6.9.2022, Laurence Remy et Laurence Julliard
Six jours en immersion avec le public? De quoi faire swinguer l'association et les gens qui la composent. Récit.
Il se repérait loin à la ronde, le stand FRC sur la plaine de l’Asse. Un chapiteau flamboyant aux couleurs rouges et blanches,comme dans les cirques d’antan. Sur place, une équipe de 27 personnes – bénévoles et salariés de l’association réunis – qui s’est relayée toute la semaine, de 15h à 3h du matin. Les bénévoles venus de presque toute la Suisse romande ont eu à cœur de faire découvrir aux festivaliers quelques facettes de l’association dans laquelle ils sont engagés. Et la FRC avait vu grand!
Comme dans toute manifestation culturelle en lien avec des billetteries en ligne, l’association a joué son rôle de conseil. La campagne de prévention a peut-être plusieurs années d’existence derrière elle, les internautes qui se font avoir en cliquant sur le premier lien venu pour obtenir fissa le sésame dont ils rêvent restent nombreux. Surtout maintenant que spectacles et manifestations sportives ont repris pleinement. Les Experts conso n’ont donc eu de cesse de rappeler à celles et ceux qui commandent leurs billets via internet qu’ils s’exposent à payer un prix prohibitif s’ils ne s’adressent pas à des billetteries officielles ou partenaires de l’événement. «Les plaintes concernent principalement les sites de reventes de tickets qui proposent des billets à des prix deux à trois fois supérieurs au tarif usuel, souligne Jean Tschopp, responsable de FRC Conseil. Les gens ne voient pas qu’ils sont sur un site de revente. Ils subissent une pression à l’achat impulsif grâce à des techniques marketing bien rodées.» Or c’est en discutant que l’on plante de petites graines qui donneront lieu à de meilleurs réflexes. Et le terreau de Paléo était à ce propos tout trouvé.
Mais un festivalier vient à Nyon pour le plaisir de la fête et du partage. C’est la raison pour laquelle la FRC a développé pour l’occasion un jeu Instagram. Chacun répondait à un quiz rapide sur des thèmes de consommation courante qui fâchent tout particulièrement. A l’issue du questionnaire, chacun repartait avec son «profil consomm’acteur»… et une idée du rôle qu’il peut tenir dans la défense de nos intérêts de consommateurs. Car si nous sommes tous unis sous une même bannière, nous pouvons occuper des fonctions différentes pour démultiplier la force de frappe de la FRC. Le jeu a mis de la bonne humeur sur le stand et fait un carton!
Toujours dans l’esprit du partage, l’humeur se voulait aussi collaborative: chacun était invité à épingler sur une grande carte de la Suisse romande ses bonnes adresses et recommandations concernant les commerces de proximité et les circuits courts. Parmi les options, il y avait l’alimentation: les paniers issus d’une agriculture contractuelle, les marchés à la ferme, les self-services de petits producteurs, les auto-cueillettes. Côté articles de maison, les lieux qui accueillent des Repair Cafés, les adresses de réparateurs, de boutiques et échoppes de seconde main ou les bibliothèques d’objets. La carte a pris vie au fur et à mesures des jours qui passaient. Dans un deuxième temps, elles seront vérifiées et introduites dans les annuaires FRC des bonnes adresses. Pour les villes de Genève (Ge-repare et Ge-reutilise), Lausanne et Neuchâtel, elles bénéficient d’un site dédié émanant des communes.
Ces projets qui permettent de lutter contre l’obsolescence programmée de manière concrète trouve un bel écho. A l’instar de cette famille qui raconte comment l’aînée, jeune adulte n’aimant pas la fast fashion, a entraînée sa mère dans les friperies jusqu’à l’en convaincre pour ses propres achats. A la satisfaction du père aussi, qui se dit réparateur dans l’âme quand il peut, ou préférer faire don à des associations, voire vendre sur internet plutôt que laisser les objets finir à la poubelle. La jeune femme, quand à elle, est très engagée dans une association qui récupère et vend des vêtements de seconde main. D’autres histoires de vie auront fait plaisir à entendre: des récits où il est question de transmission de valeurs, de compétences pour agir, de savoirs-faire ou être, de militantisme. Ces parcours et les énergies qui s’en dégagent ont trouvé une écoute attentive. Pour les personnes qui travaillent au quotidien et sur le terrain à la défense des consommateurs, ces moments servent aussi d’ancrages qu’il est bon de se remémorer quand l’avancée d’un combat ne se déroule pas forcément comme on pourrait le souhaiter.
Au bureau d’accueil du stand, on retrouvait, outre les bénévoles FRC, Experts conso, juristes, spécialistes thématiques ou journalistes pour répondre à tour de rôle aux questions du public. Les discussions ont été nourries, riches. Il a été question, dans le désordre, de procédure à suivre pour la pose d’installation de panneaux solaires, de litiges avec des assurances santé et des opérateurs (renouvellement tacite, résiliations, outils de communication), de devis mal ou non honorés par un prestataire, tel que les cuisinistes. Et aussi d’organisateurs de festivals, certaines modalités cashless en faisant grogner plus d’un…
Et n’oublions pas le test grandeur nature des protections auditives! La FRC avait besoin de 200 volontaires pour évaluer la qualité de ces bouchons colorés en mousse. Chacun recevait un échantillon aléatoire qu’il devait porter durant les concerts, voire la nuit aussi pour les campeurs du site adjacent. Une manière de se plonger en deux situations différentes. A la fin de l’expérience, les testeurs avaient un formulaire à remplir pour juger du confort et de la qualité acoustique du produit qu’ils s’étaient vus attribuer. Les résultats sont attendus pour la fin de l’année. A vos agendas, donc!