13.10.2020, Anne Onidi
Les taux de ce fongicide et de ses dérivés dépassent les limites légales par endroits. Aux communes d’agir.
Le chlorothalonil, fongicide utilisé une quarantaine d’années dans la culture des légumes, pommes de terre, fleurs ornementales et dans la vigne, est banni en Suisse depuis cette année 2020. Il s’agit d’un cancérogène suspecté et ses dérivés chimiques sont également pointés du doigt pour le potentiel génotoxique (soit une altération des chromosomes et des gènes). Or, si l’agriculture n’y a désormais plus recours, cette substance et ses sous-produits restent bien présents dans les eaux souterraines, particulièrement celles du Plateau, et ce probablement longtemps. Le site de la Ville de Lausanne explique que «selon les spécialistes, il faudra attendre plusieurs années ou décennies pour que les traces laissées par les métabolites disparaissent de nos nappes phréatiques».
A Lausanne, justement, une solution a été trouvée pour fournir une eau réglementaire aux usagers. Les captages problématiques du réseau d’alimentation ont ainsi été écartés et compensés par l’eau du lac qui présente des concentrations inférieures à la limite fixée. Mais que vont pouvoir mettre en oeuvre les communes qui n’ont pas d’approvisionnements alternatifs? Certaines méthodes de traitement, comme la nanofiltration et l’osmose inverse, montrent de bons résultats sur ces micropolluants. Les distributeurs d’eau pourront-ils assumer ces investissements nécessaires?
En attendant une réponse concrète, le consommateur aura intérêt à se renseigner sur la qualité de l’eau auprès de son fournisseur. En cas de dépassement des limites, il pourra questionner le service compétent sur les mesures projetées. A noter que les carafes filtrantes ne sont d’aucun intérêt. Dans un test datant de 2016, l’émission A bon entendeur avait montré que si certains modèles retiennent efficacement les micropolluants, ils relarguent en contrepartie des métaux indésirables et/ou retiennent des minéraux nécessaires. Quant à l’eau en bouteille, elle n’est pas pure non plus et représente un non-sens écologique.