3.10.2024, Laurianne Altwegg
L’industrie textile ultra polluante dope le marché de l’occasion, mais l’effet n’est pas toujours celui escompté. Explications.
En Suisse, chaque personne donne environ 7 kg d’habits usagés par année, le plus souvent via les containers mis en place par Texaid ou Tell-Tex. Ces derniers permettent ainsi de collecter 84% des 60 000 tonnes récupérées annuellement.
Ce modèle a toutefois ses limites: alors que 98% de la collecte est envoyée à l’étranger pour être triée, moins de 40% revient en Suisse ou en Europe en tant qu’habits d’occasion. Une proportion qui tend à diminuer, car la qualité des articles est en baisse et seuls les produits irréprochables peuvent être vendus. La raison: les quantités astronomiques de vêtements jetables de l’ultra fast fashion.
La production de vêtements a augmenté de 100% entre 2000 et 2015. Le total de vêtements produits chaque année se monte à 150 milliards. (Source: Ellen MacArthur Foundation)
Le reste de la collecte est soit recyclé ou éliminé (40%), soit réexporté (20%) majoritairement vers l’Afrique ou l’Asie, où ces produits, souvent invendables, s’accumulent dans des décharges à ciel ouvert, provoquant les désastres environnementaux que l’on connaît. Pour limiter ces effets délétères, donner ses habits directement à des organisations caritatives en se rendant dans leurs magasins ou les revendre soi-même est la bonne solution (voir les Bonnes adresses FRC).
87% des 1,7 million de tonnes de textiles usagés européens sont exportés chaque année en Afrique ou en Asie (source: EEA, 2019)
En revanche, les offrir à des enseignes de mode qui ont mis en place des points de collecte dans leurs magasins (p. ex. H&M) est à éviter: non seulement elles font concurrence aux œuvres d’entraide et participent au problème en revendant ces vêtements à des grossistes, mais elles stimulent aussi la surproduction de textiles en faisant venir en magasin des clients qui reçoivent un bon d’achat en échange de leurs vieux habits.
Un point qui concerne aussi les plateformes de vente en ligne, car lorsqu’elles permettent de se débarrasser de ses habits en toute bonne conscience pour acheter davantage de neuf, c’est alors la seconde main qui dope l’industrie textile. Seule solution: limiter la surconsommation, même de seconde main.
Nos conseils:
- Nos Bonnes adresses réutilisation dans le textile
- Tour d’horizon de certaines plateformes de vide-dressing en Suisse romande
- Les bourses aux habits FRC
- Nos 8 clés pour une mode éthique
- Nouvelle évaluation des labels textiles sur Labelinfo.ch
Pour aller plus loin:
- Quantis (sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement, OFEV, 2024), Flux de textiles usagés en Suisse
- European Environment Agency (2023), EU exports of used textiles in Europe’s circular economy
- SWISSINFO (2022), Le désastre environnemental du circuit de la fripe
- Ellen MacArthur Foundation (2021), Circular business models: redefining growth for a thriving fashion industry
Retrouvez toutes nos capsules «Écolo ou pas» sur notre compte Instagram!