Maria Sutter

Article : Terroir

«On a tellement de choix en Suisse»

1.11.2022, Propos recueillis par Laurence Julliard / Photo: Jean-Luc Barmaverain

Un produit régional, c’est quoi exactement ? Ceux rassemblés sous la bannière Pays romand - Pays gourmand ou regio.garantie obéissent à des critères précis qui garantissent des garde-fous. Le point avec Maria Sutter, cheville ouvrière de l’Association suisse des produits régionaux.



Maria Sutter est ingénieure agronome. Grisonne travaillant à Coire, elle connaît bien la Suisse romande pour avoir travaillé sur des exploitations (ovins/bovins, grandes cultures et maraîchères) plusieurs années. Ce bagage, elle l’a mis à la disposition, dès 2015, de l’Association suisse des produits régionaux (ASPR), dont elle est la Secrétaire générale jusqu’à la fin de l’année. Cet organisme faîtier est doté de quatre membres suprarégionaux: alpinavera, Culinarium, «Das Beste der Region» et Pays romand – Pays gourmand. Un des buts est de défendre les intérêts des produits du terroir regroupés sous le label de qualité regio.garantie vis-à-vis de la Confédération, des cantons, du commerce et d’autres organismes. Cela représente plus de 30 marques ou 13 000 produits certifiés partout dans le pays. La tenue prochaine du Salon des Goûts et Terroirs, à Bulle, est l’occasion de deviser à bâtons rompus.

On a tellement de choix en Suisse. Pas besoin d’aller voir ailleurs.

Maria Sutter, serez-vous, comme la FRC, présente à ce rendez-vous des gourmets entre le 30 novembre et le 4 décembre?

C’est l’association Pays romand – Pays gourmand qui sera de la partie afin de représenter ses marques, la diversité des terroirs de Suisse romande et regio.garantie.

Comment se porte l’évolution de la consommation de produits du terroir ces dernières années?

Les marques régionales ont vécu un très bel essor sous l’effet du Covid. En 2021, les 13 000 articles dotés du label regio.garantie représentaient un chiffre d’affaires d’environ 2,2 milliards de francs. Toutefois, la crise actuelle est en train de freiner leur croissance, car les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux prix. Mais il est encore trop tôt pour avoir des données qui permettent une analyse fine.

Et du côté de l’industrie, avez-vous noté des changements?

Les grands détaillants (dont Migros depuis les débuts et Aldi Suisse depuis octobre sont des partenaires directs) misent de plus en plus sur les produits régionaux certifiés, c’est réjouissant. Certains avec leurs propres labels, d’autres avec ceux de nos membres (Pays romand – Pays gourmand, p. ex., qui englobe sept marques) et le label national regio.garantie.

regio.garantie est un label qui montre la richesse et la diversité des identités régionales. Il offre des garanties.

Mais comment cela fonctionne-t-il précisément?

En tant que faîtière, l’ASPR a un rôle de conseil auprès des marques et des preneurs de licences afin de faire adopter les directives dont elle est propriétaire. Ainsi, pour être certifié, un produit doit être composé de matières premières régionales à 100% s’il est une denrée simple, et au moins à 80% s’il est transformé. Au moins deux tiers de la valeur ajoutée proviennent de la région. Enfin, les exceptions doivent être impérativement approuvées par une commission nationale interne et nommées sur l’étiquette. Afin que le consommateur reconnaisse la provenance sans être trompé, l’ASPR a établi un guide pour la déclaration de l’origine des ingrédients. Son objectif est d’avoir une transparence exemplaire permettant d’identifier facilement leur provenance. Il faut savoir que négocier ce consensus avec toutes les parties a pris plusieurs années. Mais l’entreprise a été couronnée de succès car, au final, tout le monde est convaincu par la démarche! Fabricants et marques régionales mettent un point d’honneur à trouver des ingrédients de proximité, même si ces derniers ne sont utilisés que dans un faible pourcentage dans le produit fini.

Donnez-nous un exemple.

Une fois, une recette exigeait de trouver un fournisseur de concentré de tomates. Il a fallu agrandir le cercle des recherches du plus local au plus large. Mais on a fini par trouver un acteur romand qui a pu travailler avec le producteur de Suisse centrale. C’est évidemment mieux que de se tourner vers l’Italie. La quête a été un sacré défi, mais quelle fierté de proposer un produit indigène! Et à chaque fois qu’un fabricant veut créer un nouveau produit certifié, il peut compter sur un réseau important qui va l’aider, justement, à trouver chaque ingrédient dans un périmètre le plus restreint possible.

Avez-vous aussi constaté une prise de conscience en matière environnementale et de bien-être animal?

Oui. Et la clientèle est sensible à ces critères-là, mais l’acte d’achat est aussi dicté par le prix. Ce dilemme n’est pas toujours facile à gérer.

Les prix, justement, ne sont-ils pas excessifs parfois?

Les coûts de production sont une réalité, mais producteurs et distributeurs ont aussi des politiques de prix différentes. Pour l’ASPR, il est important, que le producteur, à chaque échelon, puisse réaliser une marge supérieure, comparée à celle des produits standards. Cela dit, on trouve sur le marché des produits régionaux dans toutes les gammes de prix.

À votre avis, comment soutenir l’attrait pour le local et les circuits courts?

Il y a un énorme travail d’information à fournir pour que le consommateur reconnaisse facilement ce qu’est un bon produit régional. Il doit pouvoir identifier nos marques et comprendre ce qu’elles recouvrent, les valeurs qui les sous-tendent. C’est ainsi que le client développera sa confiance dans ce qu’il achète. En 2023, nous lancerons une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux pour que les gens apprivoisent mieux regio.garantie. Et puis, un événement comme Bulle, c’est l’occasion de faire découvrir et déguster les terroirs de Fribourg, Genève, Jura et Jura bernois, Neuchâtel, Valais et Vaud.

La démultiplication des labels, ce n’est pas source de confusion pour le client?

On est d’avis que la concurrence est source d’innovation, un élément catalyseur. Les marques qui peuvent convaincre survivront, les autres disparaîtront. Le fait d’avoir créé regio.garantie comme label national utilisable par toutes les marques affiliées à l’ASPR doit contribuer à la clarification et à la simplification du message. Il agit comme un fil conducteur. En Suisse, nous avons la chance d’avoir de très beaux exemples de projets issus de l’agriculture contractuelle de proximité. Nous avons un tissu de plus de 2500 producteurs, plus de 30 marques et des distributeurs qui misent sur des aliments certifiés. Nous avons bon espoir que la réputation des produits régionaux auprès du consommateur confirmera leur croissance organique et durable.

 

Devenez membre

Notre association tire sa force de ses membres

  • Vous obtenez l’accès à l’ensemble des prestations FRC
  • Vous recevez notre magazine FRC Mieux choisir
  • Vous pouvez compter sur notre équipe d’experts pour vous défendre
Devenez membre

Interpellation des grands distributeurs

 
Nous demandons aux distributeurs

  • cesser le marketing agressif sur les fraises, mais également sur d’autres denrées hors saison, que ce soit en rayon ou dans les différentes publications destinées à vos clients (catalogues, magazines, journaux, newsletter, etc.) ;
  • renoncer à disposer les fraises espagnoles aux endroits stratégiques de vos points de vente, à savoir en face de l’entrée, sur des ilots dédiés, ou en tête de gondoles ;
  • ne pas recourir à des mises en scène pour vendre la fraise hors saison (à savoir jusqu’en avril), en l’associant par exemple à de la crème et des tartelettes. Une demande valable aussi pour d’autres denrées, comme les asperges du Pérou associées à de la mayonnaise, viande séchée ou autre ;
  • indiquer clairement, de manière bien visible et transparente le pays de provenance ainsi que les noms des producteurs de fraises importées, que ce soit sur les affichettes qui accompagnent ces fruits en rayon, dans les publicités ou sur le dessus des barquettes ;
  • ne plus utiliser de formulations qui peuvent induire en erreur le consommateur sur la saison de la fraise en Suisse. Une demande valable pour la mise en rayon, ainsi que toute publication ;
  • être en mesure de prouver toute allégation de durabilité concernant l’assortiment.

Les dates de la tournée romande #Ramènetafraise

29.05.21Marché de Boudry (NE)
01.06.21Marché de Neuchâtel (NE)
02.06.21Marché de La Chaux-de-Fonds (NE)
04.06.21Marché de Fleurier (NE)
05.06.21Gare de Lausanne (VD)
12.06.21Gare de Genève (GE)
08.06.21Place fédérale (BE)
12.06.21Marché de Delémont (JU)
15.06.21Gare de Delémont (JU)
19.06.21Marché de Fribourg (FR)
27.09.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
09.09.21Semaine du goût Sion (VS)
25.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
05.10.21Les Jardins du Flon, à Lausanne (VD)
16.10.21Epicerie fine Côté Potager, à Vevey (VD)