27.3.2024, JB
Entre salaires de misère, surexploitation des ressources naturelles et montagnes de déchets, les problèmes liés à la surconsommation d’articles de mode sont aujourd’hui largement connus. La FRC s'engage depuis ses débuts dans la campagne «Clean Clothes», plaidant pour une réforme de cette industrie en faveur d'une production plus éthique et durable. Un débat non seulement nécessaire mais impératif.
L’une des causes de surconsommation est l’omniprésence de la publicité pour l’achat impulsif. Or avec la numérisation, les départements marketing se concentrent toujours plus sur le commerce en ligne: aujourd’hui, environ un vêtement sur trois est en effet acheté par ce biais. De nombreuses plateformes conçoivent donc leurs sites web et leurs applications en jouant sur divers paramètres tels que l’architecture de l’information, les couleurs ou le phrasé, dans le but d’influencer les internautes et de les pousser à effectuer un achat. Encadrer les pratiques les plus agressives, telles que le recours incessant à certains dark patterns serait un premier pas. Les interfaces ne doivent ni tromper les internautes ni créer de risque de confusion.
La France est devenue le premier pays au monde à légiférer pour limiter les dérives de l’ultra fast fashion. Alors que le texte initial visait les enseignes vendant plus de 1000 nouveaux produits par jour, une coalition demande que «toutes les marques proposant plus de 5000 modèles par an» soient considérées comme relevant de la fast fashion. Le débat doit avoir lieu en Suisse aussi et englober suffisamment d’acteurs de l’industrie, afin que non seulement Shein et Temu soient concernés mais également des acteurs tels que Zara et H&M.
La FRC demande également aux autorités de faire respecter la législation en vigueur. En effet, l’ajout furtif d’un article inutile ou non désiré dans le panier d’achat et les mécanismes qui rendent excessivement compliqué ou empêchent la résiliation d’un contrat soulèvent des questions d’entrave à la liberté contractuelle des consommateurs. Aussi, les mécanismes visant à influencer le comportement de l’internaute (couleur, taille de police, messages dissuasifs répétés) soulèvent des questions sous l’angle de la concurrence déloyale lorsqu’ils sont d’une intensité importante.
A l’opposé des acteurs problématiques, il n’est pas déraisonnable d’espérer des produits qui respectent les droits humains et dont l’impact écologique reste mesuré sans pour autant être excessivement coûteux. En s’attaquant aux causes de l’îlot de cherté suisse, la FRC cherche à promouvoir un système où une consommation responsable est accessible au plus grand nombre.