Pique-nique

Choisir les bonnes assiettes et couverts jetables

Un défi pour qui veut prendre en compte sa santé et celle de la planète.

Enjeux collectifs Impact environnemental Maison et loisirs Déchets et recyclage Loisirs

Archive · 28 juin 2021

A l’approche du pique-nique, vous réalisez que votre stock se résume à trois vieilles assiettes en plastique et quelques fourchettes éparpillées. Direction les grandes surfaces. A l’époque, l’affaire était pliée en cinq minutes; aujourd’hui, le choix est complexe. Car en plus de la vaisselle à usage unique en plastique – rare, mais admise en Suisse, à l’inverse de l’Europe qui l’a bannie –, de nombreuses matières se sont profilées en rayon. Les traditionnels carton et papier, mais aussi bois de bouleau, pure feuille ou gaine de feuille de palmier, bagasse, pulpe et fibre de canne à sucre, parfois accompagnées de bambou. Autant de produits censés être plus écologiques (lire encadré) et totalement inoffensifs, contacts alimentaires obligent.

Hélas, quatre organisations de consommateurs européennes se sont penchées sur la question en mai dernier et le résultat est bien peu reluisant. Composés perfluorés, chloropropanols, résidus de pesticides, amines aromatiques primaires… des substances potentiellement cancérogènes, reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens, ont été détectées dans des pailles, tasses, bols et assiettes. Certaines substances sont persistantes dans l’environnement et contaminent le compost. De quoi couper l’appétit.

Législation faible

Au Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV), à Genève, la campagne de contrôle réalisée en mars sur la vaisselle végétale a pointé du doigt le «bambou » réutilisable. Le jetable, lui, a posé moins de souci. «Tout dépend évidemment du processus de fabrication et de l’utilisation du produit, explique la chimiste Aurélie Bugey, cheffe du secteur objets usuels et métaux de ce service. Ici, nous testons par exemple une paille en papier deux heures durant, le scénario du pire. Dans la réalité, le temps d’exposition est souvent bien plus court.» Les pesticides n’ont pas été analysés, et l’étude n’a pas révélé de non-conformité pour les perturbateurs endocriniens réglementés. Il n’en demeure pas moins que, selon l’experte, le domaine reste extrêmement complexe. La faute à certaines firmes méconnaissant la problématique et à la législation actuelle.

Le test des pailles

«Tandis que la nouvelle Ordonnance sur les matériaux et objets destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires réglemente de manière détaillée les objets en métal, en céramique et en plastique, les papier, carton et matériaux issus de plantes ou de parties de plantes ne le sont pas, alors que ces derniers s’utilisent de plus en plus», souligne Barbara Pfenniger, spécialiste Alimentation à la FRC. «On le voit avec les tests des membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), ces articles peuvent émettre des substances qui migrent dans les aliments, créant un risque potentiel pour la santé humaine. Or ils doivent atteindre le même degré de sécurité», réclame-t-elle. Espérons que la Suisse s’inspirera d’autres pays avant-gardistes.

L'astuce FRC

Le saviez-vous? C'est en chinant votre vaisselle dans une brocante que vous assurerez à vos assiettes et couverts le cycle de vie le plus long! Avec en prime, l'avantage de tomber,souvent, sur de petites merveilles vintage que vos convives vous envieront...

Cet article est paru dans le magazine FRC Mieux choisir sous le titre «Quand pique-niquer rime avec compliqué».

Le jetable peut-il être écolo ?

Bon nombre d’objets en plastique à usage unique – notamment les assiettes, gobelets, pailles et couverts – sont interdits en Europe depuis le 3 juillet. Une décision louable vu leur impact négatif sur l’environnement autant du point de vue de leur production que de leur participation à la pollution marine. Les conséquences étant similaires que le produit soit composé de matières premières d’origine fossile, synthétique ou biologique, la directive englobe l’ensemble des plastiques.

En Suisse, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) considère que les produits jetables en plastique n’ont pas leur place dans les rayons. Toutefois, c’est au commerce de détail «d’agir de sa propre initiative». Pas d’interdiction à l’européenne donc. Si les quatre grands distributeurs suisses ont effectivement pris des mesures en proposant de la vaisselle jetable composée de matières alternatives, on peut s’interroger sur leur réelle plus-value environnementale.

D’abord, l’écobilan de bioplastiques (le CPLA à base de maïs, p. ex.) n’est souvent pas plus reluisant que celui de polymères issus du pétrole. Outre l’utilisation de surfaces agricoles qui concurrence la production alimentaire, ils impliquent des modes de culture souvent intensifs, gourmands en pesticides, voire utilisant des OGM. D’autres articles sont fabriqués avec un mélange de matériaux rendant leur recyclage impossible, comme le carton recouvert d’un film plastique. Que ce dernier soit d’origine végétale n’y change rien.

De plus, un produit biosourcé pourrait inciter au littering en donnant la fausse impression qu’il se dégradera en milieu naturel, alors que même la vaisselle dite compostable ne l’est généralement que dans une installation industrielle.

Conclusion: la vaisselle jetable la plus écologique reste celle que l’on n’utilise pas. Si le réutilisable n’est pas une option, il est conseillé de privilégier les monomatériaux les plus durables comme le bois, le carton ou la feuille de palmier, sans additif, qui se recyclent facilement et sont les moins problématiques s’ils finissent dans la nature.

Laurianne Altwegg

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