7.7.2020, Barbara Pfenniger et Sandra Imsand
Pratiques et omniprésentes, les crudités déjà parées font les beaux jours des personnes pressées et des distributeurs. Mais tout n’est pas rose dans les emballages en plastique.
Les salades prêtes à l’emploi trônent fièrement aux entrées des supermarchés. Et pour cause, elles font partie des produits phares de l’assortiment. Le marché de quatrième gamme, soit les aliments coupés, lavés et vendus en portions emballées, ne fait que grimper, crudités en tête (à lire aussi: Un mois, un défi: Un petit plat commode ce midi?).
En France, 274 millions de sachets ont trouvé preneur en 2018, un chiffre en hausse constante depuis des années. En Suisse, les distributeurs refusent de fournir des chiffres mais confirment que «la tendance aux produits de commodité croît» ou constatent «une tendance positive en matière de salades prêtes à servir». Autrement dit, le marché est juteux. Dans le cas de la laitue iceberg, troisième culture maraîchère la plus importante en termes de surface en Suisse, une salade sur quatre est vendue prête à l’emploi, selon l’Office fédéral de l’agriculture.
La FRC s’est penchée sur ces produits pratiques. Prix de vente, provenance et fraîcheur: les données à récolter, nombreuses, diffèrent d’un distributeur et d’une région à l’autre. Nos enquêteurs ont effectué leurs visites entre mai et juin auprès de Migros, Coop, Aldi, Lidl, Denner et Manor, et ce dans six cantons romands, au moment où la saison des salades suisses bat son plein. Au menu: carotte, céleri, laitue pommée, batavia, feuille de chêne et iceberg. Plus de 330 produits ont été passés au crible. Une enquête exigeante, tellement la quantité de produits disponibles dans ce domaine – surtout des mélanges – est immense. Pas facile pour un consommateur, même averti, d’y voir clair.
Prix de vente, provenance et fraîcheur: 337 produits ont été passés au crible.
Salades en sachet: jusqu’à 3 fois plus chères en moyenne
CAROTTE | 2,9 x |
CÉLERI | 1,3 x |
CHOU BLANC | 2,5 x |
BATAVIA | 2,3 x |
FEUILLE DE CHÊNE | 2,6 x |
ICEBERG | 1,9 x |
LAITUE POMMÉE | 3,2 x |
LAITUE POMMÉE ROUGE | 2,6 x |
Comparaison entre prix en vrac et prix conditionné prêt à l’emploi (prix ramenés au kilo). Sont concernés les six principales chaînes de magasins de Suisse romande: Migros, Coop, Denner, Manor, Aldi et Lidl entre mai et juin 2020.
Salade coupée: fraîcheur toute relative
En faisant les courses pour une semaine entière, mieux vaut opter pour des légumes entiers (à lire aussi: Le sac est dans le bac). En effet, les crudités prêtes à l’emploi du rayon «fraîcheur» se gardent en moyenne trois jours – parfois seulement quelques heures. Les salades coupées appartiennent à la catégorie des denrées périssables, il faut donc en respecter la date limite de consommation, car, l’humidité dans le sachet et l’importance de la surface de coupe créent un milieu idéal à la prolifération des bactéries. Pour prolonger leur conservation, les fabricants les emballent sous «atmosphère protectrice», à savoir un mélange de gaz contenant beaucoup d’azote et de CO2 et peu d’oxygène. Le consommateur doit garder son produit au frigo à 5 °C et le manger rapidement, surtout une fois l’emballage ouvert.
Prix: facilité coûteuse
Les légumes prêts à l’emploi permettent un gain de temps appréciable. Cette commodité se paie fort cher: ils coûtent en moyenne presque trois fois le prix des légumes à l’unité que l’on prépare soi-même à la minute. Les plus grandes différences ramenées au kilo ont été observées pour les carottes de Denner (5,5 fois) et Aldi (4,8 fois), ainsi que pour la pommée rouge de Coop (5,2 fois), Manor et Migros (4,6 fois). Le prix au kilo monte jusqu’à 28 fr. pour la feuille de chêne, jusqu’à 26 fr. pour la pommée prête à l’emploi (Migros). Une denrée de luxe en somme! Notre calcul tient compte d’une perte de 15% lors de la préparation des légumes entiers, trognon, peau et feuilles extérieures abîmées ne se mangeant pas. La marge serait réductible en brossant les jeunes carottes au lieu de les éplucher. Dans les faits, chrono en main, laver et couper une laitue prend entre 2 et 5 minutes selon la variété. Cela en vaut-il le prix?
Provenance: information à chercher
La grande majorité des produits recensés durant l’enquête proviennent de Suisse: 97% des légumes entiers et 95% de ceux en sachet. Cependant, des carottes entières d’Italie figuraient sur les étals de la plupart des distributeurs. En ce qui concerne les laitues pommée, batavia, iceberg et feuille de chêne, l’information se trouvait sur une affiche ou sur l’emballage. Et la plus fiable est généralement inscrite sur la fiche de livraison accrochée au cageot en plastique mis en rayon! On peut même y trouver l’adresse du producteur, bien qu’il n’existe aucune obligation légale d’indiquer cette information au consommateur. Ce que la FRC regrette, car les autres acteurs de la chaîne alimentaire ont droit à plus de transparence.
La recherche s’est compliquée en revanche pour les carottes râpées et les salades en sachet: la plupart des emballages indiquaient que le produit avait été élaboré en Suisse. Or pour savoir où le légume a poussé, il fallait chercher une abréviation près de la date de péremption. Nos enquêteurs se sont sentis menés en bateau par ces indications difficiles à décrypter.
Le plastique omniprésent
Toutes les salades prêtes à l’emploi sont évidemment emballées dans du plastique pour des questions d’hygiène. C’est aussi le cas de l’iceberg vendue à la pièce. Le client qui cherche à jeter moins d’emballages doit donc se tourner vers les légumes en vrac. Il en trouvera plus facilement chez Manor (seuls 21% de l’échantillon sont déjà emballés) et chez Coop (39% sous plastique).