6.2.2018, Laurence Julliard / Photo: shutterstock.com
Un étiquetage transparent serait un atout pour tous. Explication.
Savoir que les matières premières d’un produit transformé sont suisses, européennes ou chinoises fait partie des critères déterminants dans l’acte d’achat. Au même titre que l’aliment est labellisé ou non. La FRC, qui a toujours milité pour un étiquetage transparent (à lire dans notre chronique décryptage), retrousse ses manches davantage que de coutume. Avec ses consoeurs alémanique et tessinoise SKS et ACSI, elle fait signer une pétition électronique nationale, demandant aux fabricants, aux distributeurs et aux autorités d’agir.
Le texte «Je veux savoir d’où vient ce que je mange» circule sur internet et dans certains marchés de terroir. «Prenez notre action de sensibilisation autour des compotes de pommes», illustre Barbara Pfenniger, responsable alimentation à la FRC. Les deux tiers de ces produits industriels n’indiquaient pas clairement la provenance des fruits. «Or un acheteur laissé dans le flou ne peut pas choisir en connaissance de cause, assène la spécialiste. L’absence de transparence est la porte ouverte à des dérives de tous types: fraudes, modes de culture douteux, manque d’éthique. L’opacité dilue les responsabilités des acteurs tout au long de la chaîne alimentaire.»
Et la spécialiste de rappeler le scandale de la viande de cheval dans des lasagnes. «Ce n’est pas pour rien que 8 consommateurs sur 10 sont d’autant plus attentifs dès lors qu’il s’agit d’ingrédients d’origine animale», souligne-telle. Savoir où la matière première a été produite permet une maîtrise des chaînes d’approvisionnement. Le client en profite, comme les marques, dont l’image risque moins d’être écornée par des dérives similaires. Récemment, on a parlé des traces de glyphosate décelées dans les urines de Suisses. En cause, une forte concentration d’herbicide dans des pâtes au blé dur. «A nouveau, l’indication de la provenance du blé aurait permis aux consommateurs d’exclure de leurs achats une denrée issue de pays qui font usage de glyphosate avant récolte, comme les Etats-Unis ou le Canada.»
Si les organisations de défense des consommateurs agissent aujourd’hui, c’est que le cadre légal a ses limites. «La nouvelle législation permet de taire bien des informations, regrette encore Barbara Pfenniger. L’origine, notamment suisse, sert surtout d’argument commercial pour justifier un prix plus élevé, pas à promouvoir un choix éclairé! La Suisse, à l’avant-garde au départ, s’est fait prendre de vitesse: la France contraint d’indiquer l’origine du lait et de la viande dans les aliments transformés, l’Italie, celle du blé dur. Le Portugal, l’Espagne, la Grèce, la Finlande et la Lituanie suivent la même voie.