23.5.2016, Joy Demeulemeester / shutterstock.com
La perspective d’une assurance de base hors de prix et couvrant de moins en moins de prestations est excellente pour la vente d’assurances complémentaires. Couler la LAMal, un agenda caché? L'avis de la spécialiste santé de la FRC.
L’automne amènera-t-il une hausse des primes d’assurance-maladie de près de 7 à 8%, comme l’a calculé la SonntagsZeitung en se basant sur la hausse des coûts de la santé au premier trimestre 2016? De façon très cynique, on peut se demander si l’augmentation est la vraie question: il est étonnamment dans l’intérêt des compagnies d’assurances de nous présenter des bilans comptables justifiant une hausse qui, un jour, sera insoutenable pour la majorité des assurés.
Car ne pas pouvoir payer sa prime signifie devoir opter pour un modèle alternatif, certes moins cher, mais aussi toujours plus contraignant. Un modèle où l’assureur se donne de plus en plus la liberté de choisir votre médecin, votre pharmacie, vos médicaments et de prendre en main la gestion de vos traitements.
Des primes impayables, c’est aussi un excellent argument pour justifier une coupe dans les prestations, gonflant ainsi le catalogue des assurances complémentaires.
Des complémentaires nécessaires mais hors de portée
Avec une couverture de base médiocre, il deviendrait presque indispensable de conclure des assurances complémentaires. Il ne serait plus possible à l’ensemble de la population de se soigner parce qu’il faudrait pouvoir payer les primes de ces ajouts privés dont les prix s’élèvent avec l’âge. Rappelons aussi que les assureurs sont libres d’accepter ou non les clients. Le système basculerait alors dans un service qui ne se prête qu’aux personnes aisées et en bonne santé.
Couler l’assurance de base est donc à terme une option lucrative pour le marché des complémentaires.
Pour défendre la couverture de base, mettre en place des réformes propres à maitriser les coûts et garantir l’accès universel à un système de soins de qualité, il est indispensable de garder la mainmise sur une assurance résolument sociale et son système de soins. La FRC poursuit son combat dans ce but. Elle a mis en consultation une proposition d’organisation de l’assurance de base par région permettant de mutualiser les primes et donc les risques tout en poursuivant la collaboration avec les caisses traditionnelles – en leur confiant l’exécution et non plus le contrôle.