27.5.2014, Elodie Lavigne/planetesante.ch / L’activité physique, la meilleure parade contre les maladies. Image: dotshock/shutterstock.com
Les patients sous traitement feraient moins attention à leur régime alimentaire à long terme, et ce au péril de leur santé.
Les statines, on les prescrit depuis plus de vingt ans contre l’hypercholestérolémie, facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires. Cette classe de médicaments, pas chers et efficaces, est destinée à faire baisser le taux de mauvais cholestérol (ou LDL).
«L’accumulation de LDL dans les artères les encrasse avec le temps. Elles rétrécissent, avec les conséquences que l’on connaît: infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral», rappelle le professeur François Mach, chef du service de cardiologie des Hôpitaux universitaires de Genève.
Alimentation trop grasse
Régulièrement la cible de critiques, les statines refont parler d’elles. Selon une étude parue dans la revue scientifique JAMA Internal Journal d’avril, et réalisée sur la base d’une grande enquête nationale américaine (National Health and Nutrition Examination Survey), les personnes sous statines font, avec le temps, moins attention à leur alimentation que celles qui n’en prennent pas. Disciplinées en début de traitement, elles se montrent, dix ans plus tard, beaucoup moins vertueuses que le groupe qui n’en prend pas. En raison d’une alimentation nettement plus grasse et plus calorique, ces patients ont vu leur indice de masse corporel (BMI) augmenter.
Que penser de ce résultat? «C’est un paradoxe, répond François Mach. Il est vrai pourtant qu’une partie de la population sous statines ne modifie pas son hygiène de vie, se croyant protégée, ce qui n’est pas totalement faux d’ailleurs.» Mais le surpoids qui résulte d’un mauvais comportement alimentaire conduit à une augmentation du risque d’obésité, de diabète, d’hypertension, et donc de problèmes cardiaques. «D’où l’importance, avant toute prescription, de préconiser d’abord des changements dans l’hygiène de vie», souligne le spécialiste. Car l’excès pondéral, la sédentarité et le tabac ne sont non seulement pas propices au bon cholestérol, mais font également courir le risque d’autres maladies, comme le cancer.
Le constat de cette étude discrédite une fois de plus la prescription à tout va de statines. Si cela se justifie pleinement en cas de récidive, en prévention primaire, leur délivrance devrait s’adresser surtout à ceux qui cumulent plusieurs facteurs de risques cardiovasculaires. «Quand ce n’est pas le cas, le médecin devrait plutôt encourager une vie plus saine à son patient, en lui prescrivant, par exemple, des consultations diététiques. Mais cela demande, des deux côtés, beaucoup plus d’efforts», reconnaît le cardiologue. Et puis, si on ne devait se fixer qu’un seul objectif, autant opter pour l’activité physique qui, à elle seule, influence positivement le poids, l’arrêt du tabac, l’hypertension, le diabète, la pression artérielle et le cholestérol. Rien que ça.