Article : Enfants

Malbouffe sur plateau télé

Enfants: marketing et malbouffe

3.7.2012, Dossier réalisé par Elisabeth Kim et Barbara Pfenniger / Photo: Sébastien Féval

Un petit Helvète posté devant son programme favori ingurgite près de 19 publicités par heure. La FRC a analysé les marques agroalimentaires les plus présentes dans les émissions s’adressant aux juniors. McDonald’s est incontestablement le numéro un.



Au royaume du surpoids, les liens calorifiques qui unissent la malbouffe à la télévision, en particulier s’agissant des plus jeunes téléspectateurs, peuvent difficilement être niés aujourd’hui. Pas même par les entreprises. La dernière en date, et pas des moindres puisqu’il s’agit de Walt Disney, promet de ne diffuser que des publicités vantant des aliments sains sur ses propres chaînes TV, radio et sites internet… Au-delà de l’effet d’annonce, la déclaration du géant américain est symptomatique d’un malaise mondialisé.

Un grand nombre d’études montrent que sur le Vieux-Continent également un enfant sur cinq souffre de surpoids, voire d’obésité. Telle l’étude européenne IDEFICS*, effectuée sur un panel de plus de 16 000 bambins âgés de 2 à 10 ans, qui met en évidence l’effet grossissant du petit écran. Car plus les gosses consacrent du temps à la télévision, plus leur tour de taille augmente. Par manque d’exercice physique, mais aussi en préférant une alimentation trop grasse ou trop sucrée, denrées souvent vantées au travers des spots.

Un Kiwi pas si vitaminé

Face à ce problème de santé publique, les multinationales de l’agroalimentaire ont fait vœu d’un marketing plus moralisé. En Suisse, 11 entreprises ont même renoncé volontairement, sous la bannière de Swiss Pledge, à diffuser de la publicité destinée aux enfants de moins de 12 ans (lire ci-dessous). Un message reçu 5 sur 5 par la FRC et ses consœurs alémanique et tessinoise, qui ont voulu vérifier si celles-ci respectaient cet engagement. Pour ce faire, une enquête a été élaborée en collaboration avec l’Institute of Communication and Health de l’Université de Lugano, qui a déjà mené une recherche similaire en 2006 intitulée Kiwi (pour Kinderwerbung im Fernsehen), sur mandat de l’OFSP. Avec Kiwi 2, 671 heures de télévision – 266 heures en Suisse romande – sur six chaînes nationales (RTS1, RTS2, SF1, SF2, RSI1, RSI2) ont été enregistrées et analysées l’automne dernier.

Pourquoi se limiter aux chaînes suisses? D’une part, pour des raisons logistiques, d’autre part, afin de pouvoir entamer le dialogue avec des entreprises établies dans le pays. A noter que l’étude porte sur des programmes spécifiquement dédiés aux enfants, mais aussi sur des émissions du soir, de 18 h à 21 h, qui réunissent un grand nombre de juniors, selon l’institut Mediapulse, téléjournal et météo en tête.

Matraquage alimentaire

Que révèle, en substance, l’enquête Kiwi 2, qui sera publiée dans son intégralité cet automne sur le site de la FRC, et dont l’analyse porte sur près de 13 000 publicités? En moyenne, un petit téléspectateur suisse «consomme» 18,5 spots par heure. Cette proportion peut varier fortement, passant de 7 à 27 publicités en fonction des plages horaires, des émissions et des régions.

Autre constat: près d’un quart des publicités diffusées durant les programmes pour enfants – 31% dans le cas des Romands – concernent des denrées alimentaires, avec, comme champion toute catégorie, McDonald’s, dont les réclames représentent 49,9% des marques présentes durant ces tranches! Les petits Helvètes ingurgitent donc un grand nombre de messages publicitaires sur des aliments qui sont bien loin de correspondre aux recommandations officielles pour une assiette saine! Le leader du fast-food, au demeurant non signataire de Swiss Pledge, se défend en affirmant que ses spots pour Happy Meal mettent en avant «une combinaison de produits équilibrés: nuggets au poulet, sticks de carottes et eau», selon sa porte-parole, Aglaë Strachwitz.

Pour des standards plus sévères

Du côté des firmes s’étant engagées pour une communication allégée, l’étude Kiwi 2 a pu constater des faits réjouissants. Ainsi, Danone, Pepsico ou Procter&Gamble notamment ont bien été aux abonnés absents durant la période observée. D’autres, comme Kellogg’s et Nestlé, respectent leur engagement, certes, mais au travers de barèmes nutritionnels très permissifs. En Grande-Bretagne, pays où les standards concernant les jeunes sont bien plus restrictifs, ces marques ne seraient pas autorisées à être présentes durant les programmes pour enfants. Des critères exigeants que la FRC entend propager au sein de Swiss Pledge.

Pour en savoir plus: les résultats détaillés de l’étude des pubs TV
Site en anglais: ideficsstudy.eu/Idefics

Voir aussi: la FRC s’engage et interpelle McDonald’s et Ferrero

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Interpellation des grands distributeurs

 
Nous demandons aux distributeurs

  • cesser le marketing agressif sur les fraises, mais également sur d’autres denrées hors saison, que ce soit en rayon ou dans les différentes publications destinées à vos clients (catalogues, magazines, journaux, newsletter, etc.) ;
  • renoncer à disposer les fraises espagnoles aux endroits stratégiques de vos points de vente, à savoir en face de l’entrée, sur des ilots dédiés, ou en tête de gondoles ;
  • ne pas recourir à des mises en scène pour vendre la fraise hors saison (à savoir jusqu’en avril), en l’associant par exemple à de la crème et des tartelettes. Une demande valable aussi pour d’autres denrées, comme les asperges du Pérou associées à de la mayonnaise, viande séchée ou autre ;
  • indiquer clairement, de manière bien visible et transparente le pays de provenance ainsi que les noms des producteurs de fraises importées, que ce soit sur les affichettes qui accompagnent ces fruits en rayon, dans les publicités ou sur le dessus des barquettes ;
  • ne plus utiliser de formulations qui peuvent induire en erreur le consommateur sur la saison de la fraise en Suisse. Une demande valable pour la mise en rayon, ainsi que toute publication ;
  • être en mesure de prouver toute allégation de durabilité concernant l’assortiment.

Les dates de la tournée romande #Ramènetafraise

29.05.21Marché de Boudry (NE)
01.06.21Marché de Neuchâtel (NE)
02.06.21Marché de La Chaux-de-Fonds (NE)
04.06.21Marché de Fleurier (NE)
05.06.21Gare de Lausanne (VD)
12.06.21Gare de Genève (GE)
08.06.21Place fédérale (BE)
12.06.21Marché de Delémont (JU)
15.06.21Gare de Delémont (JU)
19.06.21Marché de Fribourg (FR)
27.09.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
09.09.21Semaine du goût Sion (VS)
25.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
05.10.21Les Jardins du Flon, à Lausanne (VD)
16.10.21Epicerie fine Côté Potager, à Vevey (VD)