Rencontre donateurs
«Fada de la Fédé»
12 novembre 2024
Laurence Julliard
Journaliste
Une rencontre donateurs, à la FRC, c’est l’occasion de faire connaissance et de se rapprocher. Parfois, le rendez-vous est à Berne pour une visite en VIP du Parlement et de ses coulisses. Sophie Michaud Gigon, qui est à la fois à la tête de notre association et défend âprement la cause des consommateurs au Conseil national, accueille les donateurs en marge d’une session. Parfois, l’endroit est moins solennel, comme cette soirée d’octobre qui s’est déroulée dans le cadre chaleureux de la salle des Vignerons, au Tibits, à Lausanne (pour certains, la salle des XIII Cantons, au Buffet de la Gare!).
Des moments privilégiés pour échanger sur les préoccupations de la FRC et partager avec ceux qui nous soutiennent fidèlement les défis à venir. Ces moments marquent aussi notre reconnaissance. Car les dons et les legs sont le ciment de notre association. Les dons financent les tests et enquêtes, une source d’information crédible et incontestable que l’on nous envie. Ils permettent de dénoncer un état de fait, de fournir des preuves, de proposer des solutions qui améliorent durablement la qualité de vie. Les legs permettent de voir plus loin et d’envisager des combats au long cours; parce qu’il faut bien l’admettre, certains mettent parfois des années avant d’être gagnés. Dons et legs sont essentiels pour la FRC, qui a toujours défendu bec et ongles son indépendance, sa neutralité et refusé toute forme de publicité. Alors que la concurrence est rude, nous devons redoubler d’efforts pour trouver des financements. Toute forme de soutien est précieuse, même le bouche-à-oreille, qui favorise l’arrivée de nouveaux membres et donateurs.
La soirée du 14 octobre était placée sous le thème «De génération en génération». Trois femmes pour incarner trois moments clés de l’association: Yvette Jaggi, directrice de 1972 à 1979, pour le militantisme de rue et son «petit» J’achète mieux; Sophie Michaud Gigon, Secrétaire générale depuis 2017, pour les défis et combats actuels; Diane Golay, responsable depuis 2022 du mouvement des faiseurs que la FRC a propulsé récemment. Trois voix pour brosser 65 ans d’engagement et l’avenir.
Souvenirs, anecdotes, combats. Dans la Fédé d’avant ou la FRC d’aujourd’hui, on retrouve une certaine continuité dans l’histoire de l’association. Morceaux choisis.
Yvette Jaggi, Sophie Michaud Gigon, il y a un lien qui vous unit particulièrement? YJ: J’ai
dû renoncer à mon poste en 1979 pour embrasser une carrière politique (au législatif, dans les deux Chambres, puis à l’exécutif à la Municipalité de Lausanne, ndlr). Sophie n’a pas eu à choisir, les statuts de l’association ayant changé.
SMG: Oui, l’accès aux députés et à la machine fédérale s’en trouve facilité. Le travail n’est pas plus simple pour autant!
Yvette, racontez-nous l’esprit militant de l’époque… J’ai toujours dit que ce n’était pas tout d’avoir un revenu, il faut savoir en tirer parti et exercer son pouvoir d’achat. La donnée est colossale, puisque près de 55% du PIB est représenté par la consommation des ménages. À l’époque, les gens sont descendus dans la rue. Avec les grèves du beurre en 1967 et de la charcuterie en 1972, on a frôlé la guerre civile. Dans les deux cas, soit le Conseil fédéral soit l’industrie ont plié parce qu’ils ne pouvaient pas faire sans le consommateur.
SMG: J’aimerais bien qu’on puisse encore faire pareil! En 2024, la mobilisation prend d’autres formes. Sur le terrain, c’est le mouvement des faiseurs qui incarne le changement pour une consommation plus responsable, avec les Repair Cafés, les annuaires de Bonnes adresses. L’engagement est aussi politique; par exemple, pour revenir au pouvoir d’achat, la création d’un observatoire des marges.
«À la Fédé, on a vécu des temps extrêmement chaleureux. L’implication des membres a été une grande force. Celle des maris aussi !» Yvette Jaggi, Directrice de la FRC 1972-1979
Quelle était la place de J’achète mieux, le titre qui avait été choisi pour le journal en 1966? YJ: On disait le «petit journal». Dix ans après son lancement, un ménage sur dix y était abonné. Il servait à mettre à nu les injustices, à prouver les dires par des tests et des enquêtes, et finalement permettre aux Romands de suivre nos combats. L’alimentation, c’était bien joli, mais on a commencé à s’intéresser aux services de livraison. On s’est envoyé 2000 lettres pour évaluer l’acheminement du courrier. On a fait pareil avec les fleurs, c’était très chaleureux!
SMG: Maintenant, la vigilance porte aussi sur la numérisation de tous les services et la multiplication des pratiques déloyales qui prévalent en ligne. Tests et investigations restent dans notre ADN. Ils sont une de nos forces.
Et la force de l’époque, c’était laquelle? YJ: L’engagement des membres! En six ans, on a grimpé de 11 000 à 38 000. Ils étaient actifs, on n’avait pas de difficulté à trouver du monde. On sillonnait les routes avec nos
expositions itinérantes, on était proches des écoles et des coopératives d’habitation, on donnait même des cours chez certains distributeurs, à Jongny et Pratteln. Les femmes paysannes ont aussi beaucoup œuvré, ce sont elles les pionnières de l’association. Je retiens aussi une victoire: la Surveillance des prix, c’est à la FRC qu’on la doit. J’ai eu la chance de vivre cette votation. Je n’ai qu’un regret: ne pas avoir trouvé le slogan Le pouvoir d’agir!
SMG: Aujourd’hui, la concurrence est rude, et c’est la guerre de l’attention. On aimerait que tous les ménages romands soient membres et que les Alémaniques nous connaissent mieux. On doit trouver des fonds pour financer nos projets et les activités d’intérêt général.
Les femmes ont fortement incarné les débuts de la FRC. Où étaient les maris?
YJ: (Rires.) Ils étaient chauffeurs, monteurs de stands, ils s’occupaient de la garde des enfants. C’était formidable! Ils ont été du plus grand soutien, ils ont pris des risques, aussi. Le journal était un pari. Sa viabilité, on la doit en partie à un mari imprimeur!
Yvette, avez-vous un message à faire passer à la jeune génération? J’étais et je resterai fada de la Fédé! Je suis attentivement le travail qui s’accomplit maintenant, tant au niveau du terrain que de l’information et du politique. Ça me ravit, continuez!
AGIR
SOUTENEZ NOS ENQUÊTES. ON S'OCCUPE DU RESTE.
Preuves à l'appui, la FRC provoque des changements concrets. Faites un don.


Continuer ma lecture

Poker Menteur
Prouvé par la science: vraiment?

Cosmétiques
Choisir la meilleure crème solaire
