4.6.2019, Robin Eymann et Laurence Julliard
Plus cher en Suisse qu'à l'étranger: les écarts restent importants et injustifiés. Des mesures doivent être prises.
Le Baromètre des prix, cela vous rappelle-t-il quelque chose? Cet instrument de comparaison avait été initié en 2012 par les organismes de défense des consommateurs. Il s’agissait de documenter les variations de prix entre la Suisse et les pays limitrophes pour mettre fin aux abus d’entreprises étrangères profitant du pouvoir d’achat des clients helvétiques. Près de trois ans après les derniers relevés de prix, voilà donc le Baromètre qui reprend du service!
En avril dernier, la FRC et ses partenaires alémanique et tessinois de l’Alliance SKS et ACSI se sont donc rendus en magasin ou ont surfé sur internet, traquant les prix d’un panier identique de part et d’autre de la frontière pour deux catégories d’articles: la presse magazine et le prêt-à-porter. Sans grande surprise, le Suisse voit son porte-monnaie s’alléger significativement plus que celui de ses voisins.
Le lecteur paie ses titres de presse étrangère en moyenne 56,5% de plus qu’en France, 50,9% qu’en Allemagne et même 127% qu’en Italie! C’est ce qui ressort de ce récent relevé effectué sur 115 articles entre les quatre pays.
Concernant la presse magazine de langue française, les cas les plus criants pour la Suisse romande sont le mensuel féminin de mode et de beauté Marie Claire, qui coûte 123% plus cher en Suisse qu’en France, et Télé 7 jours, un des fleurons du groupe Lagardère (121%). La différence est moins marquée pour les hebdomadaires de BD enfantine Le Journal de Mickey et d’actualité L’Express, avec un écart d’environ 17%. La palme du pire toutes catégories revient au magazine automobile italien Quattroruote, commercialisé 245% plus cher en Suisse que dans son pays d’origine.
Au cours des cinq dernières années, les variations sur ces articles sont restées sensiblement les mêmes: en juin 2014, l’écart était de 55% avec la France, 49% avec l’Allemagne et 124% avec l’Italie. L’abandon du taux plancher, début 2015, avait temporairement et exceptionnellement creusé l’écart.
Dans le secteur du prêt-à-porter, la hausse sur un comparatif de 150 articles est en moyenne de 25%. Le coup de sonde inclut les marques Esprit, H&M, Mango, Vero Moda et Zara. En considérant les prix sans TVA, la différence serait encore plus importante puisque cette taxe est plus basse en Suisse.
Aux politiques d’agir
Le «supplément suisse» pour un produit identique varie selon les enseignes: de 16,7% chez H&M, il passe à 32,1% chez Esprit. Dans la fourchette intermédiaire, on trouve Vero Moda (21,8%), Mango (23,1%) et Zara (28,4%). Dans le secteur du vêtement aussi, les différences de prix sont restées relativement stables par rapport aux relevés de 2012 à 2015, qui étaient de l’ordre de 24,7% à 31,4%.
Selon les études du Surveillant des prix ou du lobby du commerce de détail, les salaires suisses ne sont pas responsables des écarts injustifiés. Il est temps que le monde politique prenne des mesures concrètes pour mettre fin aux abus.
Détails: barometredesprix.ch