29.9.2009, Carole Pirker, Valérie Legrand Germanier, Luc-Olivier Erard
Aujourd'hui en Suisse, un enfant sur cinq est en surpoids. Haro sur la malbouffe, l'industrie alimentaire et le manque d'exercice.
Les spécialistes sont unanimes. Le nombre d’enfants et d’adolescents en surpoids ne cesse d’augmenter. En Suisse, un enfant sur cinq présente une surcharge pondérale. Un sur vingt est obèse. Or le surpoids est souvent le premier pas vers l’obésité, en particulier chez les enfants.
Toutefois, l’expérience l’a montré, il est beaucoup plus facile d’instaurer des habitudes saines dès le plus jeune âge que de changer des habitudes néfastes par la suite. Il faut donc miser sur la promotion de la santé et la prévention. Comment prévenir les kilos en trop dès le plus jeune âge? Les enfants peuvent- ils manger sainement hors du domicile? Sont-ils encouragés à faire davantage d’exercice physique? Les distributeurs se soucient-ils de notre alimentation? Face à l’importance de l’enjeu, la prévention s’est mobilisée. En Suisse, la prise de conscience remonte aux années 1990. Les cantons et différents organismes de prévention mettent en place toute une série d’actions.
L’enjeu est de taille. Si l’effort n’est pas maintenu, beaucoup d’enfants risquent de souffrir de surpoids.
En tant qu’institution chargée de coordonner et de soutenir des programmes nationaux et cantonaux de promotion de la santé, Promotion Santé Suisse (PSS) est parmi les premières institutions nationales à mettre en évidence la gravité du problème du surpoids chez les jeunes et à reconnaître la nécessité d’un plan d’action au niveau national.
Dès 2001, la fondation soutient différents projets et lance dès 2007 une campagne de prévention de l’obésité et du surpoids spécialement destinée aux enfants. Tous les projets qu’elle promeut, en partenariat avec les cantons qui les mettent sur pied, poursuivent le même but. Montrer aux parents qu’ils peuvent contribuer à ce que leurs enfants aient un poids corporel sain dès le plus jeune âge.
« Notre rôle est de poser un cadre général comportant des critères à respecter. Les cantons peuvent ensuite s’appuyer sur ces directives, tout en choisissant leurs priorités en fonction des réalités du terrain », détaille Thomas Mattig, directeur de PSS. Actuellement, des programmes sont en vigueur dans 20 cantons, et, parmi eux, tous les cantons romands, à l’exception de Fribourg, qui lancera son propre programme en 2010.
Facettes d’une épidémie
Cinq pour cent des enfants suisses sont obèses. Un état qui peut avoir des conséquences graves: problèmes cardio- vasculaires, diabète, problèmes orthopédiques, troubles mentaux, baisse des performances scolaires, mauvaise estime de soi et mortalité prématurée plus importante.
Le Dr Jardena Puder, cheffe de clinique du Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme du CHUV, à Lausanne, explique que le surpoids est plus fréquent chez les enfants dont les parents connaissent eux aussi une surcharge pondérale. Les lipides (graisses) ingérés que le corps stocke se retrouvent dans le tissu adipeux. Il se compose de cellules adipocytaires dont le nombre augmente de la naissance à 15 ans environ, pour stagner ensuite tout au long de la vie d’adulte. Un enfant obèse « capitalisera » plus de cellules adipocytaires qu’un enfant mince, c’est pourquoi il est d’autant plus important d’agir dès l’enfance.
Le surpoids et l’obésité infantiles se calculent au moyen de l’indice de masse corporelle, qui établit un lien entre la taille et le poids. Pour les enfants, il est aussi fonction de l’âge et du sexe. Des calculateurs (voir ci-contre) permettent de connaître l’indice de masse corporelle de votre enfant.
Comment prévenir l’obésité
Prévenir l’obésité infantile consiste à maintenir ou, au besoin, à rétablir un mode de vie sain. Selon Jardena Puder, « retrouver un poids corporel sain permet à l’enfant de revenir à des indicateurs de santé proches de la normale, mais il faut rester attentif à ne pas mettre l’accent uniquement sur l’alimentation ou sur l’activité physique ». L’alimentation doit être équilibrée et bien répartie sur la journée: le repas du soir ne doit pas être le plus lourd, et les espaces entre les repas ou les collations doivent être réguliers afin d’éviter les fringales et le grignotage. Les portions doivent être adaptées: elles seront petites, mais bien présentées. Les enfants ne devraient boire que de l’eau.
Les repas sont une occasion privilégiée de partager un bon moment en famille, à table et sans télévision. Un enfant doit également pratiquer quotidiennement une activité physique: selon PSS, les adolescents devraient y consacrer soixante minutes par jour, et davantage pour les enfants de 6 à 10 ans. Cela implique de réduire le temps passé à pratiquer des activités passives telles que jeux vidéo ou télévision. Le jardinage et les trajets à l’école à vélo ou à pied sont inclus dans le temps d’activité. En l’absence d’une offre sportive quotidienne encadrée et généralisée à l’école, c’est aux parents d’encourager les enfants à pratiquer une activité.
Selon Jardena Puder, même si les parents ne sont pas sportifs, « il est important qu’ils encouragent et valorisent les activités de leurs enfants ».