31.5.2022, Jean Busché / Raid: Shadow Legends est l'un des jeux analysés. Photo: DR
20 associations de défense des consommateurs de 18 pays lancent une action coordonnée pour exiger un encadrement des pratiques abusives de microtransactions dans les jeux vidéo.
Aujourd’hui, tout le monde ou presque joue. Le pendulaire joue sur son portable dans le train, les enfants sur une tablette au restaurant ou dans la voiture, le résident sur la Nintendo de l’EMS, l’adulte et l’adolescent sur leurs consoles ou leur PC. La Suisse ne fait pas figure d’exception.
Le jeu vidéo a généré 171 milliards de francs en 2021, ce qui en fait la plus grosse industrie de divertissement au monde. Le secteur est cependant encore considéré à tort comme un marché de niche par les autorités. L’image du geek persiste, avec l’idée qu’il n’y a pas besoin de régulation pour quelques individus isolés. La branche profite de ce manque de standards pour imposer des pratiques agressives, souvent trompeuses et parfois dangereuses pour les consommateurs. Il est temps de mettre fin aux abus à large échelle et de réguler un secteur où les milliards générés par les micropaiements le sont au détriment des joueuses et des joueurs.
Cette réalité a poussé les organisations de consommateurs à travers le monde à s’unir pour exiger une meilleure règlementation du secteur du jeu vidéo en s’attaquant à la problématique des loot boxes. Le Conseil norvégien des consommateurs (NCC) a publié aujourd’hui le rapport « INSERT COIN : How the gaming industry exploits consumers using loot boxes » (« Insérez une pièce: Comment l’industrie du jeu exploite les consommateurs via les loot boxes »).
Le rapport met en lumière le besoin de régulation et de standards dans une industrie en roue libre. Il montre la manière dont les éditeurs de jeux vidéo mobilisent des pratiques hautement problématiques pour augmenter leurs revenus. Les jeux manipulent ainsi les consommateurs pour leur faire dépenser des sommes considérables par le biais d’un marketing agressif, de l’exploitation de biais cognitifs, et de probabilités trompeuses.
La FRC, poursuivant son action sur le sujet, déposera par le biais de sa secrétaire générale Sophie Michaud Gigon une interpellation parlementaire demandant au Conseil fédéral de se prononcer sur la légalité des pratiques impliquées par les loot boxes tant sous l’angle de la concurrence déloyale qu’à la lumière des règles en matière de jeu d’argent.
De plus, le Conseil des états se prononcera le 9 juin sur la loi sur la protection des mineurs dans le secteur du film et du jeu vidéo. La Commission de la science de l’éducation et de la culture a enlevé toute référence aux micropaiements, rétropédalant face à la décision du Conseil national, ce qui est inquiétant.
La FRC souhaite donc une prise de conscience de la part du législateur: ces pratiques sont problématiques, trop peu encadrées et auront tendance à s’empirer. Les autorités et l’industrie doivent prendre leurs responsabilités pour garantir un environnement sûr et transparent aux joueuses et aux joueurs.