L’eau vitaminée, souvent un energy drink déguisé

Elles promettent un effet relaxant ou, au contraire, énergisant voire stimulant le système immunitaire, grâce aux vitamines qu’elles contiennent. Pour s’assurer que leurs teneurs annoncées sont respectées, la FRC a envoyé douze boissons au laboratoire. Puis elle a évalué le taux de sucre, la présence d’édulcorants et de caféine. L’étiquette et les allégations ont été passées au peigne fin.

Nous avons comparé les taux de vitamines mesurés en laboratoire avec ceux indiqués sur le flacon. Si la valeur mesurée est égale ou plus grande, elle n’écope d’aucune pénalité; en revanche, si elle est inférieure de plus de 10%, la boisson est sanctionnée. Or les dosages de quatre produits ne correspondent pas à ceux indiqués sur l’emballage. En fin de compte, les résultats du laboratoire concordent avec ceux du test dédié aux compléments alimentaires en 2023: il manque des preuves claires de leur efficacité. Une alimentation équilibrée et variée leur est préférable. En l’absence de recommandations médicales, la complémentation en vitamines est inutile, voire contre-indiquée.

Peu à voir avec de l'eau

La lecture d’étiquette s’est avérée plus instructive. La moitié de ces boissons se présentent comme des eaux vitaminées, le mot «water» ou «aqua» faisant intrinsèquement partie du nom du produit. Si la Calm de Focus Water, sans sucre ni édulcorant, se démarque clairement, les autres n’ont que peu à voir avec de l’eau. Les Celsius, Lohilo, Saskia, Crane, Dr Niedermaier et Vitamin Well se définissent comme des boissons ou des drinks, dont la majorité est pleine de sucre. La pire, la Dr Niedermaier Beauty Full, en contient 57 g par litre. Les Aqua+, Celsius et Lohilo l’ont remplacé par des édulcorants, lesquels ne sont pas meilleurs pour la santé. Le nouvel algorithme du Nutri-score pénalise d’ailleurs leur présence dans son calcul.

Des boissons qui indiquent un effet énergisant en mettant en avant les vitamines ou en ne mentionnant pas leur taux de caféine de manière claire sont mal notées. Les canettes de Vitamine Well et Dr Niedermaier indiquent bien la présence de caféine sur la face avant, mais la teneur exacte est à chercher dans la liste d’ingrédients, en petits caractères. Celle de Lohilo précise la quantité contenue dans la boisson à la première ligne.

Une bonne dose de caféine

La Celsius n’indique rien, hormis un énigmatique «essential energy» qui ne veut rien dire. Enfin, l’Aqua+ d’Aldi est la boisson qui cache le plus son jeu: elle se présente comme une eau et exhibe une liste de vitamines sur la face avant. La présence de caféine ne figure qu’après, en allemand uniquement, et en petits caractères. Quant à son taux, il se trouve dans la liste d’ingrédients. Ces boissons peuvent contenir jusqu’à 32 mg de caféine par 100 ml (Celsius, Niedermaier et Lohilo). Soit comme un Red Bull. C’est donc beaucoup trop élevé pour un produit «vitaminé» à l’image saine. Certains emballages et noms évocateurs n’informent pas clairement sur la présence de caféine. C’est d’autant plus un problème pour qui cumule café, thé ou toute autre boisson énergisante tout au long de la journée. Rappelons que l’excès de caféine présente un danger pour la santé. Elle est d’ailleurs déconseillée aux femmes enceintes ainsi qu’aux enfants.

Les emballages de ces boissons vont de l’univers tropical voyant ou fun aux licornes et arcs-en-ciel, des packagings par ailleurs très attirants pour les enfants, jusqu’à un design «nutrition de pointe». Pourtant, elles restent dans leur majorité des boissons sucrées qui n’ont guère d’intérêt aux yeux de la FRC. Il suffit d’y ajouter de la caféine et/ou des édulcorants pour nous faire tourner les talons.

Le comparatif

Chlorothalonil

Syngenta contre OSAV: 0-1

En 2020, Syngenta déposait plainte contre l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), suite à sa publication indiquant que les résidus de chlorothalonil présents dans l’eau potable étaient potentiellement cancérigènes. L’OSAV avait été contraint de retirer cette information. Après quatre ans de procédure, le Tribunal administratif fédéral a mis un terme à ce muselage. L’office a donc publié des directives claires à l’attention des distributeurs d’eau s’agissant des valeurs limites des résidus de ce pesticide. Ces dernières faisant toutefois l’objet de nouvelles discussions en Europe, le sujet n’a pas fini de faire parler de lui.

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