29.5.2022, Barbara Pfenniger / Les parents ont toutes les raisons de se sentir trompés par un emballage aguicheur. Photo: Konsumentenschutz
Sur les 344 produits dont la composition et la publicité ont été examinées, 94% ne répondent pas aux exigences de l'Organisation mondiale de la santé en matière d'aliments équilibrés. Une vaste étude de marché d'envergure nationale donne des chiffres qui font froids dans le dos. Les distributeurs ciblés par l'enquête ont été interpelés.
Les produits dont l’univers enfantin attire particulièrement les plus jeunes sont composés en moyenne d’environ un tiers de sucre, c’est ce que montre les résultats de la toute dernière étude de marché réalisée dans les enseignes de quatre acteurs de la grande distribution. Dans les rayons de Coop, Migros, Aldi et Lidl, 344 produits ont été identifiés. Leur composition et le marketing qui les entourent ont été examinés. Le résultat est accablant: 94% ne répondent pas aux exigences de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière d’aliments équilibrés. Ils sont, à de très rares exceptions, trop gras, trop sucrés, trop salés. Si ces produits affichaient le Nutri-score sur la face avant de leur emballage, alors 64% se trouveraient sur les échelons orange et rouge (D-E) de ce système de comparaison et seulement 13% sur les échelons vert et vert clair (A-B). A ce titre, ils ne devraient pas bénéficier d’un marketing qui les avantagent.
Selon l’OMS, 23% des 5-9 ans sont déjà touchés par le surpoids en Suisse. Cette proportion devrait être encore plus élevée suite de la pandémie. Les mesures volontaires de l’industrie agroalimentaire signées lors de la Déclaration de Milan en 2015 sont trop peu efficaces: la très modeste réduction de sucre à laquelle les fabricants avaient consenti se limite toujours aux yogourts et aux céréales. De plus, le marketing sur les points de vente et via les médias/médias sociaux continue de se déverser sur les enfants et les adolescents sans restriction crédible. Raison pour laquelle l’OMS demande de limiter la promotion de tels produits auprès des enfants. La situation n’a pas significativement évolué depuis le relevé que la FRC avait effectué en 2011. Et c’est inacceptable. D’autant plus que l’on sait que les habitudes de consommation des jeunes perdurent à l’âge adulte, les préférences alimentaires pour certains produits étant conservées longtemps.

L’assortiment pour enfants qui répond aux exigences nutritionnelles de l’OMS: 20 articles sur les 344 répertoriés…
Sachant que sur 344 produits, seuls 20 répondent aux critères de l’OMS, les trois organisations de consommateurs exigent des mesures pour limiter ce fléau et faire changer les règles du jeu. Elles ont écrit aux quatre distributeurs pour leur communiquer les résultats de l’enquête et leur demander d’améliorer la qualité nutritionnelle des produits de leurs marques propres dont l’emballage s’adresse aux enfants. Les revendications de l’Alliance des organisations de défense des consommateurs sont les suivantes:
- Rendre obligatoire le Nutri-score sur tous les produits s’adressant aux enfants par un emballage aguicheur
- N’autoriser la publicité que pour les produits qui remplissent les critères de l’OMS. Et, a contrario, d’interdire toute allégation de santé ou nutritionnelle sur ceux qui ne les remplissent pas
- Intégrer dans la prochaine révision de la Loi sur les denrées que le Conseil fédéral puisse, si nécessaire, restreindre le marketing s’adressant aux enfants
- Faire en sorte que l’OSAV exige des efforts et des objectifs contraignants de la part de l’industrie agroalimentaire, de sorte que la santé des enfants passe avant les intérêts des acteurs économiques.
Sans ces limitations, enfants et adolescents continueront à ne pas être protégés contre le marketing massif de l’industrie agroalimentaire. Laquelle leur impose non seulement un lourd fardeau pour l’avenir, mettant leur santé physique et psychique en danger, le surpoids et l’obésité ne se réglant généralement pas à l’âge adulte.
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