3.12.2024, Noémi Massard
La coopérative paysanne Faireswiss est née il y a cinq ans pour revendiquer du lait payé à 1 franc au producteur, prix qui lui permet de payer ses frais. Depuis, la coopérative a bien grandi: alors qu’elle comptait 14 producteurs au départ, elle est aujourd’hui forte de 77 coopérateurs, et 120 producteurs sont sur liste d’attente. Le combat est toujours d’actualité.
Avec des hauts…
Parmi les points forts de cette période: le développement de la gamme avec plusieurs laits, de la fondue, des crèmes à café; mais aussi la multiplication des points de vente – ils sont plus de 500 aujourd’hui, dont une grande majorité d’épiceries indépendantes, ainsi que Manor, Aligro, Aldi, Spar, etc. – et des partenariats avec des collectivités (Lausanne, Renens) et des institutions (CHUV) qui permettent aujourd’hui la vente de 1,7 million de litres de lait par an.
… et des bas
Et dans les épisodes plus difficiles: une entrée puis une sortie des étals de la Migros, le géant orange voulant imposer un label de plus à la coopérative; l’arrêt d’une gamme de fromages par manque de débouchés; et la montée stable mais trop lente des ventes qui ne permettent pas d’accueillir de nouveaux producteurs depuis 2023.
Un constat reste toujours valable aujourd’hui. De nombreuses exploitations sont contraintes d’arrêter leurs activités. Elles n’arrivent plus à rentrer dans leurs frais avec du lait qui leur est acheté entre 60 et 70 centimes le litre. Le prix équitable de 1 franc leur permettrait de s’en sortir. L’expérience d’Anne Chenevard, présidente de Faireswiss, parle d’elle-même. Lorsqu’elle a repris la ferme de ses parents, en bout de course, l’outil de travail était trop vieux et des rénovations nécessaires. Cinq ans plus tard, la plus-value du lait équitable lui a permis d’améliorer la qualité de vie de ses animaux, de son travail et de l’équilibre avec sa vie privée: «Sans ça, j’aurais arrêté la production laitière», affirme la productrice vaudoise.
Les velléités de Faireswiss aujourd’hui, c’est grandir! Pour cela, il va falloir passer par la grande distribution. Mais les détaillants se cachent derrière le client. «Si le consommateur n’a pas le choix, on ne sait pas ce qu’il veut. On veut que le consommateur ait le choix», explique Anne Chenevard. Et les soutiens sont nombreux, elle raconte qu’elle reçoit même des cartes de Noël pour la remercier.
L’objectif ultime? Que le lait passe à 1 franc pour tout le monde et que les producteurs n’aient plus besoin de se battre pour vivre de leur travail. «Tant qu’on n’améliore pas la viabilité économique des exploitations, on n’améliorera pas le niveau social et environnemental de l’agriculture.»