Nos lecteurs jugent les CFF

On est loin de 1847, où le tout premier train de Suisse parcourait 30 kilomètres pour livrer des petits pains aux Zurichois... Aujourd'hui, les quelque 9000 trains helvétiques transportent 900 000 passagers chaque jour sur 3000 kilomètres de réseau. Un réseau qui est, à présent, le deuxième plus dense du monde, juste après celui du Japon.Comment la population perçoit-elle son rail: chemin de fer ou chemin de croix? Comment évalue-t-elle l'offre des CFF en matière de confort, de service et de sécurité? A quelle(s) occasion(s) en fait-elle usage? Quels points faibles voudrait-elle voir relevés? Comment l'imagine-t-elle demain? Les thèmes soulevés par le questionnaire encarté dans FRC Magazine No 29 de juin 2010 ont manifestement parlé à nos lecteurs, qui ont été plus de 4500 à s'exprimer en retour.

Le train-train pas quotidien

Presque 70% des sondés empruntent le rail parfois ou fréquemment. Mais seule une minorité (7%) de ces personnes disent prendre le train tous les jours. En réalité, un peu plus de la moitié des lecteurs utilisent le rail seulement quelques fois dans l'année, un quart le prennent plusieurs fois par mois, et un peu plus de 10% se déplace en train quelques fois par semaine. Pour les répondants, l'utilisation du rail est plus liée aux loisirs, aux achats et aux voyages (75%) qu'aux déplacements professionnels (25%). Et quelle classe empruntent-ils le plus souvent? 85% optent pour l'offre standard de la deuxième, alors que les 15% restants privilégient la première classe. Les deux tiers des usagers possèdent un abonnement demi-tarif, alors que le tiers restant utilise l'abonnement général ou un autre titre de transport (voie 7, abonnements de parcours, abonnements communautaires). Quand ils achètent leur billet, les usagers s'estiment plutôt satisfaits du service au guichet et des prestations fournies par les automates. En revanche, plus de la moitié des lecteurs qui s'expriment au sujet de la centrale téléphonique (Rail Service 0900 300 300, 1fr.19/min) se montrent peu ou pas satisfaits. Ce service semble encore méconnu. La commande en ligne paraît en revanche plus sollicitée, et les utilisateurs en sont majoritairement satisfaits.

Un train de vie à ralentir...

Trop cher, le rail! Pour près de la moitié des répondants, c'est à la mise en place de tarifs avantageux bien plus qu'à la sécurité qu'il faut donner la priorité à l'avenir. Et s'ils ne devaient formuler qu'une seule proposition pour améliorer le système ferroviaire suisse, environ trois lecteurs sur dix demanderaient des prix plus bas, particulièrement pour les groupes et les familles. Neuf répondants sur dix possèdent une voiture. Plusieurs d'entre eux expriment leur souhait de voir favorisée et même récompensée l'utilisation des transports publics en lieu et place de leur véhicule. Beaucoup jugent le système actuel insuffisamment concurrentiel vis-à-vis de la route, et même des airs. Sans être directement citées, les compagnies d'aviation low-cost, apparues il y a une dizaine d'années, sont pourtant au centre de la problématique des prix. Autre problème soulevé: certains lecteurs ne comprennent pas le fait de devoir payer le même prix pour l'utilisation de matériel roulant différent. D'autres lecteurs évoquent la solution de créer une troisième classe pour les wagons déjà bien usagés. Enfin, plusieurs sondés se plaignent du manque de clarté des offres à prix réduits et des lignes tarifaires. Quant à ceux qui boudent le rail (environ 30% des répondants), la majorité d'entre eux le fait plus pour des raisons de coût que par manque d'utilité

Une liaison mouvementée

Dans l'ensemble, le lectorat est satisfait ou assez satisfait du confort, de la sécurité, de la ponctualité et de la facilité d'accès à la gare et au train. Mais des voix s'élèvent pour réclamer plus de trains bas, sans marche à escalader, plus de bancs dans les gares et plus de place pour les poussettes ou les bagages. Les trains qui s'inclinent dans les courbes déplaisent à certains utilisateurs, chez qui ce mouvement provoque des nausées et des maux de tête. Quant aux températures régnant dans certains trains, des lecteurs les trouvent glaciales. Plus que l'insécurité, c'est manifestement l'incivilité et, entre autres, le manque de propreté qui en découle, qui gêne plusieurs usagers des infrastructures CFF. Plus d'un répondant sur dix réclame un nombre accru de personnel, et plus particulièrement le retour des contrôleurs sur les lignes régionales. Une partie de ces militants pour l'embauche pensent que cela aurait un impact positif sur le comportement abusif de certains usagers. D'autres estiment qu'ils seraient ainsi mieux informés des problèmes pouvant survenir en cours de trajet. Quant aux installations sanitaires des wagons, la moitié des usagers n'en sont que peu ou pas satisfaits, et jugent leur propreté perfectible.

Là où le courant ne passe pas

"Rendez-nous nos espaces Silence en deuxième classe!" scandent en choeur la moitié des répondants, qui acceptent parfois mal le fait que, désormais, seuls les usagers de la première classe puissent bénéficier de calme pour se reposer ou travailler. "Donnez-nous une troisième voie!" protestent les pendulaires fatigués de voyager debout entre Lausanne et Genève. Ces voyageurs-là ne sont pasles seuls à réclamer des places assises. De nombreux répondants proposent de mettre en circulation plus de trains à deux étages pour remédier au problème. Plusieurs lecteurs expriment également leur sentiment d'être délaissés par la direction des CFF, bien ancrée en Suisse alémanique. Mais même au sein de la Romandie, plusieurs lecteurs domiciliés à la campagne aimeraient voir la fréquence améliorée sur les petites lignes. Une dizaine de lecteurs valaisans, clament, quant à eux, haut et fort leur indignation: beaucoup de wagons circulant dans ce canton sont décrits comme étant "pourris", et la ligne Genève-Brigue présentée comme "scandaleuse". Ces personnes estiment que le matériel devrait être identique partout et se sentent lésées de voir accumulées autant d'antiquités sur leur territoire...

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