Matière grasse

Huile de palme: des logos et des mots…

Alors que les forêts vierges sont détruites au profit de gigantesques plantations de palmiers à huile, le consommateur se débat avec des informations lacunaires et des labels qui prêtent à confusion.
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06 novembre 2012

Difficile d’échapper à l’huile de palme et ses 45 millions de tonnes produites chaque année! Cette graisse s’infiltre partout. Dans l’alimentation – pâtisseries, pâtes à tartiner, barres chocolatées, snacks salés et de nombreux plats préparés –, mais aussi dans les cosmétiques, savons, détergents, onguents et bougies. L’engouement des fabricants est sans limites. Et pour cause. Peu coûteuse, l’huile de palme représente le liant idéal pour l’industrie. Ses principaux avantages? Etre transformable en une matière grasse solide à température ambiante, neutre au goût et stable à la cuisson.

Des réponses nuancées

Toutefois, cette prolifération de produits contenant de l’huile de palme interpelle et inquiète. Ces cultures intensives sont néfastes pour l’environnement. Dans les zones tropicales proches de l’équateur, essentiellement en Indonésie et en Malaisie, qui répondent à 80% de la demande mondiale, les palmeraies sont en effet synonymes de désastre écologique et de conflits sociaux. Car ces monocultures entraînent 80% à 100% de la destruction de la biodiversité – les habitats des orangs-outans, des éléphants ou des rhinocéros, pour ne citer qu’eux, sont saccagés –, tandis que leur expansion engendre des conflits de propriété ou de subsistance pour les populations locales.

Si ces critiques sont fondées, la réalité est plus nuancée. Tout comme les réponses à trouver. Les plantations de palmiers à huile constituent aussi une source majeure de revenus pour les pays en développement. De plus, il n’existe aucune panacée pour contrer l’huile de palme: d’autres cultures étendues à plus grande échelle ne s’avéreraient pas forcément meilleures sur le plan environnemental.  Tel le soja – et que dire des espèces transgéniques… – ou le coco, qui nécessitent plus de surfaces agricoles que l’huile de palme pour un même rendement.

Raison pour laquelle la FRC et ses consœurs européennes d’ICRT (International Consumer Research and Testing) ont fait un choix face à l’huile la plus consommée dans le monde, Inde et Chine en tête: celui de favoriser l’huile de palme durable. Pour y voir plus clair en la matière, une vaste enquête a été menée en Asie, les fabricants interrogés sur leur politique d’approvisionnement et les magasins en Suisse scannés, en particulier en ce qui concerne les produits portant un label qui garantit une huile durable.

Palme de la confusion

Une similarité graphique pour des significations bien distinctes.

Premier constat: difficile pour le consommateur soucieux de l’environnement de s’y retrouver, quand un savon The Body Shop est labellisé RSPO (pour Roundtable on Sustainable Palm Oil) et qu’un savon Le Petit Marseillais se trouve doté d’un GreenPalm, organisme approuvé par… le RSPO. Une différence peu compréhensible, d’autant que les deux logos, imprimés en noir et blanc, sont visuellement étrangement similaires. Mais si ces labels concernent bel et bien la production d’huile de palme, un critère essentiel les différencie: seul le premier garantit, grosso modo, un approvisionnement durable!

Certificats de bonne conscience

En clair, avec le label GreenPalm, des entreprises peuvent se revêtir d’une conscience écologique en passant par la filière la moins contraignante du RSPO, nommé Book&Claim, qui permet l’achat de certificats destinés à promouvoir des projets de développement pour l’équivalent de l’huile issue de voies non respectueuses de l’environnement… Or, comme cette option s’avère moins onéreuse pour les fabricants, nombreux sont ceux qui préfèrent «acheter des indulgences». C’est le cas, entre autres, de Johnson & Johnson, qui a acquis assez de certificats pour couvrir sa gamme de produits Le Petit Marseillais.

Impossible dès lors pour les consommateurs de distinguer les choix éthiques. Mais la démarche RSPO – créée en 2004 notamment par des géants de l’agroalimentaire, des producteurs et des distributeurs pour promouvoir l’huile de palme durable et lutter contre la déforestation –,bien qu’imparfaite, reste pour l’heure l’unique initiative valable dans ce domaine. Et son succès dépend entièrement de la bonne volonté de ses membres, libres de choisir le degré de leur engagement. Mise à jour février 2018: malheureusement, le RSPO n'a pas atteint ses promesses, il est sévèrement critiqué par la coalition suisse sur l'huile de palme.

Aujourd’hui, seuls 45% de l’huile produite dans des conditions durables sont achetés par les entreprises. Les 55% restants sont remis dans la filière classique, faute d’acheteurs. Mais certains producteurs jouent le jeu et sont entièrement passés à l’huile durable. Dans le domaine des cosmétiques, il s’agit, par exemple, de Weleda (qui n’est pas membre du RSPO pour autant), d’Yves Rocher et de The Body Shop. D’autres gros utilisateurs d’huile prévoient de remplacer progressivement les certificats par de l’huile certifiée d’ici à 2015, comme Migros, Mars ou Henkel. Espérons que ces engagements fassent… tache d’huile.

Huile durable: des entreprises aux engagements contrastés

 

 

 

 

 

 

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