27/5/2016
Les viandes disponibles sur les étals contiennent de plus en plus de bactéries résistantes aux antibiotiques. Un constat inquiétant, révélateur d'un grand problème de santé publique.
Dossier : Antibiorésistance dans la nourriture
27/5/2016
Les viandes disponibles sur les étals contiennent de plus en plus de bactéries résistantes aux antibiotiques. Un constat inquiétant, révélateur d'un grand problème de santé publique.
Chaque usage inapproprié d’antibiotiques risque de créer des bactéries résistantes, aussi en médecine vétérinaire. Cet aspect est d’autant plus important qu’une grande part des antibiotiques est utilisée pour les animaux de rente, à l’instar des Etats Unis où 80% sont destinés à l’élevage.
Les bactéries résistantes développées dans les intestins des animaux peuvent ensuite contaminer les humains par la viande, notamment celle de volaille. Les végétariens y sont également exposés par contact ou via l’environnement. Le risque: que les antibiotiques ne soient plus efficaces en cas d’infection.
L’hygiène en cuisine est la meilleure arme pour empêcher la propagation de microorganismes invisibles, dont les bactéries résistantes:
Ces gestes en cuisine sont complétés par l’usage judicieux des antibiotiques en médecine humaine.
Se protéger contre les bactéries résistantes est important. Toutefois, le test de la FRC, ainsi que les analyses suisses et européennes ont montré que seules des mesures rigoureuses tout au long de la chaîne alimentaire permettent d’agir à la source.
La FRC a donc rempli une «ordonnance médicale» à l’attention des décideurs suisses et européens, pour traiter le mal à la racine:
Par ailleurs, la FRC et ses collègues alémaniques et tessinois se sont également adressés aux chaînes de fast-food, grands acheteurs de viande, afin qu’elles relayent ces exigences auprès de leurs fournisseurs.
En réponse aux nombreuses demandes, la Suisse a élaboré une Stratégie nationale contre la résistance aux antibiotiques (StAR) avec tous les acteurs, dont la FRC. L’ordonnance sur les médicaments vétérinaires a été révisée, plusieurs collaborations ont commencé et les premiers avancements ont été communiqués fin 2016. L’élevage et le transport des veaux et des porcs ont notamment été revus de manière critique pour mieux préserver la santé des animaux.
Toutefois, nous attendons avec impatience la pièce maîtresse de la stratégie, la base de données détaillée des prescriptions vétérinaires. Elle doit permettre d’améliorer les points faibles dans l’élevage de manière précise et finalement démontrer si la stratégie est efficace. Probablement dès 2019.
L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tirent également la sonnette alarme, en 2017: l’antibiorésistance est un problème mondial qui se propage par les voyages et par les échanges commerciaux. Une raison de plus pour les organisations de consommateurs de collaborer au niveau européen (BEUC) et au niveau mondial (Consumers international). Le prix décerné au BEUC et ses partenaires encourage à poursuivre ces collaborations contre le fléau invisible.