5.7.2024, Laurianne Altwegg / Photo: DR
La croyance qui veut que le verre soit plus écologique que le plastique du fait de son recyclage est à nuancer. Explications.
La fermeture de l’unique verrerie de Suisse est un coup dur pour l’emploi et la filière de la production indigène. Côté durabilité, le verre n’est toutefois pas un matériau écologique. D’abord parce que parmi les matières premières nécessaires à sa fabrication figure le sable, une ressource naturelle limitée dont l’exploitation massive est très problématique. Cette dernière fait partie des plus exploitées au niveau mondial. Les matières premières doivent ensuite être chauffées à 1600 °C, ce qui exige beaucoup d’énergie.
Certes, 97% du verre est collecté en Suisse et la majorité est recyclée (à l’étranger), mais cela nécessite de fondre le verre brisé à 1500 °C et une part de matériau vierge doit souvent être ajoutée – jusqu’à 40% pour du verre blanc. Au final, l’économie d’énergie n’est que de 25% par rapport à de la matière neuve. Même recyclée, la bouteille en verre a donc en général le pire écobilan comparé à d’autres matières. Reste que contrairement au plastique, on peut refondre le verre indéfiniment sans qu’il perde ses propriétés, ce qui lui confère un avantage souvent occulté dans les calculs d’impact environnemental.
Le choix du réemploi
C’est avant tout en lavant et en réutilisant une bouteille en verre que son écobilan devient favorable: il l’est d’autant plus que le nombre d’utilisations est élevé (jusqu’à 50) et tant que le flacon parcourt moins de 250 km. Car le poids de la matière entache sinon son bilan carbone.
Le réemploi est particulièrement adapté là où d’autres matières ne sont pas une option: les bières conditionnées dans du PET ou le vin en canette sont typiquement mal acceptés. Quant à la canette en alu pour la bière, certains écobilans lui attribuent jusqu’à 57% d’émissions de gaz à effet de serre supplémentaires comparée au verre réutilisable.
Sachant que sur les 370 000 tonnes de verre collectées en Suisse, 80% sont des bouteilles et que seules 9,6% sont réutilisées, on comprend mieux l’intérêt de relancer des filières de réutilisation. Un enjeu crucial, puisque 30 à 40% du bilan carbone d’un domaine viticole local provient des contenants qu’il utilise, selon les vigneronnes qui ont lancé le projet Bottle Back, dont le but est justement d’instaurer un système de bouteilles lavables. Des initiatives à soutenir (plus sur aureverre.ch) pour les voir se multiplier et peut-être convaincre les distributeurs de l’intérêt de la démarche.
Glasflasche MW: bouteilles en verre réutilisables (= lavées)
Glasflasche EW: bouteilles en verre à usage unique (= recyclées)
Écobilan des emballages de boissons, Carbotech, en allemand et exprimé en unités de charge écologique (UCE ou UBP en allemand)
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