10.9.2024, Laurianne Altwegg
Ne plus éliminer de poussin mâle a un coût. Le prix à la pièce augmentera en 2025.
Emboîtant le pas à plusieurs pays européens interdisant la pratique (Allemagne, France), la filière avicole suisse s’est engagée à ne plus mettre à mort les poussins mâles nés dans le cadre de l’élevage des poules pondeuses (lire FRC Mieux choisir N° 144). La filière conventionnelle ayant opté pour l’ovosexage (la détermination du sexe dans l’œuf), elle a mis du temps à trouver un accord sur la technologie. Car aucune n’est parfaite, qu’il s’agisse des coûts, des infrastructures nécessaires ou de la précision. Elle a finalement sélectionné une méthode moins invasive: au lieu de prélever du liquide dans l’œuf, il sera scanné et le sexe établi par intelligence artificielle.
Une étude de l’Université de Munich démontre que l’embryon ne ressent aucune douleur avant le treizième jour d’incubation. Aussi, cette technologie peut intervenir relativement tardivement et limiter les erreurs. Ceux qui viendront à naître malgré tout serviront de nourriture aux animaux de zoos.
Résultat, une poule pondeuse coûtera 3 francs de plus. Multiplié par les 2,7 millions de volailles non bio dont la majorité ne pondra qu’un peu plus d’un an, ce montant alourdira la charge d’environ 8 millions la première année. Un surcoût que la branche s’est engagée à répercuter équitablement tout au long de la chaîne. Mais au final, c’est le consommateur qui paie la note: dès 2025, ce sera 1 à 1,5 centime de plus par œuf en moyenne.
Du côté du bio, la hausse tournera plutôt autour de 5 centimes l’unité. La filière a jugé le sexage in ovo brutal et a donc choisi un plan de sortie plus onéreux, qui implique d’engraisser progressivement toujours plus de poussins mâles. Et ce, jusqu’à l’interdiction de toute mise à mort en 2026. La décision a un effet surprenant: la majorité des œufs bio seront bruns ou beiges, car ces coqs engraissent mieux que ceux provenant d’œufs blancs.
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