10.9.2024, Anne Onidi / Crédit photo: Shutterstock
Tous les modèles renferment des PFAS, une famille de composés nocifs pour l’environnement et la santé. Même ceux affirmant ne pas en avoir.
La FRC, préoccupée par la problématique des PFAS, a démarré une série de tests dans l’idée de mener des discussions avec les fabricants, puisque certaines substances sont évitables. Au printemps, notre association avait testé les rideaux de douche, eux aussi imprégnés de ces substances chimiques déperlantes. Cet automne, c’est au tour des vestes imperméables pour enfant de passer au laboratoire.
La FRC a comparé dix modèles, vendus entre 29 fr. 90 et 80 francs, et recherché 31 substances sur la dizaine de milliers que compte la famille des «polluants éternels». Entre quatre et neuf molécules ont été détectées. Pour juger ces résultats, nous avons considéré la quantité totale de PFAS, puis le nombre de molécules différentes. Les conclusions sont préoccupantes à plusieurs titres. D’abord parce que ces articles s’adressent à une population particulièrement vulnérable. Ils ne devraient contenir aucune substance nocive. Ensuite, parce que nos analyses ne visent pas la totalité des PFAS, mais 31 substances: nos éprouvettes ne visibilisent que l’extrême pointe de l’iceberg…
La moitié des vestes sont étiquetées «PFC free». Les PFC – des composés perfluorés – sont une famille appartenant aux PFAS; l’industrie les utilise ici à tort comme synonymes. En clair, «PFC free» signifierait «exempt de PFAS». Or les cinq vestes en contiennent bel et bien (de cinq à treize). La clientèle reçoit donc une information erronée susceptible de l’inciter à opter pour un vêtement plutôt qu’un autre. Aussi, avons-nous retiré un point à leur note.
«Nos résultats prouvent que les composés perfluorés restent présents partout. Même dans des produits de marques qui prétendent les bannir.» Anne Onidi, journaliste scientifique, spécialiste Tests comparatifs
Nous avons demandé aux fabricants concernés de préciser sur quoi se base leur «PFC free». Chez Ochsner Sport (46 Nord), le système de contrôle semble inexistant: «Nous nous assurons auprès de nos fournisseurs qu’ils n’utilisent pas activement de PFC en leur adressant des directives internes. Nous garantissons ainsi une production «sans PFC». Vaude répond: «Nous avons recours à des composés chimiques alternatifs qui renoncent à l’utilisation délibérée de PFAS.» Quant à H&M, elle déclare effectuer des analyses de contrôle. Tchibo ne répond pas à la question et Rukka n’y a pas donné suite.
Vaude prend notre test au sérieux
Certaines marques, connues pour leur engagement en faveur de l’environnement, communiquent leurs efforts pour développer de nouveaux matériaux plus respectueux de la nature et des êtres humains, recyclés et exempts de PFAS. Vaude est sans conteste la marque de vêtements de loisir ayant la meilleure réputation. Elle s’est emparée en pionnière du problème des PFAS. Or ici sept molécules ont été trouvées dans le modèle Kids Turaco Jacket III. On est bien loin du produit écologique. Toutefois, Vaude prend notre test au sérieux: «Par mesure de sécurité, nous avons envoyé une veste à un institut de contrôle externe. Nous supposons que ces résultats sont dus soit à des impuretés dans les produits chimiques de base, soit à des impuretés dans l’eau brute, soit à des contaminations dans le processus de fabrication. Nous sommes en contact avec nos partenaires à ce sujet.».