Article : Alimentation

Denrées à bas prix, qualité au rabais?

3.5.2022, Anne Onidi, Barbara Pfenniger et Lionel Cretegny

Contrairement aux idées reçues, les denrées les moins chères ne sont pas forcément plus mauvaises pour la santé; c’est même souvent l’inverse.



Peut-on se nourrir correctement en dépensant le moins possible? En Suisse, la question impacte plus d’un habitant sur douze vivant en dessous du seuil de pauvreté, selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique. Mais elle concerne aussi les personnes soucieuses de leur santé tout autant que des dépenses liées à leur alimentation. Notre comparatif de vingt sortes de produits met en lumière les idées fausses sur les denrées à bas prix. Dans la majorité des cas, une marque bon marché a des qualités nutritionnelles identiques, voire meilleures que les plus chères. Nos analyses montrent qu’en faisant le double choix de la santé et du prix, on peut économiser 43%. Prendre le temps de comparer plutôt que d’opter systématiquement pour des marques réputées permet donc de réaliser un gain important.

Sommaire

Quand la santé se combine à un prix avantageux
Quand la santé se paie au prix fort
Les 137 produits en un coup d’œil
Astuces à maîtriser



Quelle économie possible?

1. Quand la santé se combine à un prix avantageux

Pour quatorze familles sur les vingt analysées, les produits les moins chers sont équivalents, voire meilleurs d’un point de vue nutritionnel.

1.1 Aliments bruts ou peu transformés

Dans cette catégorie, les qualités nutritionnelles sont généralement semblables d’un produit à l’autre. Les différences de prix tiennent globalement à trois aspects. D’abord, leur conditionnement dans des emballages plus grands. Ensuite un calibrage moins strict, permettant d’écouler des produits de deuxième choix. Enfin, dans certains cas, la provenance de pays ayant des coûts d’exploitation plus faibles.

Farine | 64% d’économie
Aucune différence nutritionnelle entre la Prix Garantie de Coop, la M-Budget de Migros (90 ct./kg) et une référence de marque.

Pommes | 68% d’économie
Entre les Gala indigènes Prix Garantie, M-Budget, de chez Lidl ou Aldi (1 fr. 58/ kg) et le fruit de marque Pink Lady (4 fr. 93/kg), il n’y a aucune différence, si ce n’est la variété et le calibrage en deuxième choix.

Œufs | 55% d’économie
D’un point de vue nutritionnel, un œuf d’élevage en plein air M-Budget d’Espagne (22 ct.) est comparable à son équivalent indigène deux fois plus cher (50 ct.). Mais il est un peu plus petit et vient évidemment… de loin.

Riz parboiled | 82% d’économie
Vainqueur de ce grand comparatif, le riz M-Budget, originaire d’Italie (1 fr. 05/kg), propose des qualités nutritionnelles semblables au Ben’s Original 20 minutes dont le prix frise les sommets (5 fr. 70/kg). A noter encore que la célèbre marque, propriété du géant de l’agroalimentaire Mars, ne précise même pas l’origine de ses grains…

Salade mêlée en sachet | 62% d’économie
Aucune différence nutritionnelle entre les sept mélanges, mais des prix très élastiques (de 6 fr. 80 à 18 fr./kg). Et tous viennent au moins en partie de l’étranger. Le moins cher, le M-Budget, convient tout à fait, à condition de consommer vite de grandes quantités (500 g).

Lait entier UHT | 34% d’économie
Chez Coop, on constate une équivalence entre le Prix Garantie (1 fr. 03/l) et le Qualité & Prix (1 fr. 55/l).

 

1.2 Aliments transformés

Dans cette catégorie, un prix plus bas peut être le signe que des ingrédients industriels entrent dans la composition (additifs, arômes et tout ce qui ne se trouve pas dans une cuisine) ou alors que leur origine est lointaine. Mais parfois, il peut aussi ne rien révéler de tout cela! La preuve avec cinq produits.

Pain toast foncé | 66% d’économie
Des sept variétés comparées, celle d’Aldi (2 fr. 60/kg) a la composition la plus simple et contient le moins d’ingrédients industriels (un contre cinq pour le M-Classic American Toast). En comparaison avec le plus cher, le Qualité & Prix (7 fr. 60/kg), l’écart est sensible.

Fromage frais | 67% d’économie
Seul parmi tous les fromages frais examinés à ne contenir aucun ingrédient industriel et à venir de Suisse, le Prix Garantie est aussi l’un des moins chers. La référence Philadelphia a la plus mauvaise composition et le St Môret le prix le plus élevé.

Confiture de framboise | 63% d’économie
La Grandessa de chez Aldi ne se contente pas d’être l’une des moins chères, c’est aussi celle qui contient de loin le plus de fruits et le moins d’ingrédients industriels. La Bonne Maman est un autre bon produit, mais l’écart de prix est important.

Jus d’orange | 74% d’économie
Vendus en briques ou en bouteilles plus grandes, les jus d’orange à bas prix, dont le Rio d’Oro d’Aldi (79 ct./l), sont équivalents au Granini vendu presque quatre fois plus cher.

Feta | 48% d’économie
La vraie spécialité grecque, pas trop salée, Milbona de Lidl (10 fr. 95/kg), l’emporte très largement sur la fausse feta française de marque Salakis (21 fr. 25/kg).

1.3 Aliments très transformés

Généralement peu intéressants d’un point de vue nutritionnel, ces repas tout faits cumulent souvent un piètre Nutri-score et la présence d’ingrédients industriels en surnombre. Et les marques ne font pas exception.

Pizza au jambon | 79% d’économie
La moins chère, la M-Budget (3 fr. 77/kg), détient un Nutri-score B tandis que la plupart des autres références affichent un C. La pizza de marque Dr. Oetker, vendue plus de quatre fois et demie plus cher, contient 13 ingrédients industriels, contre 7 en moyenne pour les autres!

Épinards à la crème | 70% d’économie
Avantage aux Freshona de Lidl, contenant beaucoup plus d’épinards que les autres et moins d’ingrédients industriels. En plus, en comparaison avec les Findus, le gain est substantiel.

Ramequins au fromage | 29% d’économie
Tous les produits ont un Nutri-score D et sont fabriqués en Suisse. Mais du point de vue de leur composition, les Prix Garantie sont, à égalité avec Qualité & Prix, les meilleurs. Les
M-Classic, les plus chers, ne font pas le poids.

 



2. Quand la santé se paie au prix fort

Pour six familles sur les vingt analysées, l’avantage nutritionnel revient à des produits plus onéreux. Mais les grandes marques ne sont de loin pas toujours en tête.

2.1 Aliments transformés

Jambon | Avantage composition
Les sept jambons achetés sont, quel que soit le prix, riches en additifs de toutes sortes (conservateurs, stabilisants, antioxydants). Seul le Prestige nature de Del Maître (37 fr. 86/ kg contre 20 fr. en moyenne pour les autres) est exempt de phosphates, un stabilisant qui retient l’eau et permet de vendre… de l’eau au prix de la charcuterie.

Tomates en boîte | 20% d’économie
Seules les Longobardi de Migros (3 fr./kg) ne contiennent aucun additif.

Sirop de framboise | 70% d’économie
Le Qualité & Prix de Coop (2 fr. 93/l) contient le plus de fruits et le moins d’ingrédients industriels. Dans son produit, la marque Teisseire remplace une partie du sucre avec du sirop de glucose-fructose, un composant industriel moins onéreux. Il ne contient que 15% de framboise. Alors que le produit final coûte, lui, trois fois plus cher!

2.2 Aliments très transformés

Lasagnes bolognese surgelées | 40% d’économie
Les Buon Gusto de Migros (8 fr. 25/kg) sont les seules à bénéficier d’un Nutri-score A, suivies des Culinea de Lidl (4 fr. 98/kg), notées B. La marque Findus (13 fr. 75/kg) écope d’un C.

Flans au caramel | Avantage composition
Seuls ceux de Bonne Maman (12 fr. 25/kg) ont une recette relativement traditionnelle. Et dans la catégorie au goût plus chimique, les TamTam, deuxièmes plus chers (5 fr. 88/kg), ont la composition la «moins pire». En queue de classement, les Migros (M-Classic et M-Budget) recèlent tous deux 9 ingrédients industriels…

Pâte brisée pré-étalée | Avantage composition
Toutes celles de notre panel ont un Nutri-score D, mais la composition la plus simple revient à la pâte Leisi, la plus chère de toutes (13 fr. 48/kg). Elle est toutefois suivie de près par la pâte Good Choice d’Aldi (3 fr. 97/kg), financièrement nettement plus intéressante.

 



Les 137 produits en un coup d’œil

Tableau des 137 produits

Astuces à maîtriser

Depuis 2009, la FRC dispense avec un grand succès des cours et ateliers Bien manger à petit prix. Ces formations ouvertes au grand public donnent l’occasion d’apprendre à tenir un budget limité pour l’alimentation sans sacrifier sa santé pour autant. En voici quelques principes de base:

  • Ne pas gaspiller d’aliments! Cela semble une évidence, mais elle ne l’est absolument pas dans les faits, malheureusement. En moyenne, chaque personne jette en Suisse pour 600 francs de denrées à la poubelle. Certains produits à bas prix sont vendus dans de grands contenants. Les actions en multipacks sont également un moyen de faire des économies… à condition de tout consommer. Il ne sert à rien de les acheter si c’est pour en jeter la moitié ensuite. Vérifier les dates limites (dont certaines peuvent être dépassées sans danger) et stocker correctement les aliments permet de lutter contre le gaspillage de nourriture et d’argent.
  • Une alimentation saine et équilibrée est basée sur des produits non ou peu transformés: fruits et légumes, légumineuses, riz, pâtes, pain, fromage, etc. Pour comparer les produits de différents prix, favoriser ceux qui ont une liste d’ingrédients courte, si possible en contournant additifs et arômes.
  • Les produits transformés sont à consommer de manière plus occasionnelle. Dans cette catégorie on trouve les plats précuisinés, les charcuteries, les snacks, les friandises, les sauces, etc. Pour les choisir, préférer, à nouveau, ceux dont la liste d’ingrédients est la plus courte et qui contiennent le moins de sel ou de sucre. Attention aussi aux additifs: opter pour les produits sans colorants, exhausteurs de goût, phosphates, édulcorants ni arômes.

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Interpellation des grands distributeurs

 
Nous demandons aux distributeurs

  • cesser le marketing agressif sur les fraises, mais également sur d’autres denrées hors saison, que ce soit en rayon ou dans les différentes publications destinées à vos clients (catalogues, magazines, journaux, newsletter, etc.) ;
  • renoncer à disposer les fraises espagnoles aux endroits stratégiques de vos points de vente, à savoir en face de l’entrée, sur des ilots dédiés, ou en tête de gondoles ;
  • ne pas recourir à des mises en scène pour vendre la fraise hors saison (à savoir jusqu’en avril), en l’associant par exemple à de la crème et des tartelettes. Une demande valable aussi pour d’autres denrées, comme les asperges du Pérou associées à de la mayonnaise, viande séchée ou autre ;
  • indiquer clairement, de manière bien visible et transparente le pays de provenance ainsi que les noms des producteurs de fraises importées, que ce soit sur les affichettes qui accompagnent ces fruits en rayon, dans les publicités ou sur le dessus des barquettes ;
  • ne plus utiliser de formulations qui peuvent induire en erreur le consommateur sur la saison de la fraise en Suisse. Une demande valable pour la mise en rayon, ainsi que toute publication ;
  • être en mesure de prouver toute allégation de durabilité concernant l’assortiment.

Les dates de la tournée romande #Ramènetafraise

29.05.21Marché de Boudry (NE)
01.06.21Marché de Neuchâtel (NE)
02.06.21Marché de La Chaux-de-Fonds (NE)
04.06.21Marché de Fleurier (NE)
05.06.21Gare de Lausanne (VD)
12.06.21Gare de Genève (GE)
08.06.21Place fédérale (BE)
12.06.21Marché de Delémont (JU)
15.06.21Gare de Delémont (JU)
19.06.21Marché de Fribourg (FR)
27.09.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
09.09.21Semaine du goût Sion (VS)
25.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
05.10.21Les Jardins du Flon, à Lausanne (VD)
16.10.21Epicerie fine Côté Potager, à Vevey (VD)