4.6.2013, Sophie Pieren / Photo: shutterstock.com/Andreas berheide
Dans les pays industrialisés, un quart de la population féminine serait carencée en fer. Explications.
Il suffit de sonder son entourage pour s’en convaincre: malgré l’extrême variété de notre alimentation, la carence en fer continue d’être fréquente dans nos pays industrialisés. Selon une récente étude effectuée en France, un quart des femmes en âge de procréer manquent de cette précieuse substance.
Pourquoi? Simplement parce que les femmes, en particulier celles aux règles abondantes, perdent chaque mois quelques milligrammes de fer. Or l’organisme peut avoir des difficultés à compenser ces pertes, car il assimile mal le fer contenu dans les aliments. Les régimes, végétariens ou hypocaloriques, souvent suivis par des femmes, augmentent également le risque de carence. Moins concernés, les hommes peuvent aussi être touchés, notamment les sportifs et les étudiants, dont les performances physiques ou intellectuelles requièrent une quantité accrue de fer.
Ne pas attendre l’anémie
Contrairement à ce qu’on a longtemps pensé, il n’est pas nécessaire d’en arriver à l’anémie pour présenter des symptômes. Fatigue, manque d’énergie, difficultés de concentration, diminution du tonus musculaire peuvent déjà se manifester lorsque les réserves en fer sont trop basses alors que l’hémoglobine affiche des valeurs normales.
Aussi est-il important, dans le cadre d’une prise de sang, «que le médecin contrôle non seulement le taux d’hémoglobine, mais également celui de la ferritine, qui reflète l’état des réserves en fer dans le corps», explique Bernard Favrat, médecin adjoint à la Polyclinique médicale universitaire de Lausanne. «De récentes études ont montré qu’une ferritine inférieure à 50 peut déjà causer de la fatigue», précise-t-il.
En cas de carence avérée, il s’agit de s’armer de patience. «Avant d’entamer un traitement, il convient aussi de s’interroger sur son alimentation», souligne Béatrice Conrad Frey. Pour cette diététicienne, de nombreux cas pourraient être résolus en changeant simplement d’habitudes alimentaires. «Il faut privilégier les aliments riches en fer, surtout d’origine animale, mais aussi tenir compte du moment où on les ingère.» Ainsi, par exemple, réduire la consommation de café, de thé, de cacao et de vin rouge durant les repas, car ces aliments inhibent l’absorption du fer. A contrario, les jus d’agrumes, les légumes crus et les fruits aident l’organisme à assimiler le fer ingéré.
Comprimés ou administration par intraveineuse?
Les compléments sous forme de comprimés sont le traitement de base de la carence en fer. De nombreuses études ont prouvé leur efficacité, mais il s’agit pour cela d’avaler des pilules durant plusieurs mois. Or elles ont tendance à provoquer des troubles gastro-intestinaux, «ce qui amène de nombreux patients à abandonner le traitement», rapporte Béatrice Conrad Frey. Pour que les comprimés soient mieux tolérés, la diététicienne recommande des pilules faiblement dosées (de 30 à 60 mg), même si le traitement est plus long. A noter que le pharmacien peut aussi dispenser des conseils.
Si le taux de ferritine refuse de remonter la pente après plusieurs mois, une administration par injection ou perfusion peut être envisagée. «Leur effet est très rapide et souvent spectaculaire», affirme Bernard Favrat. Mais ces techniques présentent le désavantage, outre d’être onéreuses, de comporter certains risques, notamment de réactions allergiques.