6.6.2014, Barbara Pfenniger / Photo Shutterstock / gilya
De la ractopamine dans de la viande de bœuf importée des Etats Unis. Lors de contrôles, le chimiste cantonal zurichois a découvert ce stimulateur de croissance. Problème: son usage est interdit en Suisse.
Lors de ses contrôles réguliers en 2013, le service du chimiste cantonal zurichois a décelé des résidus de ractopamine dans de la viande de bœuf. Il s’agissait de viande «premium» (filet, rumsteak) importée des Etats-Unis. La ractopamine fait partie des substances qui font croître rapidement les bovins et les porcs, tout en consommant moins de fourrages. La stimulation par des hormones et/ou des antibiotiques pour augmenter le rendement économique des élevages est une méthode d’élevage interdite en Suisse. En Europe, également.
Néanmoins, particularité helvétique, la Suisse autorise l’importation de cette viande pour autant que deux conditions soient remplies: la mention «Peut avoir été produit(e) avec des stimulateurs de performance hormonaux» ou «Peut avoir été produit(e) avec des stimulateurs de performance non hormonaux, tels que les antibiotiques» doit figurer sur l’étiquette et la viande doit être accompagnée d’un certificat pour empêcher son exportation illégale dans un pays voisin.
La Suisse est le seul pays d’Europe a faire ce grand écart: interdire certaines méthodes à l’intérieur du pays tout en autorisant l’importation de viande produite de cette manière. Seule condition posée: le consommateur doit en être informé, soit par une inscription en (trop) petits caractères sur l’étiquette ou par une indication écrite dans les restaurants. La responsabilité est donc laissée au seul consommateur final… qui découvre généralement cette information en lisant le dos de l’emballage une fois à la maison.
La ractopamine rend les animaux malades
La ractopamine fait partie des substances qui sont administrées jusqu’au moment de l’abattage. Des résidus peuvent persister dans la viande comme l’ont démontré les services du chimistes cantonal zurichois. Ces traces sont faibles, mais néanmoins de trop. La ractopamine a provoqué une levée de boucliers de la part des protecteurs des animaux. Cette substance fait partie des bêta-agonistes et son action ressemble aux hormones de stress: elle augmente certes la production de viande de 10%, mais accélère le rythme cardiaque et élargit les vaisseaux sanguins. En raison de leur croissance trop rapide, de nombreux animaux sont incapables de tenir sur leurs pattes au moment de l’abattage. Ils souffrent d’hyperactivité, de tremblements et même de fractures.
La Californie avait édicté une loi obligeant à euthanasier ces animaux malades, mais sous la pression des producteurs de viande, la Court suprême des Etats-Unis a décidé de révoquer ce jugement. La viande issue de ces animaux peut donc être commercialisée. Les études financées par le fabricant de la ractopamine ont convaincu la Food and Drug Administration américaine (FDA) de son innocuité. En Europe, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) n’est pas parvenue aux mêmes conclusions.
La pointe de l’iceberg
La ractopamine n’est qu’un des nombreux compléments ajoutés dans certains pays (Etats-Unis et Brésil notamment) dans les aliments pour animaux de ferme pour produire plus de viande à moindre coût. Un réalité bien éloignée des images bucoliques de l’agriculture transmises par la publicité. Or, la conclusion d’accord de libre-échange avec des pays autorisant ce genre de méthode de production pourrait provoquer l’augmentation des quantités importées. Raison de plus de se renseigner avec insistance sur la provenance et les modes de production de leurs aliments. Cette information est obligatoire dans les magasins et dans les restaurants. Prenez le temps de lire les emballages et osez la demander!