21.1.2009, Aline Clerc et Barbara Pfenniger
L'ajout de vitamines rassure faussement les parents mais ne convainc pas les nutritionnistes.
Vos enfants refusent de manger fruits et légumes et réclament chips, bonbons et chocolat? Offrez-leur des bonbons enrichis en vitamines: c’est le message implicite que diffusent les fabricants de confiseries. En y ajoutant des vitamines, ils tentent de déculpabiliser les parents et de donner une image positive de ces concentrés de sucres ou d’édulcorants. En hiver, période de la grippe et du rhume, l’argument fait mouche. Indispensables à la vie, les vitamines ont également la réputation de prévenir ou d’aider à combattre les maladies saisonnières.
Vitamine C, la surdose ne guette que les étiquettes
Parmi les vitamines, la C est la plus fréquemment ajoutée. Elle renforce le système immunitaire et a une fonction protectrice (antioxydante) sur l’organisme. De plus, comme elle est éliminée avec les urines, le risque de surdosage est très faible. L’effet général de la vitamine C sur l’organisme est positif, surtout lorsqu’elle est absorbée naturellement avec des fruits et des légumes, qui contiennent d’autres antioxydants. Son potentiel de prévention, voire de guérison, des rhumes semble toutefois exagéré. Des études ont montré qu’elle pouvait, au plus, écourter la durée d’un rhume d’une demi-journée.
Les confiseries dopées à la vitamine C n’apportent donc pas toujours autant que les slogans le laissent entendre. Même celle comprenant la plus grande concentration, Ricola Citron mélisse, ne couvre pas les besoins avant une demi-boîte. Quant à Nimm2, dont la campagne de publicité vante la teneur en vitamines, ses apports sont presque insignifiants. Il faudrait en avaler presque deux paquets, et donc ingérer au passage… 75 morceaux de sucre!
Un bonbon n’est pas un complément alimentaire
Nimm2 est le seul à être enrichi en d’autres « précieuses vitamines pour toute la famille », comme l’indique l’étiquette. Le dosage est dans ce cas-là moins pingre que pour la vitamine C, et la présence d’acide folique peut sembler intéressante. Une étude vaudoise a montré que cette vitamine, très importante pour la croissance, était insuffisamment consommée par un tiers des écoliers de 9 à 19 ans. Comme ces mêmes écoliers mangent également trop de sucre, et qu’il leur faudrait consommer 30 bonbons (55 grammes de sucre) pour obtenir la moitié de l’apport préconisé par la Société suisse de nutrition, cette confiserie ne présente aucun intérêt nutritionnel. Pour trouver des dosages conséquents d’oligoéléments et de vitamines, il faut chercher parmi les compléments alimentaires.
Toutefois le recours à ce type de produits pour les enfants en bonne santé est jugé superflu par la Société suisse de nutrition. Elle en recommande l’usage uniquement sur prescription médicale, dans des situations particulières – maladie, intolérance, allergies, etc. Si les compléments sont généralement vendus sous forme de gouttes ou de pastilles effervescentes difficiles à confondre avec des bonbons, le produit Oranol Toffees sème la confusion. Désigné comme bonbon par son emballage mais vendu en pharmacie comme complément alimentaire, ce produit présente des dosages beaucoup plus conséquents en vitamines, calcium et fer. Trois de ces caramels couvrent les besoins quotidiens d’enfants de plus de 7 ans.
Comme l’ouverture de l’emballage ne présente pas de difficulté majeure, les enfants pourraient être tentés d’en consommer un peu trop, toutefois aucun des composants n’est très dangereux en cas de surdosage. La FRC estime que les compléments alimentaires ne devraient cependant pas pouvoir être confondus avec d’autres aliments, spécialement des friandises appréciées des enfants.
Les bonbons restent des bonbons
A petite dose, les douceurs sucrées font plaisir aux enfants (et aux parents), sans conséquence pour leur santé si leur alimentation reste équilibrée. Avec les bonbons enrichis, l’industrie tente de parer ces produits industriels de vertus propres aux fruits et aux légumes.
Préférez fruits et légumes
Les vitamines ajoutées aux aliments ont certes les mêmes molécules chimiques que les vitamines naturellement présentes. En revanche, ces produits présentent des doses parfois élevées et une combinaison de vitamines qu’on ne trouve pas dans les aliments. La probabilité d’interactions et d’effets secondaires imprévus est ainsi plus élevée. Par ailleurs, des nutriments isolés n’agissent pas de la même manière que les vitamines contenues dans des fruits, des légumes ou des céréales. Dans ces aliments naturels, ils agissent en parallèle et en combinaison avec d’autres principes actifs des plantes. Ces produits restent définitivement des friandises qui plaisent au palais, mais sans grand intérêt nutritionnel.
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