5.12.2017, Christine Bruchez / Les produits sans alu existent et peuvent aussi être efficaces.
D’après les scientifiques, les sels d’aluminium sont à éviter absolument. Retour sur un débat d’actualité.
Mise à jour Depuis le 12 mars 2019, la FRC propose FRC Cosmétiques, une application permettant de détecter les substances nocives pour la santé dans les produits cosmétiques. Dès sa sortie, de nombreux utilisateurs ont communiqué leur étonnement face au fait que l’application ne compte pas les sels d’aluminium dans sa liste de substances indésirables. Une explication s’avère donc nécessaire. L’article ci-dessous traduit l’opinion d’une équipe de chercheurs genevois. Les études que ce groupe de recherche suisse ont menées ont eu des répercussions au niveau politique. En 2016, Lisa Mazzone a ainsi lancé un postulat demandant à la Confédération de se prononcer sur la nocivité des anti-transpirants contenant des sels d’aluminium. Démarche que la FRC a soutenue et que le Conseil fédéral a acceptée. Reste qu’à l’heure actuelle, il n’existe pas de consensus scientifique quant au rôle que jouent les sels d’aluminium dans le développement de cancers du sein. Les autorités sanitaires suisses et la ligue contre le cancer «suivent attentivement l’avancée des investigations» sur le sujet. Quant à la FRC, elle étudie également la question en collaboration avec UFC-Que choisir en France.
Alors peut-on continuer à utiliser des anti-transpirants? Il est à l’heure actuelle trop tôt pour l’affirmer. Mais pour qui souhaite minimiser le risque, c’est un déodorant et non un anti-transpirant qu’il faut utiliser. A l’heure actuelle, seuls les sels d’aluminium sont capables d’empêcher la transpiration; les déodorants ont quant à eux un effet désodorisant.
Naturellement abondant dans l’environnement et très utilisé dans l’industrie, l’aluminium n’a aucune fonction biologique connue. Ce métal a longtemps été considéré comme inoffensif… jusqu’à ce qu’il soit suspecté de jouer un rôle-clé dans l’augmentation récente des cancers du sein chez de jeunes femmes dans les pays industrialisés. Or il s’avère qu’on le trouve dans de très nombreux produits, aussi bien à la cuisine qu’à la salle de bain: déodorants, crèmes solaires, rouges à lèvres, dentifrices, médicaments et additifs alimentaires pour ne citer qu’eux.
Un lien de cause à effet?
Dans le cas des déodorants, très fréquents dans notre société où les émanations corporelles sont mal tolérées, les sels d’aluminium servent à diminuer la sudation en obstruant les pores. Présents en concentrations élevées depuis la fin des années 1950, ils sont facilement absorbés par la peau, en particulier si elle est fragilisée par des épilations ou des rasages. Le fait de retrouver de l’aluminium en concentrations importantes dans la glande mammaire – le corps ne le métabolise donc pas – et des tumeurs cancéreuses dans la région proche de l’aisselle, fait pencher en faveur d’une responsabilité des déodorants à l’aluminium dans la genèse des cancers du sein. Mais alors que d’autres métaux tels le nickel, le cobalt ou l’arsenic, ont été classés comme cancérogènes avérés, l’aluminium n’entre pas (encore) dans cette catégorie, malgré les signaux d’alarme du monde scientifique.
Dans le domaine de la recherche en effet, les travaux du Dr Stefano Mandriota et du professeur André-Pascal Sappino à Genève sur des souris, publiés en 2016 dans la revue International Journal of Cancer, ont montré comment l’aluminium provoquait la prolifération anarchique des cellules épithéliales mammaires, avec formation de métastases dans le cerveau et le foie. Des résultats suffisants selon les chercheurs pour recommander de prohiber les sels d’aluminium dans l’usage courant.
Sur le plan politique?
La conseillère nationale Lisa Mazzone a déposé en septembre 2016 un postulat demandant des études plus approfondies sur la toxicité des sels d’aluminium. Il s’agit aussi d’envisager la possibilité d’introduire des avertissements sur les emballages, voire d’interdire les déos à l’aluminium en Suisse. Cette proposition, acceptée par le Conseil fédéral le 2 mai 2017, vise à stimuler à la fois les débats et la recherche d’alternatives.
Les scientifiques recommandent d’arrêter l’utilisation des déos à l’aluminium le plus rapidement possible. Idem pour la pierre d’alun, qui en contient elle aussi, bien qu’en moindre quantité. Aujourd’hui des alternatives existent: du bicarbonate de soude au déo «sans alu» devenu un argument de vente, le choix est de plus en plus vaste. Il est toutefois urgent de sensibiliser les industries à l’usage de l’aluminium dans la consommation courante.
Le top 10 des meilleurs déos sans alu
Les sprays, des antitranspirants généralement sans conservateurs, donc moins irritants et plus hygiéniques.