usées. Si les composants ne se dégradent pas au contact de l’eau et de l’air ou s’ils ne sont pas stoppés par les stations d’épuration, ils finissent dans les milieux naturels. Pour limiter la présence de micro-polluants, autant privilégier des cosmétiques qui en sont exempts. Dans la note environnementale, nous avons donc pénalisé la présence de conservateurs qui, en détruisant les bactéries, sont susceptibles de générer des déséquilibres dans le biotope. Certains émulsifiants et tensioactifs, des allergènes, des dérivés du pétrole, dont les PEG, ainsi que des colorants peu biodégradables ont aussi été traqués.
L’autre impact sur l’environnement concerne la quantité et la qualité de l’emballage rapportées au volume du produit. Sur ce critère, les flacons Phyto et Weleda se distinguent négativement dans notre évaluation. A quand des produits bio, cosmétiques et alimentaires, prenant en compte la durabilité des emballages?
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