29/8/2017
Soins préventifs, traitements, tests… Faut-il recourir à ces produits et pour quel motif ? Eclairage.
La zone intime de la femme est sensible. L’équilibre de la flore vaginale peut vite basculer. Aussi, les fabricants s’en donnent à coeur joie pour proposer de nombreuses solutions en pharmacie et dans les grandes surfaces. Comme les informations sont parfois lacunaires, nous avons soumis plus de 50 produits à Saira-Christine Renteria, médecin au CHUV à Lausanne.
Pour chaque cas, la liste des produits classiques et l’avis de la spécialiste.
Questions – Réponses
Quand utiliser des savons spécifiques?
Soins et lotions ont leur utilité lors d’irritation à d’autres produits ou de récidives. On fera attention à ceux qui contiennent des huiles essentielles, de la camomille (allergie, démangeaisons…). L’utilisation au quotidien n’est pas souhaitable lorsqu’il s’agit de soins désinfectants ou avec des substances antimicrobiennes (chlorhexidine). En revanche, certains savons pour enfant facilitent la vie de beaucoup de mères et de leur progéniture. «Dépôts blanchâtres collants, surcharge pondérale, irritations… Les symptômes vulvaires, les picotements et rougeurs sont fréquents chez les petites filles, mais on en parle peu.»
Que penser de l’allégation «Traite et prévient»?
«Les produits qui se revendiquent comme traitement préventif d’un déséquilibre de la flore microbienne du vagin non symptomatique sont peut-être justifiés dans certaines situations, mais en cas de vaginose bactérienne et de symptômes subjectifs, ils ne sont probablement pas suffisamment efficaces», relève la doctoresse. D’autant que l’indication sur les principes actifs sont souvent peu clairs, et les informations pour la cliente rudimentaires… En rayon, on misera sur ceux qui contiennent de l’acide lactique (neutralise les odeurs, restaure le pH normal du vagin) ainsi que du glycogène (apporte des nutriments aux bactéries lactiques). Si l’on a un doute ou des symptômes persistants, l’avis médical est impératif.
Les probiotiques font leur place au rayon hygiène intime…
On connaît leurs apports bénéfiques à l’intestin, mais ils rééquilibrent aussi la flore vaginale après une infection ou des soucis récurrents. «Ils ont tous une indication précise de la souche, de la quantité et du support. » Notons que le suisse Pharmalp Pro-C a une composition similaire au français Lactibiane 5M, mais il est vendu deux fois plus cher. Reste la question de l’administration, orale ou vaginale? «Pour une vaginose, des comprimés vaginaux sont adaptés. Les pastilles orales peuvent être intéressantes lors de récidive; elles agiront aussi au niveau intestinal, où se trouve souvent un «réservoir» en cas de mycose.» A noter que ces produits ne doivent pas être utilisés en même temps que des bactéricides ou des antibiotiques.
Se tourner vers les tampons probiotiques, c’est ingénieux?
Ils sont très chers: plus de 1 fr. contre 20 ct. un tampon conventionnel. «A la limite, ils sont utiles lors des derniers jours des règles aux femmes qui ont des infections récidivantes, afin d’aider à reconstituer la flore», conseille la doctoresse.
Les tests remplacent-ils une consultation?
Non, ils sont à utiliser uniquement comme indicateurs. On trouve des tests contrôlant la valeur du pH du vagin (ellen pH-Control autour de 15-20 fr.), utiles si l’on suspecte une vaginose. Mais un pH significativement élevé n’est pas une preuve suffisante. Le self-test infections vaginales de i say (23 fr.) fait le raisonnement pour vous et indique s’il s’agit plutôt d’une vaginose ou d’une mycose. Le Gyno-Canestest (20 fr.) est, lui, un test unique qui change de couleur selon une vaginose bactérienne, une trichonomase ou une mycose vaginale. «Lors de démangeaisons endiablées et de pertes blanches grumeleuses, symptômes typiques d’une mycose, un tel test est inutile pour la femme qui en a déjà eu une, explique la doctoresse. Le pharmacien dispose d’antimycotiques spécifiques disponibles sans ordonnance. » Notre experte propose aussi de recourir directement à un produit «acidifiant». Ces approches pragmatiques peuvent dépanner en cas d’indisponibilité du médecin ou pour éviter de longues heures d’attente aux urgences pour une infection bégnine. En tout état de cause, en cas de récidive, une femme ne doit pas rester seule avec ses maux.