26.4.2019, Barbara Pfenniger
Mise à jour le 07.06.2021
L’additif alimentaire E171 (dioxyde de titane) est un colorant blanc, présent notamment dans des confiseries telles que chewing-gums et bonbons. Il est généralement composé d’une fraction importante de nanoparticules. Comme il est soupçonné de provoquer des lésions précancéreuses de l’intestin et d’affecter le système immunitaire, la France l'a interdit dès le 1er janvier 2020. La FRC demande d’appliquer le même principe de précaution en Suisse. Les changements interviennent avec lenteur.
Le dioxyde de titane E171 – un colorant blanc présent notamment dans des confiseries telles que chewing-gums et bonbons ou sur les décors destinés à orner les gâteaux d’anniversaire – n’est plus considéré comme un additif sûr par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Conséquence immédiate: la Commission européenne a proposé de l’interdire. L’avis de l’EFSA est clair: la génotoxicité du E171 ne peut être exclue.
En clair, le E171 peut nuire à l’ADN et aucun niveau d’ingestion sûr ne peut être fixé. Conclusion de la FRC: cet additif n’a définitivement plus sa place dans notre alimentation. Notre association avait déjà tiré la sonnette alarme en 2019, mais les autorités suisses avaient estimé ne pas pouvoir appliquer un principe de précaution, comme la France. La nouvelle évaluation de l’EFSA change la donne. La FRC exhorte donc les autorités suisses d’agir maintenant, à l’instar de l’Allemagne qui reconnaît la nécessité d’agir.
Tour de marché
La FRC a fait le tour de quelques supermarchés pour constater comment les choses ont évolué dans la composition des produits ces deux dernières années. Les chewing-gums, mais également les pastilles remplies de chocolat, des bonbons à la menthe et des décors de dessert étaient surtout concernés lors de la précédente investigation.
En mai 2021, le bilan est globalement meilleur, les denrées se passant de E171 étant toujours plus nombreuses. Les M&Ms ont suivi l’exemple des Smarties de Nestlé et s’en passent, les chewing-gums V6 et Wrigley’s aussi. Mais la loupe reste indispensable pour décrypter des étiquettes rédigées avec des «pattes de mouches».
D’autres fabricants internationaux ont du retard comme Dr. Oetker et Mondelez. Ces derniers ont encore des friandises à éviter: des décors à parsemer sur les desserts et de la pâte destinée à l’écriture décorative pour le premier, quelques Stimorols ainsi que des gommes pour enfant Bubblicious et BubbleBear pour le second.
Ceci étant, ce sont les distributeurs qui comptent encore le plus de produits incriminés parmi leurs marques propres: chewing-gums M-Budget, M-Classic et Skai pour Migros, Prix Garantie pour Coop, T42 pour Aldi d’une part, ainsi que les décors en sucre Jolly Dessert pour Migros et l’assortiment de décors en sucre Sweet Dreams pour Coop d’autre part.
Mise à jour 7.6.2021 – Revirement: l’UE propose de bannir le E 171 en mai, état du marché de la FRC en juin. Cet article initialement publié en avril 2019 sous le même titre a été révisé pour tenir compte de l’actualité récente.
Pas que dans les confiseries
En Suisse, le dioxyde de titane est également présent dans d’autres denrées alimentaires (autorisation quantum satis dans de nombreuses catégories d’aliments, selon l’ordonnance sur les additifs), dans des médicaments et dans des cosmétiques. L’indication de la présence de nanoparticules est devenue obligatoire en 2021. L’analyse de la FRC avait montré en 2018 la présence de nanoparticules de dioxyde de titane dans des M&M’s, des chewing-gum Hollywood, des comprimés de Dafalgan et dans un stick de lèvres Avène – risquant d’être avalé. Les dentifrices sont également problématiques, notamment pour les enfants.
La FRC revendique
Pour toutes les raisons qui précèdent et au vu des derniers développements, la FRC demande aux autorités suisses de tirer les mêmes conclusions que le gouvernement français: appliquer le principe de précaution et interdire le colorant E171, tant que son innocuité n’a pas pu être prouvée. La FRC demande l’application du principe de précaution aussi sur les médicaments et les cosmétiques qui risquent d’être ingérés, notamment par les enfants.
En attendant, les consommateurs peuvent éviter l’exposition inutile en choisissant des denrées qui ne contiennent pas de colorant E171. L’application cosmétiques de la FRC sera mise à jour en fonction de l’état des connaissances.
Pour aller plus loin: