Le marché du renouvelable attire les escrocs

Siphonnage de données via les réseaux sociaux

Les recherches effectuées sur le web permettent aisément aux algorithmes des réseaux de cibler les personnes intéressées par les énergies renouvelables. Celles-ci voient alors régulièrement défiler des publicités pour des entreprises supposément spécialisées dans la pose d’installations photovoltaïques ou de pompes à chaleur. Méfiance! Certains sites ne sont que des façades destinées à récolter des données privées (informations sur le domicile, les coordonnées, etc.) via des «calculateurs solaires». La Liberté a enquêté sur ces «sociétés fantômes» et suivi ces données jusqu’au Monténégro ou en Indonésie. Ne faites confiance qu’aux sites officiels – p. ex. toitsolaire.ch ou swissolar.ch – pour vous renseigner.

Démarchage agressif et fausses promesses

Que ce soit en ligne, par téléphone ou en personne, certains vendeurs peu scrupuleux usent de stratagèmes bien connus tels que des cadeaux (p. ex. une batterie gratuite) ou des offres très limitées dans le temps pour convaincre. FRC Conseil a également reçu des témoignages de consommateurs – souvent des personnes âgées – qui ont signé sous la pression de démarcheurs insistants. Malins, ceux-ci s’arrangent pour fixer un rendez-vous à la demande du client, ce qui fait tomber le droit de révocation de 14 jours inscrit dans le Code des obligations et empêche toute rétractation. Pour rappel, un vrai professionnel ne mettra jamais la pression. Les sommes importantes concernées lors d’un tel investissement nécessitent toujours réflexion.

Acomptes qui disparaissent

La signature d’une offre pour une installation solaire ou une pompe à chaleur implique généralement le versement d’un acompte qui peut s’avérer élevé (jusqu’à 50% de la valeur totale). D’où l’importance de se renseigner auparavant sur le vendeur et de négocier le montant de l’avance. Car qu’il s’agisse de faillites ou d’escrocs, les cas de sociétés ayant tout bonnement disparu avec la somme payée sont malheureusement récurrents.

Chantiers problématiques

Une fois l’acompte payé, impossible de se rétracter sans perdre celui-ci, à moins de disposer d’un motif juridique solide (p. ex. si le début des travaux est sans cesse reporté sans raisons valables). Or d’autres embûches peuvent survenir à ce stade aussi: entre retard non justifié du début des travaux, chantier qui se prolonge aux frais du client, matériel de qualité inférieure à celle du produit commandé ou pose mal effectuée par du personnel non formé, ces cas démontrent que la sélection de l’installateur n’est pas anodine pour limiter les déconvenues et s’assurer d’un service après-vente professionnel.

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Comment éviter les pièges?

Rien ne permettra jamais d’assurer un chantier exempt de mauvaises surprises, mais certains indices doivent mettre la puce à l’oreille.

1. Usurpation de labels

Pour inspirer confiance, certaines sociétés affichent des labels qu’elles n’ont pas obtenu en réalité, à l’instar de celui développé par la faîtière du domaine du solaire, Swissolar. Il s’agit parfois de membres de l’association qui «confondent» leur adhésion – qui ne nécessite que le paiement d’une cotisation annuelle – avec le label «Les Pros du Solaire» qui implique le respect d’un cahier des charges exigeant, trois ans d’expérience au minimum, un examen de qualification et la possibilité d’être audité en cas de soupçon (lire l’interview du responsable romand de Swissolar ci-après). Il vaut donc la peine de vérifier qui est vraiment labellisé directement sur le site de l’organisation.

Dans le domaine des pompes à chaleur, une différenciation comparable existe entre les membres du Groupement professionnel suisse pour les pompes à chaleur (GSP) et ceux qui ont suivi des modules de formation et sont qualifiés de «Partenaire GSP certifié». La base de données du GSP permet de vérifier le statut de l’entreprise. Certaines sont aussi référencées en tant qu’«installateurs et planificateurs qualifiés» dans la base de données PAC système-module . Cette autre dénomination indique qu’elles disposent au moins d’une personne ayant suivi une formation continue correspondante et qu’elles se sont engagées à respecter un cahier des charges spécifique.

2. Publicités sur les réseaux sociaux

Apparaître régulièrement sur un fil Facebook ou Instagram n’est pas gage de fiabilité, surtout si les promesses semblent à côté de la plaque: des références ou l’utilisation de termes erronés en lien avec la Loi sur l’énergie, par exemple pour faire miroiter des subventions limitées dans le temps, dénotent une méconnaissance suspecte du domaine.

3. Conditions trop belles pour être vraies

Si les délais annoncés sont beaucoup plus courts ou les prix bien plus bas que la concurrence, voire que l’offre inclut des promesses peu crédibles (p. ex. un doublement des subventions fédérales), c’est sans doute qu’il y a anguille sous roche. Dans tous les cas, il est utile de suivre nos conseils pratiques et de soumettre les devis à l’expertise gratuite de SuisseÉnergie.

4. Absence de réputation

La jeunesse d’une société n’est pas un problème en soi. Toutefois, se renseigner sur l’année de fondation et sa réputation est un premier pas important pour éviter les escrocs. Le registre du commerce permet d’obtenir gratuitement des informations sur l’âge de la société et de s’assurer qu’elle n’a pas été déclarée en faillite. Rien n’empêche de rechercher des avis publiés en ligne via les moteurs de recherche. Tout en se méfiant s’il n’existe que quelques avis, tous exagérément positifs.

Malgré ces conseils, les arnaques restent fréquentes. La FRC a repéré plusieurs entreprises douteuses, sans toutefois pouvoir prouver que leurs pratiques sont répréhensibles. C’est pourquoi nous vous invitons à nous faire part des mésaventures rencontrées: nous échangeons régulièrement avec Swissolar afin de garder un œil attentif sur les quelques acteurs (souvent les mêmes) qui posent problème dans ce domaine.