28.11.2017, Christine Bruchez / La composition des tampons préoccupe de plus en plus de femmes qui leur cherchent d'autres alternatives. Shutterstock.com
Accusés de provoquer des chocs toxiques et de contenir des substances indésirables, ces protections intimes sont-elles dangereuses pour notre santé?
L’innocuité des protections pour les règles, en particulier celle des tampons, est régulièrement remise en question depuis les années 1980. Ceux-ci ont donc fait l’objet à plusieurs reprises de sur leur efficacité et leur composition. Les premières alertes ont porté sur le syndrome de choc toxique (SCT) lié aux règles. Une maladie rare mais très grave, dont les principaux symptômes sont une fièvre soudaine (38,9°C ou plus), des vomissements, une sensation de malaise avec céphalée, de la diarrhée, une éruption cutanée ressemblant à un coup de soleil. Elle est causée par la prolifération de staphylocoques dorés présents dans le vagin. Les victimes sont de jeunes femmes en bonne santé et dont les témoignages ont frappé les consciences. Les premiers résultats d’une enquête lancée en 2016 par les Hôpitaux Civils de Lyon (F) révèlent que les tampons ne favorisent pas la prolifération de bactéries, pour autant qu’ils soient utilisés correctement (lire encadré).
Effet cocktail difficile à évaluer
Deuxième inquiétude, la découverte de traces de substances indésirables liées à la composition ou à la production des tampons. La majorité sont composés de cellulose ou de viscose, parfois mélangées à du coton. Des traces de pesticides (notamment du glyphosate) ont été détectées dans des cotons issus de culture non biologique. Certains fabricants affichent des composés tels que rayonne (fibre textile artificielle), coton purifié, polypropylène (fibre synthétique), polyéthylène et polyester (matières plastiques), sans en préciser les doses. Autre problème, le blanchiment des tampons au chlore produit des résidus de dioxines, perturbateur endocrinien et cancérigène probable selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Aujourd’hui ce blanchiment se fait en principe au peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée). Divers parfums ou agents conservateurs peuvent aussi agir comme perturbateurs endocriniens.
L’effet sur la santé de ces substances n’est pas encore bien établi, note Davide Staedler, biologiste et directeur scientifique des laboratoires Scitec, qui évoque un «effet cocktail» difficile à évaluer puisqu’on ne connaît pas les capacités du corps à métaboliser un composé. Ces produits devraient donc faire l’objet d’une surveillance accrue en attendant l’amélioration des connaissances scientifiques. Le même principe de précaution est évoqué par Saira-Christine Renteria, gynécologue au CHUV, à Lausanne, qui rappelle la nature hautement vascularisée des muqueuses vaginales, et souligne que cette prudence concerne également d’autres produits d’hygiène intime tels que les lotions ou les gels, sans pour autant diaboliser tout produit de soin.
Du côté des politiques?
En juillet 2015, une pétition soutenue par le mensuel français 60 millions de consommateurs demandait à Tampax, leader mondial du tampon, d’indiquer la composition de ses produits sur les emballages. En Suisse, la conseillère nationale Valérie Piller-Carrad déposait en 2016 une motion allant dans le même sens. Or l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) conclut en mars 2017 que les teneurs en substances toxiques mesurées sont en-dessous des quantités tolérées, et que «le risque sanitaire (…) peut donc être considéré comme insignifiant ».
Même si les analyses n’ont pas révélé de taux élevés de substances toxiques, des femmes préfèrent utiliser des produits différents, disponibles sur internet, des pharmacies et certains magasins d’alimentation naturelle; principalement des tampons et des serviettes fabriqués à partir de coton bio certifié sans OGM ni parfums ni substances allergènes, des serviettes réutilisables, ainsi que des coupes menstruelles. Ces dernières ont également l’avantage de réduire notre impact sur l’environnement. Evidemment, comparés aux protections conventionnelles, ces produits s’avèrent plus chers.