27.5.2020, Aude Haenni / Photo: Jean-Luc Barmaverain
Mise à jour le 13.07.20
Il se décline en snack ou en repas. Mais peu à peu, le fast good concurrence le fast-food. Explications.
Avec son bun noir au charbon actif et ses graines de poivre rose, toute ressemblance avec un certain virus serait fortuite. Ou si peu! Son prix – 19 francs – contribue au clin d’oeil. «Cette édition limitée du Covburger a suscité beaucoup de commentaires sympas et drôles. Et nous avons été félicités pour son originalité», expliquent Andrew et Aline Antenen, de l’Auberge de Berolle (VD). Avec un brin d’humour, les tenanciers du restaurant démontrent que le hamburger se mange à toutes les sauces, en temps de crise comme au quotidien, à déguster à table comme en take-away. «Face à la situation, nous avons proposé un système de burgers à l’emporter qui remporte un franc succès. En moyenne, nous en produisons une cinquantaine, voire une soixantaine par jour.»
Qu’il pleuve ou qu’il vente, il semblerait bien que l’attrait pour le burger ne faiblisse pas. Et ce depuis de nombreuses décennies. En cause, la rapidité et le combo gras et sucre, souligne Didier Pourquery, auteur de l’ouvrage Une histoire de hamburger-frites (Ed. Laffont, 2019). Typique des bien établis McDonald’s et Burger King – plus récemment Five Guys – ainsi que des snacks de coins de rue.
Si ce n’est que le fast-food est depuis quelques années concurrencé par le fast good, selon une recette plus saine, attablé au bistro, dans les brasseries, aux tables gastronomiques ainsi qu’aux abords des food-trucks.
«On va au McDo par habitude, c’est rapide, on ne passe pas des heures à table: pas besoin d’attendre pour être placé et servi, pas de casse-tête pour diviser la note. Inglewood, L’Artisan, Green Van, etc., on y va pour des occasions spéciales. C’est vrai, c’est bien meilleur, plus esthétique, convivial… et quand c’est avec les parents, on ne paie pas !» Kiara, 15 ans, et Joanne, 17 ans
«Mon ketchup est six fois moins sucré qu’un industriel connu, j’ai des mayonnaises allégées au yogourt… Je propose aussi des burgers sans sauce, là au pesto d’ail des ours, prochainement au kimchi.» Chez Olivier Erard, propriétaire du food-truck jurassien Oli’s Food, on mise sur la qualité: pain maison à la farine multrigrains de Vicques, «qui tient mieux au niveau satiété», galettes végétariennes cuites dans un bouillon de légumes et snackées à la plancha, viandes cuites à basse température inversée. Bien que le menu en fasse rêver plus d’un, le cuisinier ne se leurre pas. «La junk food est une menace pour les jeunes. Les établissements savent comment les cerner, avec des prix bas, des horaires d’ouverture adaptés à la demande. Cependant, les goûts changent avec l’âge. On apprécie plus volontiers le fait maison. Et je remarque que les jeunes familles avec enfant, dont certaines ont parfois plus de moyens, réfléchissent plus à ce qu’elles mangent.» D’ailleurs, profiter d’un «joyeux repas» sain et gourmand ne mériterait-il pas le sacrifice d’un gadget en plastique?
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