4.6.2013, Propos recueillis par Florence Bettschart
Le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) vient de tirer un bilan «globalement positif» du Cassis de Dijon. La FRC ne partage pas cet avis.
3 questions à Aline Clerc, responsable agriculture et alimentation de la FRC.
Près de trois ans après l’entrée en vigueur du Cassis de Dijon, quelle analyse la FRC fait-elle de son application?
Un bilan globalement décevant: le Seco n’a pas pu démontrer les 2 millions d’économies promises. Dans les domaines non alimentaires comme les cosmétiques, on ne sait pas quels produits sont importés. Sur 1000 questionnaires envoyés aux entreprises, le Seco n’a reçu que 14 réponses! Le domaine alimentaire est mieux connu, car l’Office fédéral de la Santé publique (OFSP) délivre des autorisations. Comme point positif, on notera l’élargissement de l’offre, avec des produits différents, sans être de qualité moindre, comme du fromage à tartiner ou des bières belges. Mais la grande majorité des produits autorisés sont de qualité inférieure. Dans le cas de la teneur en jus de fruits des sirops – 10% au lieu de 30% –, le pourcentage figure dans la liste d’ingrédients. Les différences non visibles sur l’étiquette nous inquiètent plus, comme le jambon qui contient plus d’eau. On est face à un risque de lente érosion de la qualité, et sans baisse de prix en contrepartie.
La FRC soutient-elle l’initiative Bourgeois qui demande de retirer les denrées du Cassis de Dijon?
Cette initiative est l’occasion de corriger deux principaux défauts. D’une part, les autorisations accordées par l’OFSP ne peuvent pas être contestées, notamment par les associations de consommateurs. D’autre part, contrairement à ce qui se passe dans l’Union européenne, les producteurs helvétiques sont autorisés à utiliser les normes étrangères en Suisse. Ce point est pernicieux, car cela conduit au démantèlement des normes indigènes.
Par exemple?
En Suisse, les boissons énergisantes doivent porter une mention qui indique qu’il ne faut pas les mélanger à de l’alcool. Etant donné qu’une autorisation a été accordée pour importer des boissons qui n’en sont pas munies, l’OFSP vient de proposer de supprimer cette mise en garde. Le principe du Cassis de Dijon conduit ainsi à une modification des bases légales définissant la qualité des produits.