27.5.2014, Sophie Reymondin / La part des déos sans aluminium présents sur le marché est de 23%. Image: Maksim Toome/shutterstock.com
Nos enquêteurs ont écumé les grandes surfaces pour repérer les produits exempts de métal, de conservateurs et d’allergènes. Notre sélection.
«Sans sels d’aluminium» ou, plus laconique, «sans aluminium»: cette allégation est désormais présente sur l’emballage de nombreuses marques de déodorants. Visiblement, les fabricants ont rapidement adapté certaines de leurs préparations pour répondre à la demande des consommateurs. Depuis une quinzaine d’années, en effet, l’aluminium défraie la chronique.
Très efficace pour boucher les pores et réduire la sudation, il est suspecté d’avoir une action neurotoxique et de jouer un rôle dans l’apparition de certaines maladies, comme le cancer du sein ou Alzheimer. En 2012 encore, une étude de l’Université de Genève mettait en lumière les effets néfastes des sels d’aluminium présents dans les déodorants sur les cellules mammaires in vitro.
Si la polémique a fait grand bruit dans les médias, il n’existait que peu d’alternatives il y a quelques années encore. En outre, les rares produits sans alu étaient difficiles à repérer pour le profane et pas forcément vendus en supermarché. La situation a-t-elle changé en 2014? Pour le vérifier, nous avons envoyé les enquêteurs de la FRC dans les enseignes les plus populaires, soit Coop, Denner, Migros, Manor, Globus, Lidl et Sunstore, avec pour consigne d’acheter tous les cosmétiques exempts du composant décrié. Pour l’identifier à coup sûr, nos bénévoles ont banni les marques où figuraient «sels d’aluminium», «alum» ou encore «alumina».
Argument marketing
A noter que la pierre d’alun contient aussi de l’aluminium – certes en quantité moindre –, indiqué par les termes «potassium alum» ou «ammonium alum» (pierre d’alun synthétique). Résultat: pas moins de 65 articles figurent dans notre panier d’achat et représentent presque le quart du marché étudié! Ce qui démontre que le «sans alu» est non seulement devenu un argument de vente, mais que les fabricants peuvent aussi se passer des composants problématiques… Afin d’affiner notre sélection, et surtout de permettre aux consommateurs de faire un meilleur choix, nous avons ensuite passé au crible toutes les indications inscrites sur l’étiquette, à la recherche notamment des parabens et autres conservateurs classés dans la liste des perturbateurs endocriniens, ainsi que des allergènes.
Cette deuxième étape a permis de retenir, au final, cinq roll-on et cinq sprays, dont la composition est, en principe, exempte des substances les plus douteuses. Si les marques représentées sont situées dans le haut de gamme, avec des produits vendus entre 13 fr. 90 et 18 fr. 50, un spray, I am de Migros, à 3 fr. 90, s’est heureusement glissé dans cette sélection et constitue la seule alternative accessible à toutes les bourses. Deux bémols toutefois: la composition contient des parfums, dont le détail n’est pas fourni, et c’est un spray. Or cette catégorie fonctionne avec des gaz propulseurs (butane, isobutane, propane) de la famille des gaz à effet de serre.
Novembre 2016: Les déos à l’alu en question
Mise à jour – Suspectés depuis des années d’augmenter le risque de cancer du sein, les sels d’aluminium figurent toujours dans la composition de la plupart de nos déodorants. Suspects, mais pas coupables jusqu’à preuve du contraire? Eh bien c’est fait! Une équipe de chercheurs genevois a démontré la toxicité du chlorhydrate d’aluminium sur les cellules mammaires et publié ses résultats dans l’ International Journal of Cancer.
L’occasion pour Lisa Mazzone (Les Verts/GE) de relancer le débat à Berne. Par le biais d’un postulat, elle demande au Conseil fédéral de se pencher sur les dernières études, de réfléchir à la possibilité de faire figurer un avertissement sur les produits concernés, voire d’interdire les déos incriminés. La FRC encourage vivement le Conseil fédéral et les Chambres à répondre positivement à ces demandes judicieuses.