4.3.2025, Laurianne Altwegg / Même bien recyclé, le PET nécessite trop de ressources, comparé aux bouteilles réutilisables.
Face aux poubelles qui débordent de plastique, le recyclage est très attendu. Mais est-ce valable d’un point de vue écologique? Éclairage.
Avec ses 120 kilos par an et par personne dont 35% d’emballages à usage souvent unique, la Suisse est une grande consommatrice de plastique. La majorité finit incinérée, et 9% sont recyclés. Augmenter cette part paraît donc judicieux, bien que le gain environnemental soit limité par rapport à l’incinération. En revanche, le processus est complexe en raison de la diversité des matériaux, qui ne peuvent être recyclés ensemble. Car selon les propriétés recherchées (solidité, élasticité, p. ex.), le polymère et les additifs varient, ou les produits sont un mélange de plusieurs matières.
Il ne faut pas croire que le recyclage permet de réutiliser le plastique à l’identique et de manière infinie.
Autre obstacle majeur: les additifs toxiques qui migrent vers les aliments, empêchant ainsi la réutilisation des anciens emballages pour en fabriquer de nouveaux. Ainsi, au lieu de recycler, on pratique souvent le décyclage, c’est-à-dire la fabrication d’objets différents, comme des meubles. D’où l’intérêt d’une collecte séparée comme celle du PET, qui permet de reproduire des bouteilles à boissons grâce à la séparation d’avec les autres déchets plastiques. Même dans ce cas, il reste nécessaire d’ajouter quantité de matière vierge pour remplacer celle dégradée par le processus.
Surtout, le recyclage ne règle pas le problème de la surconsommation de plastique, voire y contribue en donnant la fausse impression qu’il apporte la solution. Cela alors que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) rappelle que la production pourrait augmenter de 70% d’ici à 2040. Diminuer le volume est donc prioritaire – notamment en remplaçant les emballages à usage unique par du réutilisable partout où cela est possible – et le recyclage doit rester une solution de dernier recours.
Pour aller plus loin:
- OCDE (2024), Scénarios d’action pour l’élimination de la pollution plastique à l’horizon 2040
- Rapport du Conseil fédéral (2022), Matières plastiques dans l’environnement, et site de l’Office fédéral de l’environnement, rubrique Matières plastiques
- Gontard Nathalie (directrice de recherche à INRAE et spécialiste des emballages plastique), avec Seignier Hélène, Plastique: le grand emballement, éditions Stock, 2020
- Geueke B., Phelps Dw., Parkinson Lv. and Muncke J. (2023), Hazardous chemicals in recycled and reusable plastic food packaging, Cambridge Prisms: Plastics
- EA-Earth Action (2023), Adding it Up – A global assessment of leakage from plastic additives
- Lémaniques (Journal de l’ASL, 09.2024), Déluge de plastique dans le Léman: stop!
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