7.3.2023, Laurence Julliard
Le mail art, ou l’art posté, est une forme de correspondance qui réunit créativité, techniques antigaspi, maintien du courrier postal et, l’essentiel, qui offre de l’émotion et du lien social.
Renoncer à la papeterie du commerce? La bonne idée! Il y a plus chouette à faire. La démarche oscille entre activité créative et upcycling de matériaux qui s’entassent à la maison. Chute de moquette et de carton, vieux bouquin, coupure de presse, bout de ficelle, agrafe, photo de famille, souvenir de poche, tricot, cuillère, tong. On pourrait continuer l’inventaire, tellement les possibilités sont infinies. Utiliser ces petits riens pour s’amuser plutôt que de les jeter ajoute un zeste de satisfaction en plus. L’esprit antigaspi, comme on l’aime à la FRC! Ajoutons encore feutre, cutter et colle pour que ce joyeux bazar prenne forme… Dernier élément essentiel à choisir avec soin: le timbre, évidemment.
Car pour s’élever au rang de mail art – art posté ou timbré, l’œuvre en devenir doit répondre à trois critères impératifs. Elle doit être affranchie, dûment adressée et glissée dans une boîte aux lettres jaune. Ensuite, l’expéditeur laisse sa correspondance vivre au gré du hasard (tout n’arrive pas toujours à bon port ni en bon état). Et aussi à la merci de la bonne volonté des services postaux qui voudront bien l’acheminer, malgré un format non réglementaire.
C’est en effet parce que le facteur distribue ce courrier qu’une création a valeur d’œuvre artistique. Quitte à ce que FRC Mieux choisir se voie attribuer un bonnet d’âne par La Poste pour appel au crime et surcroît de travail occasionné au centre de tri, on affirme que casser les codes devient addictif: non, le timbre ne doit pas obligatoirement aller en haut à droite et l’adresse juste en dessous!
Si tout cela vous paraît saugrenu, sachez que l’Espace des Inventions, à Lausanne, consacre tout ce printemps une exposition au mail art. L’occasion de découvrir ainsi toute la richesse de cet artisanat ludique et loufoque. Un coin atelier permet à ceux dont les doigts démangent de se mettre à l’ouvrage immédiatement. Les plus timides se laisseront guider par l’équipe d’animateurs qui les accompagnera avec le matériel à disposition pour confectionner un premier message. Mais gare, le virus s’attrape facilement!
Comme une thérapie
Il ne s’agit pas que de décorer une enveloppe ou de fabriquer un support. Certes, le moment de création représente une parenthèse pour soi, laisse de la place à l’imagination. Loin des messages virtuels, on retrouve le contact avec la matière et on apprivoise le temps différemment. Car il en faut pour coucher sur le papier tout plein de jolies intentions. Au-delà, c’est surtout développer le goût de communiquer autrement. Avec ses proches ou en rejoignant un des nombreux réseaux d’adeptes (en ligne!) de mail art de tous âges et de tous bords. Ceux qui passeront par l’exposition de la Vallée de la Jeunesse auront tout loisir de s’inspirer des travaux de personnalités locales et d’artistes renommés. Ou de se lancer un défi: une lettre à paillettes, pourquoi pas.
À Pâques, troquez le lapin en choc contre un mail art, c’est bon et digeste!