7.9.2020, Sandra Imsand / Le co-fondateur de l'association SOS Fruits, Gaël Mauron, en pleine récolte. Images: SI
Une association vaudoise met en commun des propriétaires d'arbres fruitiers et des bénévoles prêts à faire la récolte. Une initiative qui relie les gens et lutte contre le gaspillage alimentaire. Reportage.
Sur le mirabellier, Gaël Mauron est déjà à l’œuvre. L’air concentré, le Vaudois attrape les fruits mûrs et les glisse dans le bac attaché à sa ceinture. «C’est fou ce que la nature peut nous donner!» En haut de l’échelle, Basile Gex ramasse ceux situés tout en haut de l’arbre. Très rapidement, les paniers se remplissent de belles petites prunes jaunes. L’un et l’autre sont actifs dans l’association SOS Fruits.
Contacts noués avec un verger et une coopérative
Durant le printemps, Yvain Mauron a eu l’idée d’aller sonner chez des propriétaires dont les arbres croulaient sous les cerises pour leur demander s’il pouvait les cueillir. «Avant, un arbre nourrissait une famille entière. Tous ses membres participaient à la cueillette et à la conservation de la récolte, explique son frère Gaël. Aujourd’hui, les habitudes ont changé, et cela nous faisait mal au cœur de voir tous ces fruits pourrir au sol.»
Suite à quelques expériences positives et au bouche-à-oreille, ils ont décidé de créer une association, SOS Fruits, pour mettre en relation les propriétaires d’arbres dans la région d’Yverdon-les-Bains et des bénévoles – déjà une septantaine – prêts à grimper aux échelles. La récolte est ensuite partagée à part égale entre les membres de l’association présents sur place, les bénévoles et les propriétaires. «Nous avons par la suite constaté qu’il existait déjà des initiatives similaires dans les régions de Neuchâtel et de Lausanne, se réjouit Gaël. C’est super, car ainsi moins de fruits seront gâchés!»
Basile Gex et Gaël Mauron, sur leur échelle, doivent faire attention aux guêpes!
Durant les premiers mois d’existence de SOS Fruits, les Vaudois ont noué des contacts et pris la mesure de ce qu’il fallait mettre en place pour la pérennisation de l’association, comme la communication avec les propriétaires, l’achat de matériel, etc. Quelques cueillettes ont aussi eu lieu, comme ce vendredi à Suscévaz, à mi-chemin entre Yverdon-les-Bains et Orbe. Michel et sa fille Léna viennent remplir leur sac de mirabelles chez un particulier, en vacances à ce moment-là. Qui dit fruits mûrs à souhait dit également cohortes d’insectes à l’affût. Les guêpes qui tournoient dans l’arbre ne rassurent pas beaucoup Léna, qui préfère trier les fruits au sol. Un élément dont les fondateurs de l’association devront aussi tenir compte à l’avenir: indiquer aux bénévoles de prendre des précautions pour éviter les piqûres.
Souvenirs de vacances
«Cette année, nous voulons créer un carnet d’adresses, explique Gaël Mauron, tout en se contorsionnant entre les branches. Pour le moment, nous venons à chaque fois. Mais, à terme, nous aimerions assurer la coordination entre propriétaire et bénévoles.» L’Yverdonnois, ingénieur en télécoms, aime le fait que cette activité lui permette de passer du temps à l’extérieur. «D’habitude, je suis assis toute la journée devant un ordinateur, c’est pas mal de changer!», sourit-il. Et pour l’avenir, les projets sont nombreux. SOS Fruits a notamment pris des contact avec un verger de conservation qui compte 110 espèces ainsi qu’avec la coopérative L’Autre Temps à Chavornay, qui propose des programmes d’insertion socioprofessionnelle en rapport avec les fruits, leur conservation et transformation. L’an prochain, des ateliers confitures pourraient par exemple être réalisés.
Quant à Léna, elle repart ravie de sa première cueillette. Les mirabelles lui rappellent des souvenirs de vacances, quand sa famille et elle s’arrêtaient au bord de la route en Lorraine, en France, pour acheter ces fruits directement aux producteurs. Que faire de sa récolte? Confiture? Tartes? Délicieux dilemme.