Nutrition

L’iode, un micronutriment qui nous veut du bien

Il contribue au bon développement de l’organisme et du cerveau. Pour éviter toute carence, examinez scrupuleusement les étiquettes des aliments transformés! Nos conseils pour trouver les bonnes sources.
Alimentation Emballages et étiquetage Nutrition

Archive · 22 mai 2017

Jean-Luc Barmaverain

Il ne suffit pas d’avoir la main légère sur le sel, encore faut-il choisir le bon. A savoir un sel riche en iode, dont l’apport doit être en suffisance pour le bon fonctionnement de l’organisme. C’est en gros le message des campagnes de prévention de santé publique. Sont plus particulièrement visées les femmes, enceintes ou allaitantes, de même que les enfants et adolescents.

Les seules personnes pas concernées: les patients souffrant d'une maladie de la thyroïde qui doivent suivre les recommandations de leur médecin.

L’iode est indispensable à la production des hormones de la thyroïde, essentielles pour la croissance et le développement du cerveau ainsi que pour le maintien de l’activité intellectuelle. Les Suisses cuisinant moins, l’iode est essentiellement absorbé via le sel ajouté dans les aliments transformés, à raison de 70% à 80%. Or ces denrées contiennent souvent du sel non iodé, laissant présager des carences importantes, faute d’une prise de conscience. Le client n’a d’autre choix que de vérifier encore et toujours l’étiquetage de ce qu’il achète, car la liste des ingrédients doit en effet indiquer précisément si le sel est iodé ou non.

QUEL SEL ACHETER? | En Suisse, les rayons offrent différents types de sel, non iodé et iodé. Ce dernier, aussi appelé sel comestible iodé ou sel de cuisine iodé, contient l’équivalent de 25 mg d’oligo-élément par kilo de sel. Le sel marin et la fleur de sel, en revanche, contiennent de si faibles traces d’iode que leur consommation ne représente pas un apport suffisant: il faudrait en manger un kilo pour avoir l’équivalent d’un gramme de sel iodé. Conclusion: leur texture, très fine ou croquante, est intéressante du point de vue organoleptique, mais ils ne remplacent pas le sel iodé.

LES PRODUITS LAITIERS | Les Suisses absorbent une partie importante d’iode par ce biais-là. Nous profitons indirectement de l’enrichissement en iode du fourrage des vaches pour leur santé et nous en mangeons des quantités importantes. Le lait founit 27% des apports journaliers, le fromage 9%. Dans les œufs, ils sont de l’ordre de 3%.

LE PAIN ET LES CÉRÉALES | Parmi les denrées transformées, le pain est l’aliment qui permet l’apport le plus important en iode (44%), car les boulangeries ont fait le choix d’utiliser du sel enrichi. Deux exceptions notables cependant: de nombreux pains bio, élaborés avec du sel marin, et le pain sans gluten. Si vous choisissez ces produits-là, soyez vigilant à leur composition. Quant aux céréales de petit-déjeuner, pourtant presque aussi salées que le pain, elles contiennent en général du sel non iodé. Ce n’est donc pas ainsi que l’on absorbera sa dose d’iode au petit-déjeuner.

 

Le pain, contrairement à de nombreuses céréales de petit-déjeuner, contient du sel iodé. Exceptions fréquentes: les pains bio et sans gluten.

LES ALIMENTS COMPOSÉS | Qui cherche un produit avec sel iodé peut déjà écarter tout aliment importé, généralement assaisonné au sel normal ou marin, et se concentrer sur les produits suisses. Les produits des marques propres des deux grands distributeurs, en revanche, contiennent très souvent du sel iodé. Coop dit vouloir contribuer «à réduire les risques de maladies graves liées à la carence en iode (malformations et troubles neurologiques chez les nouveau-nés, etc.)» Migros considère également «qu’il est justifié et important de proposer du sel de cuisine iodé et que la production industrielle de denrées y recoure autant que possible».

Toutefois, ces déclarations d’intention ne concernent pas tout l’assortiment, comme le bio, certains produits végétariens, des conserves… Les autres distributeurs sont plus évasifs et misent sur l’étiquetage et la responsabilité propre du consommateur. Unilever Suisse (Knorr, etc.) et Nestlé (Maggi, Thomy, Leisi, etc.) offrent également seulement une partie de leur assortiment avec du sel iodé et renvoient aussi à la vigilance du client.

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Consultez aussi notre Observatoire du sel, avec notamment les tests pâtes à gâteau et feuilletées (dix produits sur dix-huit avec du sel iodé), et röstis (un sur douze).
L'interview de Barbara Demeneix qui explique comment les perturbateurs endocriniens peuvent augmenter les risques d’effets néfastes d’une carence en iode sur le développement cérébral.

Sels spéciaux: leur apport est insuffisant

Le sel marin ne contient presque pas d’iode, contrairement à l’eau de mer dont il est tiré. La raison en est simple: l’iode s’évapore à la fabrication. D’autres sels à la mode en sont également exempts comme l’ont montré les analyses de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV), ainsi que l’émission A bon entendeur du 17 mai 2017 Trop de sel, pas assez de iode.

Sel de l’Himalaya, du Kalahari, de Hawaï, de Perse, sel de pyramide ou de bambou ou encore fleur de sel… aucun n’apporte assez d’iode pour entretenir le bon fonctionnement de la thyroïde. Si le sel enrichi en algues en contient davantage, il présente aussi des résidus d’arsenic dont il vaut mieux limiter l’absorption. Conclusion: optez pour du sel iodé au quotidien.

Les références de l’OSAV: l’iode (fiche thématique et recommandations) et l’analyse des sels spéciaux.

Mieux comprendre les aspects santé

L’iode est présent sous forme de sel dissous en faible concentration dans l’eau de mer, et s’accumule dans les poissons, les algues et les mollusques. Selon la géologie, certains sols peuvent en contenir, ce qui n’est pas le cas des surfaces agricoles des régions alpines suisses.

C’est ainsi que nos autorités, dès 1920, ont été amenées à faire ajouter de l’iode au sel de cuisine après avoir constaté des problèmes de santé (goitres) et une diminution des capacités intellectuelles (crétinisme). Ces affections ont ainsi diminué… jusqu’à l’arrivée des aliments transformés contenant du sel non iodé.

Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandent un apport journalier de:

•    90 µg pour un enfant jusqu’à 5 ans
•    120 µg pour un enfant jusqu’à 12 ans
•    150 µg pour une personne de plus de 12 ans
•    250 µg pour une femme enceinte ou allaitante.

L’apport suffisant en iode est très important pour le bon développement des enfants et adolescents, de même que pour le maintien des facultés intellectuelles des adultes. Il est en revanche indispensable pour les femmes enceintes et allaitantes, car une carence en iode du fœtus peut causer des dommages irréversibles.

A l’inverse, un adulte sain peut supporter jusqu’à 1 mg d’iode par jour, soit environ sept fois la dose journalière recommandée. La limite est impossible à dépasser en mangeant normalement, sauf en abusant de compléments alimentaires.

La thyroïde produit deux hormones principales, le T3 (triiodothyronine) et le T4 (thyroxine), avec respectivement trois et quatre atomes d’iode. ces hormones sont essentielles pour le maintien du métabolisme de base de tous les organes, y compris le cerveau. La thyroïde libère ces hormones en rétroaction avec l’hypothalamus et l’hypophyse, deux glandes situées dans le cerveau. Ce système complexe permet au corps de réagir rapidement à des facteurs externes comme le stress ou la température.

Plusieurs substances viennent interférer:

  • Les goitrogènes alimentaires (choux, manioc, soja, millet, lentilles, etc.) inhibent l’iodisation.
  • Des contaminants comme les retardateurs de flamme bromés, les PCB (des composés chimiques aromatiques) et la dioxine sont des antagonistes de l’iode.
  • Les nitrates peuvent empêcher l’absorption d’iode par l’intestin, bien que la quantité présente dans nos aliments ne soit considérée comme pas assez importante pour avoir un effet visible.

Soulignons que les avis des scientifiques divergent concernant l’importance de toutes ces substances.

Plus d’infos: interview de la chercheuse Barbara Demeneix

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