9.5.2023, Laurianne Altwegg, Jean Busché, Rebecca Eggenberger, Yannis Papadaniel, Jean Tschopp
Après une inflation déjà soutenue, la hausse des prix s’accentue avec une nouvelle augmentation sur l’année en cours de pratiquement 3%. La FRC livre ses conseils pour certains postes, quand il reste des moyens d’action.
Après un an de hausse des prix avec des augmentations particulièrement marquées pour certains biens nécessaires voire vitaux (près de 3% entre 2022 et 2021 sur la seule base de l’IPC, l’indice des prix à la consommation), la spirale inflationniste monte d’un cran. Entre hausse des matières premières, de l’énergie ou des transports et pénurie de certains matériaux, des entreprises se servent désormais de ces arguments pour justifier le coût d’acquisition de biens et services dans un avenir plus ou moins court. Le budget du ménage est de plus en plus complexe à gérer.
3990 fr., soit le seuil en dessous duquel une famille de 4 personnes est considérée comme pauvre.
TÉLÉCOMS
Swisscom modifie ses conditions générales de vente (CGV) et met sa clientèle devant le fait accompli en révisant ses prix «en fonction de l’inflation». L’entreprise de télécommunications se basera donc sur l’indice des prix à la consommation (IPC), qui est une méthode de mesure du renchérissement du coût de la vie, pour augmenter ses prix, contribuant derechef à l’inflation. Sunrise UPC imite Swisscom dans la modification de ses CGV. Ne reste que Salt qui ne suit pas encore ces mauvais exemples. Les consommateurs se retrouvent pris en otage par une clause mesquine, alors que la Suisse se place dans le quart des pays les plus chers de l’OCDE sur le plan de la téléphonie mobile. Raison pour laquelle aussi la FRC a écrit aux opérateurs leur demandant de renoncer aux «clauses IPC».
Conseil | Si vous ne réagissez pas d’ici au 31 mai, ces nouvelles conditions générales vous seront opposables. Si vous les refusez, indiquez-le clairement – et par écrit – en réponse au courrier ou à l’e-mail reçus de Swisscom. Il s’agit de modifications essentielles qui ne devraient pas vous être imposées sans votre accord en cours de contrat.
ALIMENTATION
La hausse des charges dites «incompressibles» a déjà conduit de nombreux ménages à réduire le budget courses. Les augmentations, constatées aussi sur les produits à bas prix, ont une influence directe sur les habitudes d’une clientèle qui se détourne de certaines denrées telles qu’aliments bio, viande ou huile d’olive, devenus des produits de luxe. Autre phénomène inquiétant, le contexte pousse maintenant des familles vers une précarité nouvelle: récemment, Caritas annonçait une fréquentation inédite de ses épiceries solidaires. La FRC est très attentive à cette situation et se bat pour davantage de transparence dans la formation des prix et pour que les produits de base ne deviennent pas un luxe.
Conseil | Réduire au maximum le gaspillage alimentaire, notamment en adaptant ses achats à ses besoins et en appliquant les bonnes méthodes de conservation. Faire baisser le coût des postes les plus onéreux, comme remplacer la viande par des légumineuses et supprimer les boissons en bouteille. Enfin, privilégier les produits bruts et de saison.
77%, soit le coup d’accélérateur subi par les fruits et légumes. Globalement, le prix de toutes les denrées est monté en flèche.
LOGEMENT
En 2022, Homegate a annoncé une hausse moyenne des loyers très élevée (2,8%). Le taux d’intérêt directeur de la Banque nationale suisse passe à 1,5%. Certains bailleurs s’en serviront pour invoquer une hausse de 3% à la prochaine date de résiliation à partir de fin septembre 2023. Or ces demandes doivent être fondées et assorties des formulaires de notification officiels résumant les droits des locataires. Lesquels peuvent contester par écrit auprès du bailleur puis de la Commission de conciliation du lieu de domicile. La FRC tient à la disposition de ses membres une lettre modèle de contestation de hausse de loyer (N° 43a), à adapter en fonction des différents motifs de contestation de hausse (voir notamment art. 269 à 269d CO).
Conseil |Le droit du bail ne fait pas partie de la consommation courante. Toutefois, les membres FRC détenteurs de la Protection juridique Globale bénéficient d’un soutien pour le droit du bail. En revanche, en cas de procédure, il est utile de vous tourner vers l’Asloca pour vous faire accompagner dans ce type de contestation et mettre les meilleures chances de votre côté.
SANTÉ
L’augmentation des coûts de l’énergie a un impact, en premier lieu, sur les établissements hospitaliers et leurs frais de fonctionnement. Les organisations de défense des hôpitaux et des cliniques privées ont exigé ainsi une hausse linéaire de 5% de leurs tarifs. La demande n’est pas nouvelle et, au départ, n’est pas liée au contexte actuel. Les doléances ont simplement été actualisées. Les assureurs sont contre, le Conseil fédéral également, contrairement aux cantons qui, eux, sont favorables. La FRC et les organisations de patients – qui n’ont jamais été consultées ni même approchées – s’ y opposent aussi. Une telle décision aurait pour conséquence directe d’augmenter des coûts dont un peu moins de la moitié sont assumés par les payeurs de prime (l’autre part, 55%, est financée par les cantons). Si la situation est délicate pour les établissements de soins, elle ne justifie pas une répercussion des hausses sur les usagers: en plus d’être assurés ou patients, ces derniers sont des consommateurs qui paient déjà un lourd tribut.
Conseil | La réponse n’est pas pratique mais politique. Le traitement d’une telle demande exige que nos organisations soient consultées. Et dans l’éventualité où une hausse se justifie, elle ne peut être transférée sur les payeurs de primes sans que des aides leur soient apportées. Les primes n’ont, faut-il le dire, pas attendu l’inflation pour peser de tout leur poids sur le budget des ménages. La réforme – débattue au Parlement – visant à instaurer un financement uniforme des soins aggraverait le transfert sur les primes.
Rappelons que l’indice à la consommation n’inclut pas les primes maladie qui n’ont pas attendu l’inflation pour flamber! Yannis Papadaniel, resp. Santé
TRANSPORTS PUBLICS
La nouvelle a fait le tour des médias: l’Alliance SwissPass va augmenter ses prix de 4,3% en moyenne. À y regarder de près, l’abonnement général (AG) est plus fortement touché (5,8%). Il aura ainsi subi une majoration de 780 fr. entre 2010 et 2024. La pénalité n’est pas la même pour tous: les prix de la 1re classe seront relevés de 1,9% alors que ceux de la 2e de 4,8%. Les usagers auront à encaisser ce coup bas, quand les transports publics devraient justement gagner en attractivité. Il est regrettable que la Confédération n’accorde pas une aide supplémentaire aux compagnies pour éviter un pur autogoal dans certains engagements écologiques du pays en matière de mesures contre le réchauffement climatique.
Conseil | La réponse, là non plus, n’est pas pratique mais politique. Il s’agit de mettre en place une réduction drastique du coût des transports au niveau local et national par un AG à prix préférentiel, sur le modèle allemand ou autrichien. Par exemple à 100 fr./mois.
4,8%, soit la majoration subie par les prix de la 2e classe; celle de la 1re sera moindre.
ÉNERGIE
Seule bonne nouvelle, l’hiver touche à sa fin et il a été doux! Malgré des prix qui restent élevés dans les domaines électricité, gaz, mazout, la consommation liée au chauffage a été moindre et descendra encore avec les beaux jours. Toutefois, des hausses pourraient encore intervenir et sont même déjà prévues pour 2024 dans le secteur de l’électricité. Car les mesures prises pour assurer l’approvisionnement en hiver sont loin d’être gratuites et pèseront sur la facture des ménages.
Conseil | Ici aussi, la réponse est avant tout politique, mais aucun soutien n’a été décidé. Reste que réduire sa consommation en adoptant des écogestes, tels que remplacer les appareils énergivores ou économiser l’eau chaude, fait baisser la facture. Pour les propriétaires concernés, c’est le bon moment d’isoler et de passer à un système de chauffage efficient. D’autant que de nombreuses subventions sont disponibles.
38%, soit la hausse du prix du gaz devant celle des pellets.
CRÉDITS À LA CONSOMMATION
Qui dit temps durs, dit besoin de sous. Un crédit à la consommation pour un leasing par exemple peut être tentant. Prudence toutefois, le coût du crédit basé sur l’appréciation du risque prend l’ascenseur. Depuis le 1er mai, les taux d’intérêts maximums peuvent augmenter selon le mécanisme de l’Ordonnance fédérale sur le crédit à la consommation (OLCC). Ils iront jusqu’à 11% pour les crédits au comptant, à savoir les contrats portant sur le financement de biens ou de services et les contrats de leasing. Pour les crédits par découvert avec carte de crédit ou carte client, les taux s’élèveront jusqu’à un plafond de 13%. Les contrats conclus avant le 1er mai ne sont pas concernés par ces hausses.
Conseil | Plusieurs prestataires vont sans doute en profiter pour revoir leurs conditions contractuelles. En clair, autant éviter un leasing, si possible. Dans le cas contraire, il faudra porter une attention particulière au taux d’intérêt et à son évolution (lire nos conseils).
FESTIVALS
Bientôt, ce sera le temps des concerts en extérieur. Le prix des billets des festivals augmente parfois plus vite que celui de l’indice des prix à la consommation (IPC). Au Montreux Jazz, le prix moyen des billets a grimpé entre 3 et 5%. Entre place debout et place assise, il peut passer presque du simple au triple. Au Paléo, il est de 80 ou 90 francs selon la soirée.
Conseil | À l’ouverture des caisses, pour éviter des surcoûts indus, il est impératif de vous assurer être sur le site de vente officiel (organisateur ou partenaire officiel) en vérifiant l’adresse internet (l’URL). En aucun cas, il ne faut vous précipiter sur le premier résultat des moteurs de recherche, car les revendeurs du marché gris (Alltickets, Viagogo notamment) sont souvent bien référencés. Par ailleurs, les bénéficiaires d’un subside quel qu’il soit peuvent obtenir des rabais sur toutes sortes de manifestations culturelles avec la CarteCulture de Caritas.