26.3.2024, Laurianne Altwegg
Alors que la sécheresse frappe l’Andalousie de plein fouet, poussant la région à déclarer l’état d’urgence, les grands distributeurs suisses continuent leur matraquage publicitaire autour de la baie décriée chaque année par de nombreux consommateurs.
Nous l’avions clairement démontré en 2021: les amoncellements de fraises sur le devant des rayons, leur mise en scène à côté de crème fouettée ou fonds de tartelettes, tout comme les prix promotionnels sont autant de facteurs qui ont pour effet de stimuler la demande. Or les conditions sociales comme environnementales à Huelva se sont encore détériorées depuis la publication de nos enquêtes, ce qui devrait au contraire inciter à la retenue.
La sécheresse a aggravé la situation
L’année 2023, la plus sèche de ces trois dernières décennies, a marqué un tournant. Les canalisations illégales et puits clandestins détournant l’eau du parc naturel hautement menacé de Doñana pour irriguer les cultures de fraises l’ont dramatiquement asséché. L’aridité a aussi péjoré les conditions de travail déjà très précaires des ouvrières. Un point mis en lumière dans le cadre de la recherche menée par Nora Komposch, doctorante de l’Université de Berne, qui a passé plusieurs mois à Huelva ces trois dernières années dans le cadre de son travail.
Les détaillants devraient moins ramener leur fraise
Comme le rappelle la chercheuse, l’accord sur la politique migratoire entre le Maroc et l’Espagne implique que seules les mères âgées de 25 à 45 ans ayant des enfants de moins de 14 ans peuvent être recrutées. Ceci dans le but qu’elles reviennent au pays une fois la saison de la fraise terminée et ne séjournent pas illégalement en Andalousie. Or le manque d’eau limitant les possibilités de travail, nombreuses sont celles qui décident désormais de ne pas rentrer chez elles afin de s’assurer une place et de garantir le revenu nécessaire à leur famille. Un travail rendu encore plus difficile qu’auparavant du fait de la fréquence croissante des vagues de chaleur.
Est-il décent de continuer à importer autant de baies de cette région?