7.7.2022, Yannis Papadaniel
Si la qualité de l’air a tendance à s’améliorer dans les pays du Nord, le problème des particules subsiste. Petit tour d’horizon et invitation à s’équiper d'un capteur à domicile.
La renommée de l’oxyde d’azote et du dioxyde d’azote (NOx) – polluants issus des moteurs diesels – s’est largement répandue lors du scandale VW. Ils contribuent à l’acidification des milieux naturels et affectent notre santé en pénétrant les voies respiratoires. Les moteurs trafiqués posent donc un problème et aux consommateurs victimes d’informations mensongères et en matière de santé publique.
En 2017, une recherche de l’Institut de technologie du Massachusetts a estimé qu’entre 2008 et 2015 les particules excédentaires, dissimulées par le logiciel de VW, avaient entraîné 1200 décès précoces en Europe pour 13 000 années de vie perdues et 1,9 milliard d’euros de frais de santé. Si les NOx représentent un danger, ils ne sont pas les seuls.
En 2001 déjà, des analyses menées dans huit grandes villes européennes concluaient que pour chaque augmentation de 10 microgrammes de particules fines par mètre cube (10 µg/m3), les consultations pour asthme aux urgences augmentent de 1%. Lors d’une pollution, la valeur moyenne quotidienne (20-30 µg/m3), peut être multipliée par cinq ou dix.
Profilage varié
Plus généralement, dans un rapport de 2019, l’Agence européenne pour l’environnement estimait que la pollution atmosphérique intervenait dans près de 307 000 décès. Une étude du Lancet confirme cette ampleur. Evoluer dans un air pollué a une incidence sur la mortalité et aggrave la charge de morbidité, soit l’impact qu’une pathologie a sur le cours d’une existence en provoquant des incapacités à mener la vie telle qu’on la souhaiterait. «Il n’existe aucune maladie spécifique due à la pollution atmosphérique, confirme Meltem Kutlar Joss de l »Institut Tropical et de Santé Publique Suisse (Swiss TPH), mais la pollution de l’air contribue au développement de diverses maladies chroniques et peut aggraver des maladies existantes.»
Les analyses ne démontrent pas systématiquement une corrélation directe entre la pollution urbaine moyenne mesurée dans les agglomérations et l’augmentation de certaines pathologies. Tout dépend du type de particules présentes dans l’air. Le profil et l’âge des individus entrent aussi dans l’équation. Ainsi, les enfants sont particulièrement exposés. Chez eux, les corrélations entre qualité de l’air et problème de santé ont été établies de façon plus robuste que pour les adultes. Pour ces derniers, la certitude partielle est liée à la difficulté de mener des recherches à long terme.
Chez soi, il n’est pas superflu de se doter d’un capteur à air.
Capteur en mode DIY
Enfin, le lieu de résidence est déterminant, selon que l’on vit à proximité de routes fréquentées ou pas. Chez soi, il n’est donc pas superflu de s’équiper d’un capteur à air pour connaître le taux et le type de particules fines auxquelles on est exposé. Le commerce en propose différents modèles pour des prix allant de 30 à près de 400 francs (le journal Le Monde en a testé un échantillon en 2020). De son côté, la FRC, en partenariat avec L’éprouvette, le Laboratoire Sciences et Société de l’Université de Lausanne et le FabLab de Renens, vous propose d’en fabriquer un vous-même, et d’approfondir vos connaissances en la matière en participant dès novembre prochain à un cycle dédié à la qualité de l’air.
Si le capteur fabriqué par vos soins ne vous indiquera pas la composition des particules, il vous permettra de les mesurer à l’aide d’un rayon (lire encadré). Ce capteur pourra ensuite être fixé sur le balcon ou le bord d’une fenêtre. Connecté à un site internet ouvert à tout le monde, il contribuera à cartographier la qualité de l’air à un échelon très local.