22.2.2011, Anne Onidi
La FRC réexamine le taux de sel de 42 produits testés en 2008. Malgré les promesses des distributeurs, rien n'a vraiment bougé.
Deux cuillérées à thé de sel: c’est actuellement ce que les Suisses consomment quotidiennement. Deux cuillérées, c’est l’équivalent de 10 grammes de sel, soit le double de ce que recommande l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Manger trop de sel, c’est prendre le risque de faire grimper sa pression artérielle. Or l’hypertension augmente radicalement la probabilité de souffrir de maladies cardiovasculaires mortelles. Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), l’excès de sel tuerait chaque année 1700 personnes en Suisse.
Pourquoi mangeons-nous trop salé? Parce qu’une bonne partie des aliments que nous ingérons n’ont pas été préparés par nos soins. Pain, fromage, charcuterie figurent parmi les principales sources de sel, suivis par les plats préparés et les snacks. Les industriels de l’agroalimentaire salent beaucoup et trop, mais… promettent de faire des efforts: en novembre 2009, Coop et Migros ont garanti leur participation au plan Actionsanté de l’OFSP visant, entre autres, à réduire la consommation de sel (lire ci-contre).
Un immobilisme irritant
A une année de l’échéance de ce programme (les promesses des distributeurs doivent être effectives en 2012), la FRC a souhaité évaluer l’avancée des travaux. Pour ce faire, elle a fait analyser la teneur en sel de 42 produits qu’elle avait déjà contrôlés en 2008. Verdict: les taux de sel montent (11) presque autant qu’ils baissent (13).
Les trois diminutions les plus importantes – près d’un tiers de sel en moins – concernent des plats préparés. L’émincé de poulet au curry avec riz d’Anna’s Best (Migros) passe donc d’un peu plus de 4 grammes de sel la portion à 3 grammes. Toujours au rayon du tout-prêt, les lasagnes bolognaises d’Anna’s Best (Migros) affichent une petite baisse de près de 10%. Mais, au final, une portion apporte 4,5 grammes de sel, soit presque la dose que préconise l’OMS!
Dans le groupe des taux de sel en sommeil depuis 2008, certains produits agacent plus que d’autres. C’est par exemple le cas des corn flakes de Migros, qui en contiennent 2 grammes pour 100 grammes. Soit 10 grammes le paquet. Pour comparaison, un paquet familial de chips nature Zweifel en compte 3,6 grammes! La FRC s’était déjà insurgée à ce sujet en 2005, puis en 2008, et là, en 2011, elle perd patience. Quand on voit que des baisses de 33% sont possibles, l’immobilisme de certains irrite vraiment.
Etiquettes menteuses
Les recettes de deux autres produits Migros doivent encore être revues: la crème de carottes d’Anna’s Best et les délices aux épinards surgelés dépassent les normes que le distributeur s’est fixées. Mais il a encore une année pour adapter ses recettes.
Les tortellini aux épinards de Migros répondent, eux, à la norme que la firme s’est fixée… enfin, elle y répond sur l’étiquette! 1,1 gramme de sel pour 100 grammes, c’est ce qui est affiché. En réalité, ce produit en contient 1,3 gramme pour 100 grammes. Sur une portion de 250 grammes, la différence demeure substantielle.
Les chips sont réputées pour être très salées. Ce qui est bien le cas, mais pas autant qu’on le croit. Avec 0,8 gramme pour 100 grammes en 2008, ce snack s’en sortait plutôt bien pour un aliment occasionnel. Malheureusement, en deux ans, les mêmes chips Zweifel ont gonflé leur taux de presque 50%. L’emballage affiche une teneur de 1 g/100 g, mais le laboratoire, lui, en a décelé 1,2 g/100 g. Un résultat qui est tout sauf craquant…