3.7.2012, Valérie Muster et Nicolas Berlie / Andy Dean Photography / Shutterstock
Avec l’avènement des smartphones, on peut surfer sur internet ou consulter ses e-mails même en pleine jungle. Un luxe, mais aussi un piège.
Les forums sur le web regorgent de ce genre d’histoires: des personnes qui, de retour de vacances, découvrent une grosse facture d’internet alors même qu’elles pensaient avoir été vigilantes. Deux cas, notamment, sont parvenus récemment aux oreilles de la FRC. D’abord, ce cuisant record: au retour d’un mois de vacances en Thaïlande, une Genevoise découvre une facture faramineuse de… 14 000 francs! Incompréhension totale, puisqu’elle ne s’est connectée à internet que dans des cafés arrosés de wi-fi. Or, selon son opérateur, elle a téléchargé pour 1 giga-octet de données, soit un million de kilo-octets. Et, en Thaïlande, 20 kilo-octets de données (correspondant plus ou moins à un document Word) coûtent 30 centimes en roaming international. Faites le calcul…
Deuxième cas, moins spectaculaire mais peut-être plus exemplaire: après avoir passé une semaine dans sa résidence secondaire en France, un Vaudois a vu sa facture quasi tripler, passant de 50 à 140 francs. Dans le détail, le décompte montre une multitude de téléchargements de petites quantités de données, 30 ko en moyenne. A coups de 22 centimes par-ci, par-là, c’est quasi une centaine de francs qui s’ajoutent à l’ardoise finale… Pourtant, notre homme avait désactivé les données à l’étranger sur son iPhone, bloquant, en principe, tout transfert, et ne s’était connecté à internet que via un réseau wi-fi domestique. C’est la partie émergée de l’iceberg, car ces mésaventures sont légion. Parfois, le fin mot de l’histoire reste douteux, on ne peut exclure un bug et on en est réduit aux spéculations. Mais la plupart des problèmes proviennent d’une erreur de l’utilisateur et, son corollaire, d’un manque d’information à son intention.
Symptomatiquement, les conseils donnés par les opérateurs sur le data roaming, le transfert de données à l’étranger, sont assez lacunaires, notamment sur leurs sites. Ceux-ci semblent beaucoup plus intéressés à vendre leurs «formules voyages» qu’à donner quelques conseils de base aux utilisateurs. Pourtant, quelques précautions simples permettent d’éviter la plupart des mauvaises surprises.
Moindre risque: je désactive la 3G
Même si vous ne lancez pas votre navigateur ou ne contrôlez jamais vos e-mails, certains processus peuvent continuer à fonctionner en arrière-plan, liés par exemple à des applications. C’est pourquoi, pour aller à l’étranger, il faut désactiver les Données à l’étranger.
Sur iPhone: Réglages/Général/Réseau, désactiver Données à l’étranger; sur Android: Paramètres/Sans fil et réseaux/Réseaux mobiles/Itinérance.
Toutefois, on ne peut pas exclure que certains processus «contournent» ce blocage – les opérateurs n’infirment ni ne confirment cette thèse, déclarant seulement que leurs tests n’ont rien révélé. Il faut donc appliquer un principe de précaution: désactiver la 3G.
Sur iPhone: Réglages/Général/Réseau, et déplacer sur la gauche le curseur Activer la 3G; sur Android: Paramètres/Sans fil et réseau/Réseaux mobiles, et désactiver Autoriser connexions données.
Ainsi votre téléphone, plus très smart, ne pourra que passer ou recevoir des appels, et envoyer ou recevoir des SMS.
Cette manipulation devrait vous prémunir contre les mauvaises surprises. Mais il y a un fâcheux effet secondaire: à l’étranger comme en Suisse, il peut arriver que votre portable se connecte sur le réseau 3G pour transmettre un appel, si le réseau GSM ou 2G est encombré par exemple. Les antennes 3G peuvent ainsi servir de renfort à un réseau GSM déficient: c’est totalement transparent pour l’utilisateur, qui ne paie pas le changement de réseau. Mais, dans ce cas de figure, il ne pourra plus téléphoner s’il a désactivé la 3G…
Deux précautions valant mieux qu’une, pensez aussi à désactiver les Données cellulaires sur votre téléphone:
Sur iPhone: Réglages/Général/Réseaux/Données cellulaires.
Ainsi, tout trafic de données sera limité au wi-fi.
Et si j’ai besoin d’internet ?
Vous vous déplacez à l’étranger et vous avez besoin d’internet, par exemple pour consulter vos e-mails? Vous avez deux options:
- visez exclusivement les hot-spots wi-fi, en vous assurant que la 3G est désactivée sur votre téléphone. De cette façon, vous êtes certain que votre portable se connecte par wi-fi, et non par UMTS ou 3G;
- prenez aussi l’un des forfaits de data roaming que proposent les opérateurs. Méfiez-vous toutefois, ces forfaits sont chers, limités et généralement facturés à la journée. Veillez donc à concentrer votre utilisation sur une plage horaire et à consommer parcimonieusement, en évitant par exemple d’utiliser des applications lourdes, comme la vidéo, ou en différant les mises à jour. Enfin, ne téléchargez les pièces jointes de vos e-mails que lorsque c’est nécessaire.
Je contrôle ma consommation
On l’a vu avec le fâcheux épisode thaïlandais, les tarifs du data roaming peuvent atteindre des sommets. Certes, l’exemple est extrême, mais l’ardoise peut être salée, même en France voisine.
Comment alors contrôler votre consommation? Le problème, c’est que les opérateurs nationaux – Swisscom, Orange, Sunrise – reçoivent la facture avec un décalage de quelques jours, voire quelques semaines. Impossible donc de «monitorer» par leur biais votre consommation en temps réel. Mais vous
pouvez néanmoins le faire via un smartphone, en réinitialisant votre compteur de données avant de partir en voyage.
Sur iPhone: Général/Utilisation/Utilisation cellulaire/Réinitialiser les statistiques.
De cette façon, vous devriez vous apercevoir immédiatement du moindre transfert de données suspect.
Et en Suisse ?
Même en Suisse, le transfert de données peut réserver de mauvaises surprises. Pour preuve, la mésaventure survenue à une Vaudoise: n’utilisant pas internet, elle décide de renoncer à un forfait de données. Elle en informe son opérateur le 27 février, qui applique immédiatement le changement. Mauvais timing: le 28 février, au matin, survient une grosse mise à jour sur son téléphone. Résultat: une facture de 250 francs à payer.
L’enseignement à en tirer? Si vous possédez un smartphone, n’ergotez pas sur le forfait de données. Vous en passer vous exposera à des frais importants, même avec une utilisation prudente.
Autre conseil: en Suisse aussi, pensez à désactiver les Données à l’étranger. Car dans les zones frontalières, et notamment sur l’arc lémanique, votre mobile peut, sans crier gare, se connecter au réseau d’un opérateur français, doté d’antennes plus puissantes.