19.1.2021, Laurianne Altwegg
La FRC s’engage depuis de nombreuses années contre l’arrivée massive d’huile de palme bon marché en Suisse, hautement problématique pour la santé comme pour l’environnement. Conformément à sa décision lors de la récolte de signatures pour le référendum sur l’accord de libre-échange (ALE) avec l’Indonésie – objet des prochaines votations – elle a toutefois décidé de ne pas prendre part à la campagne. Elle ne peut en effet s’engager pour le oui ou le non, sachant que cet accord commercial présente des innovations importantes en matière de durabilité, mais qu’il est nécessaire de rester critique à leur sujet. Décision a donc été prise d’exposer les pour et les contre de ce texte et de laisser chacun décider du vote qu’il ou elle glissera dans l’urne le 7 mars prochain.
Depuis 2016, la FRC a travaillé aux côtés de douze autres organisations pour obtenir un texte acceptable, en particulier du point de vue de l’huile de palme dont l’Indonésie est l’un des principaux producteurs. L’un des arguments majeurs ayant pesé dans le choix de ne pas rejoindre le camp des référendaires est le fait que cet accord n’instaure pas le libre-échange sur l’huile de palme. Ce qui était la principale crainte de la FRC, puisque cela aurait impliqué de voir le marché suisse inondé d’huile de palme du fait de l’abandon des barrières tarifaires. Ceci aurait alors été en contradiction avec le souhait de nombreux consommateurs de ne plus consommer ce produit et avec celui de protéger l’agriculture suisse (huile de colza et beurre principalement) de cette concurrence bon marché.
Ce ne sera donc pas le cas, puisque seule une quantité contingentée de ce produit bénéficiera d’une réduction partielle – et non d’une exonération comme l’aurait souhaité l’Indonésie – des droits de douane actuellement en vigueur. Surtout, cette concession obtenue de haute lutte est liée à des exigences contraignantes en matière de durabilité pour ce produit spécifique, ce qui est une première dans un accord de libre-échange négocié par la Suisse et pourrait servir de modèle pour les négociations ou renégociations avec d’autres pays. Il est d’ailleurs prévu d’en faire usage dans le cadre des discussions en cours avec la Malaisie – l’autre plus gros producteur d’huile de palme. Rejeter l’accord revêt ainsi le risque de ne pas obtenir «aussi bien» lors de cette négociation ou d’une éventuelle renégociation avec l’Indonésie.
Certes, la FRC aurait préféré l’exclusion de ce produit de l’ALE et les concessions sont liées à des certifications, dont le label RSPO qui reste très problématique et insuffisant malgré l’amélioration de son cahier des charges en 2018. C’est ici le plus grand écueil du texte, raison pour laquelle la FRC maintient la pression et reste très critique à son sujet. L’accord avec l’Indonésie ne sauvera donc pas la forêt indonésienne et ne mènera pas à diminuer la présence d’huile de palme dans les produits de consommation, ce que regrette la FRC. Toutefois, l’absence d’accord non plus.
En revanche, l’ALE peut contribuer à améliorer partiellement la situation, puisque l’huile de palme certifiée au moyen du RSPO – ou de l’un des trois autres systèmes de certifications autorisés par l’accord – est malgré tout plus recommandable que la norme nationale indonésienne ISPO. Ces systèmes de certification sont aussi les seuls outils existant actuellement pour inciter la production d’huile de palme à s’améliorer.
Pour garantir la traçabilité des contingents, des contraintes logistiques (l’importation dans des fûts de taille spécifique) ont aussi été prévues. Un détail qui a son importance, puisque cela renchérira le produit et compensera vraisemblablement les concessions douanières obtenues. En bref, le produit sera importé au même prix, mais de meilleure qualité.
Au vu de ces éléments, la FRC ne peut pas s’engager en faveur ou contre l’accord ou le référendum.