9/9/2024
L’industrie utilise les PFAS (alkyles perfluorés et polyfluorés), également surnommés «polluants éternels», depuis plusieurs décennies pour leurs propriétés déperlantes, antiadhésives, antisalissures et antigraisse, notamment. Ils n’étaient connus que de certains spécialistes et très peu du grand public jusqu’à récemment.
Pointés du doigt par de nombreuses études scientifiques pour leurs effets néfastes sur l’environnement et la santé, ils ont été mis en lumière dans les médias et sur les réseaux sociaux. Difficile aujourd’hui de passer à côté des PFAS. Il s’agit pourtant d’un sujet complexe. La FRC, préoccupée par cette problématique, a démarré une série de tests dans l’idée de mener des discussions avec les fabricants, puisque certaines substances sont évitables.
Les PFAS, c’est quoi?
C’est une famille de plusieurs milliers de composés chimiques de synthèse (on lit fréquemment qu’ils sont au minimum 12 000). Leur point commun est d’avoir des atomes de fluor et de carbone liés. L’industrie recourt massivement à ces substances en raison de leurs propriétés déperlantes, antiadhésives, antisalissures et antigraisse utiles à la fabrication de différents biens de consommation courante.
Pourquoi on les appelle polluants éternels?
Ils sont quasiment impossibles à éliminer en raison de leurs liaisons carbone-fluor très solides qui les rendent difficiles à détruire. Ces substances passent dans l’eau et dans l’air au travers de multiples objets et gestes du quotidien. Et comme elles sont extrêmement peu biodégradables, elles s’accumulent dans l’environnement et les organismes.
Dans quels biens courants trouve-t-on des PFAS?
En raison de leurs nombreuses propriétés intéressantes, l’industrie les utilise à large échelle, donc on trouve des PFAS dans de nombreux produits de la vie courante dont il est impossible de dresser une liste exhaustive: textiles imperméables et linge de maison, vêtements techniques de sport, cosmétiques, poêles et ustensiles de cuisine, certains emballages alimentaires, appareils technologiques, dispositifs médicaux, etc. L’eau potable – du robinet et en bouteille – et les denrées sont aussi concernées. La FRC a conduit trois tests en 2024. D’abord, les rideaux de douche (notre test, 2024), ensuite, les vêtements qui protègent de la pluie (notre test, 2024) ont montré des résultats négatifs. Dans ce cas-là, facteur aggravant, les modèles étiquetés «sans PFAS» en contiennent malgré tout. Le consommateur est donc trompé dans ses choix. Enfin, les papiers cuisson (notre test, publié tout début 2025) ont montré qu’il est possible de faire sans, alors qu’on s’attendait à en trouver!
Qui est exposé aux PFAS?
Tout le monde est concerné, car ils sont aussi présents dans l’environnement et dans l’air: nous les inhalons et les ingérons au quotidien. Le journal Le Monde a publié une carte évolutive de l’Europe très instructive qui montre l’étendue de la contamination sur la base d’une enquête collaborative internationale.
Quels risques représentent-ils pour la santé?
Les scientifiques ne connaissent pas le nombre exact de PFAS et en découvrent perpétuellement de nouveaux. Évaluer les risques pour la santé d’un seul composé nécessite de longues investigations. Étudier l’impact sur la santé de chacun prendrait des siècles… Pour l’heure, les scientifiques n’ont étudié que quelques PFAS (PFOS et PFOA en tête) parmi la dizaine de milliers existant. Ils s’accordent aujourd’hui sur le fait que certains sont responsables du développement de cancers, de maladies de la thyroïde, du rein et du foie, mais aussi de troubles hormonaux et peuvent engendrer des problèmes de développement du fœtus. Il y a de nombreuses incertitudes et leur évaluation toxicologique évolue au fil du temps.
Quelle est la situation en Suisse en termes de limitation/interdiction?
Les réglementations suisses sur l’interdiction ou la limitation de certains PFAS sont alignées avec les réglementations de l’Union européenne (UE). Malgré les alertes des scientifiques, ces règles ne vont pas assez loin et la Suisse est à la traîne. Un texte juridique définitif pour une restriction globale des PFAS dans l’UE ne sera probablement pas disponible avant 2025. Selon Martin Scheringer, expert en évaluation des dangers et des risques de divers produits chimiques, il faudrait «assainir les sites les plus pollués et interdire les PFAS dans le plus grand nombre d’utilisations possibles très rapidement».