15.12.2020, Aude Haenni / Se faire une beauté en toute décontraction chez soi ? Un cadeau à s’offrir. Photo: Aude Haenni
Plutôt que d’avoir pignon sur rue avec un salon en ville, certains font le pari de prendre la clé des champs. Rencontre.
INSPIRANT
Certaines expériences méritent qu’on s’y attarde. FRC Mieux choisir raconte ces autres manières de consommer.
C’est les cheveux lâchés et mouillés que Manon accueille Maude Cassi sur le pas de la porte. Nul rapport avec la pluie qui bat son plein ni une étourderie de début de matinée d’automne: cette maman s’offre le luxe à prix modeste de se faire couper les cheveux dans sa salle à manger. «Lorsque mon mari n’est pas là, c’est bien pratique avec le petit que je n’ai pas besoin de faire garder.» Imbattable raison. Ainsi, une coupe au carré, quelque peu dégradée, est au programme du jour.
Dans son sac à dos, celle qui a créé Le salon voyageur possède tout le matériel nécessaire au bon déroulé de la séance. Des mèches auraient pu être réalisées, tout comme un brushing. «Tout est possible!» indique la professionnelle. Même si une couleur lui demande de patienter 30 minutes, sans rien faire en parallèle, au contraire d’une activité en entreprise. Quant aux permanentes, «je les propose, mais les évite car elles demandent des rinçages à plusieurs reprises et rapidement. Loin d’un évier, c’est compliqué.» La coiffeuse à domicile essaie toujours de réaliser un diagnostic par téléphone en amont, afin d’éviter les déconvenues. Avec Manon, la tâche semble aisée… pour autant que l’on fasse abstraction d’un petit garçon ne pouvant s’empêcher de s’approcher curieusement de l’attraction du jour! «Habituellement, c’est un moment pour soi, où l’on profite de voir du monde. Pas à la maison, sourit la maman. Mais le résultat reste le même. Et j’en suis toujours contente.»
L’occasion d’une relation privilégiée
Des scènes cocasses, Le salon voyageur en a vécu en trois ans d’existence. Et, au fil du temps, a su s’adapter à toutes les situations. «La première fois, il me manquait la rallonge!» rigole la coiffeuse, tout en tirant la prise du sèche-cheveux. Aussi, ce service encore marginal en Suisse romande ne peut que tendre vers le mieux. Maude en est certaine. «Lorsque j’ai fini mon apprentissage, je me suis dit que si je ne trouvais rien, je me lancerais dans la coiffure à domicile. Après un an chez un employeur traditionnel, je suis revenue à cette idée, raconte-t-elle. Les gains sont peu élevés lorsque l’on n’est pas à son compte. Et il est difficile d’ouvrir son propre salon avec tous ceux qui sont déjà présents…» Sans clientèle établie, sans revenu, la jeune femme d’une vingtaine d’années vivant chez ses parents a donc trouvé la parade. «Lorsque j’aurai mon chez-moi, je proposerai aussi un espace coiffure; les gens auront le choix.» D’ici là, à côté d’un 40% alimentaire, l’indépendante itinérante égaie les visages et les journées des personnes âgées. Des plus jeunes aussi, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer. «J’ai quelques hommes qui n’ont pas forcément envie de se déplacer et qui sont ravis de ne décoller de leur ordinateur qu’une demi-heure.»
Si la prestation peut parfois être expédiée en moins d’une heure, Maude avoue surtout apprécier de prendre le temps. «J’aime apprendre à connaître la personne et vivre le moment à 100%. En salon, on n’a pas cette chance, on enchaîne. Et c’est ce qui fait la différence.» Délestée de ces quelques mèches qui traînent au sol, Manon acquiesce. Seul hic: «Maintenant, c’est à moi de faire le ménage!»
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